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Accueil du site > Actualités > Economie > Emprunt/dotation de l’UE : l’Allemagne toujours et encore (...)

Emprunt/dotation de l’UE : l’Allemagne toujours et encore gagnante !

Le revirement de MERKEL sur la souscription du futur emprunt mutualisé européen, résulte du meilleur choix pour la puissance de l'économie allemande, pour la domination économique sur l'UE tout en prônant -enfin et apparemment- des valeurs de solidarité. La construction européenne ne peut et ne doit se faire que dans un "pangermanisme européen" depuis que les alliances de circonstance avec la Grande Bretagne sont exclues du jeu de domination. L'Allemagne continuera de plus belle à se faire financer par les Européens, admiratifs et soumis, toujours bêlant des remerciements et des louanges. Même pour sa démographie, l'Allemagne a su transformer une sous-natalité endémique et mortelle à terme, non seulement en une compassion unanime des "élites" européennes et surtout françaises, mais surtout en un avantage économique énorme financé par ses partenaires européens.

Le comportement de Merkel, après le coup de force du tribunal de Karlsruhe contre la BCE, s'élevant contre le non-respect des règles édictées dans les traités constitutionnels de l'UE et de sa Banque Centrale, a surpris le microcosme européen, resté sans voix contre une évidence : les traités européens sont d'abord massivement piétinés par les pays et gouvernements européens et par la meute des eurocrates, Commissaires en tête  ; l'évolution salvatrice imposée par Draghi dans son domaine de compétence à la tête de la BCE, aurait dû être suivie par les grands Commissaires chargés de faire respecter la libre concurrence "non faussée" au sein de l'Union, en mettant en oeuvre les recommandations constitutionnelles (dès l'article 1) des nécessaires harmonisations des réglementations sociales et fiscales fixées librement par chaque Nation, au mieux de ses propres intérêts pour créer ou maintenir des avantages concurrentiels. Aucune Autorité ou organisation allemande n'a saisi la cour de Karlsruhe pour obliger la Commission européenne et le Conseil Européen à mettre en pratique les règles constitutionnelles de l'UE, et pour mandater son Gouvernement allemand à prendre toutes les décisions coercitives vis-à-vis de Bruxelles et des pays de l'UE.

Il est utile de rappeler que le QE imposé par Draghi depuis 2015 (environ 2600 Md€ de liquidités) au profit des banques européennes (de l'eurogroupe ?) jusqu'en 2019 et poursuivi par Chistine Lagarde avec des clauses financières plus souples pour 750 à 1350 Md€ et plus si nécessaire, ne sont absolument pas des financements directs des dettes (ou emprunts) des pays européens, à taux nul et avec des durées ou échéances élastiques 'in eternum". La BCE rachète des emprunts sur le marché secondaire, de court terme (initialement échéance à moins de 3 ans, augmentée au cours des années) de bonne facture (donc bien notés, et dont les emprunts grecs étaient naturellement exclus, la Troïka ayant concocté une mise sous tutelle de la Grèce contre l'abandon d'environ 100 Md€ de dettes (constituées d'accumulations des intérêts (10 à 15% l'an) imposés par ses spéculateurs voraces et cupides) et la prise en garantie des dettes restantes remaniées par les procédures de la Troïka). Si les remboursements des emprunts consentis à la Grèce par la Troïka, à un taux de l'ordre de 5%, étaient suivis du remboursement des intérêts versés par la Grèce, -après le respect de chaque échéance finale-, par contre, les emprunts rachetés par la BCE dans le cadre du QE, dont les intérêts et le capital devaient être réglés aux échéances, ne donnent pas lieu au versement d'une ristourne sur les intérêts : donc aucun avantage direct pour les pays émetteurs des emprunts rachetés (ils paient la totalité des intérêts affectés à chaque emprunt), la BCE se faisant rembourser le capital tout en empochant quelques intérêts et par contre remettant dans le pot destiné au QE, les remboursements (capital seul ou capital plus intérêts ?) ainsi perçus. Donc une partie des 2600 Md€ sont constitués par des remboursements des premières tranches.

Les avantages du QE massif ont amélioré les ratios de solvabilité et de résistance aux "crash tests" pour les banques, ces dernières disposant de fonds importants pour financer des reprises d'activités (à peine 15% utilisés par les entreprises), pour financer des opérations spéculatives très rémunératrices, -hors explosions de "bulles"- et surtout pour financer ou souscrire aux nouveaux emprunts émis par les états dans le cadre des remboursements arrivant à échéance (auprès des banques et auprès de la BCE) et pour couvrir de nouveaux déficits budgétaires. Et avec la pandémie actuelle, les déficits budgétaires vont exploser et la manne du QE reçue par les banques sera indispensable.

 

Et l'ALLEMAGNE ? Que récolte-t-elle dans les "élucubrations" financières ?

Notre voisine, dominatrice et sure d'elle-même, de ses potentialités, de ses énormes excédents commerciaux (250 Md€/an, soit 8% de son PIB), reste majoritairement peuplée d'Allemands qui "n'ont pas envie de payer" pour les fainéants des pays club med ! La réalité des situations est tout autre, quand bien même nos démographes et nos grands inspecteurs des finances -que le monde entier nous envie !- bêlent unanimement des slogans "logiques" et en tirent des conclusions fausses nous plaçant en infériorité et soumission.

L'Allemagne bénéficie au niveau de ses comptes publics (dépenses d'état et de collectivités territoriales, dépenses sociales de santé, de retraites, de diverses allocations..) d'avantages considérables qui s'amplifient mutuellement !

Dans le fonctionnement d'un pays les dépenses publiques (dans leur globalité) sont issues du partage de la production globale disponible de ce pays :

- une grande part va à la consommation des producteurs, dont celle de leurs salariés,

- des parts vont à la rémunération du capital et aux investissements des producteurs,

- des parts de solidarité sociale vont à la couverture générale et globale des dépenses de santé,

- des parts importantes de solidarité sociale vont aux versements de pensions de retraite, aux allocations de dépendance d'invalidité, d'handicaps, et de chômage,

- une part importante et non contestée va aux dépenses d'éducation et "d'élevage" des jeunes dès leur conception jusqu'à leur formation professionnelle et leur insertion dans le monde du travail,

- une part très importante est affectée aux dépenses publiques (police, justice, défense nationale, administrations générales).

- et dans certains cas, un surplus de production non consommée sur le territoire national, est vendue à l'étranger pour alimenter les excédents commerciaux d'une part, et constitue, d'autre part, une épargne au bénéfice global de l'économie du pays producteur. Hors la TVA, taxe sur les consommations internes au pays, tous les prélèvements publics (sociaux, taxes et impôts, cotisations diverses...) sur des produits exportés et consommés par les clients de l'étranger, sont gardés dans les caisses du pays producteur-exportateur. En conséquence les pays acheteurs ne partagent donc pas cet apport de richesses à "consommer" entre les besoins publics et sociaux et les consommateurs directs ! Par exemple, hors la TVA, en France la part de prélèvements publics et sociaux sur l'achat d'une voiture est de l'ordre de 40% si la voiture est fabriquée en France et de quelques % (correspondant aux prélèvements sur les activités de vente) si la voiture est fabriquée en Allemagne, avec les prélèvements de base (de l'ordre de 30 à 35%) récupérés par les finances publiques allemandes. Le raisonnement ne s'applique que dans les cas de déséquilibres des échanges de biens et de services, ce qui est le cas dans les relations commerciales de l'Allemagne avec les pays de l'UE et de l'Eurogroupe : l'excédent commercial allemand envers l'UE en 2017, dépasse largement la centaine de Md€, ce qui signifie un surplus de recettes publiques fiscales et sociales d'environ 35/40 Md€ pour l'Allemagne financé par les pays acheteurs de l'UE en déficit commercial, qui sont alors pénalisés d'autant dans leurs budgets sociaux et fiscaux publics. Ce jeu malsain de déséquilibres maintenus s'étend sur plusieurs années, avec un énorme cumul des transferts des pays clients de l'UE au profit de l'Allemagne. Ces manques de recettes obligent les pays déficitaires à augmenter leurs prélèvements obligatoires (d'où pertes de compétivité) et permet à l'Allemagne de baisser les siens et ainsi d'améliorer encore sa compétivité ! Ainsi sur les 5 années 2015/2020, les pays de l'UE ont alimentés les diverses caisses publiques de l'Allemagne d'environ 200 Md€, et ont donc creusé un "trou" (un déficit) dans leurs finances publiques et sociales !

 

Ventilation du PIB selon les "consommations"

Pour effectuer des comparaisons "vraisemblables" les économistes et financiers comparent les parts du PIB (richesse nationale) affectées aux grands postes :

- part de BIP consacrée aux dépenses de santé (sécurité sociale, mutuelles et paiements directs), exemple en 2016

 + USA 17,3% du PIB  ; Allemagne 11,3 % du PIB  ; France 11,0 % du PIB  : moyenne OCDE 9% du PIB

- part de PIB affectée aux dépenses des systèmes publics de retraite, exemple en 2017 :

 + USA 7,1 %  ; Allemagne 10,1 % du PIB  ; France 13,9 % du PIB 

 + dans ces comparaisons, la part "privée" financée hors prélèvements "sociaux", telle que les fonds de pension comptes épargne (actions et obligations), placements et achats immobiliers... n'est pas prise en compte  !         Elle peut être très importante selon les pays et modifier les comparaisons !

- parts de PIB consacrées à la défense nationale, au logement, aux équipements publics de transports, à l sécurité (police et justice), aux administrations centrales et régionales.... Ces parts évoluent fortement selon les pays, surtout pour la défense nationale.

- part du PIB affectée à la jeunesse (éducation, santé, formation professionnelle, aides diverses aux parents (dont les effets du quotient familial), nourriture, transports...loisirs). Cette part dépend du pourcentage de jeunes dans la population (selon les taux de fécondité, de naissances et le taux de décès) et de la prise en charges par les différentes collectivités territoriales et nationales : certains pays comme les USA ne financent pas les études et formations supérieures, les étudiants devant souscrire de lourds emprunts si les ressources financières des parents sont insuffisantes (le montant total des encours des emprunts des jeunes pour leurs études dépassent les 1000 Md$ ! ). Heureusement un grand système de bourses corrige en partie cette situation inégalitaire, mais reste insuffisant aux USA. Pour revenir à l'Allemagne et à la France, le coût pour les finances publiques (éducation, santé, formation, allocations, subventions, allègements d'impôts etc... est de l'ordre de 200 000 à 250 000€ par jeune (selon le niveau de la formation) arrivant sur le marché du travail ! Lorsque le jeune adulte élevé et formé dans son pays d'origine immigre en Allemagne pour occuper un emploi en remplacement d'un départ en retraite d'un travailleur allemand ou pour un emploi nouveau, les finances publiques fédérales, des landers et des collectivités territoriales n'ont pas eu à payer les coûts "d'élevage" et de formation, d'où des économies, alors que les pays d'origines paient sur leurs budgets les coûts. Suite à la chute de natalité à partir de 1972, l'Allemagne a perdu 5 millions de naissances (par rapport aux décès) et sa population a cependant augmenté ! Le total des immigrés nés et formés à l'étranger est de l'ordre de 9 millions, plus environ un million de réfugiés (en 2015/16). Les descendants d'immigrés souvent nés en Allemagne d'un ou deux parents immigrés sont aussi de l'ordre de 8 à 9 millions. Nota : les Allemands de l'Est ont été réintégrés dans les statistiques en Allemands " de souche" dans la grande Allemagne fédérale, comme si la séparation/division n'avait pas eu lieu. Le total des économies ainsi réalisées -selon les coûts de l'Allemagne- est de l'ordre de 2000 Md€. Pour les pays fournisseurs des immigrés, élevés et formés dans leur pays d'origine, les coûts réels sont plus faibles, car ils sont liés aux coûts de la vie et des salaires dans ces pays, mais ils s'expriment cependant en plusieurs centaines de Md€ !

Comme exemple inverse, la France a toujours été en excès de naissances sur les décès, ce qui entraîne un surcoût -par rapport à l'équilibre- d'environ 40 Md€/an, pour un surnombre de 200 000 jeunes -arrivant chaque année sur le marché du travail- à élever et à former pour un coût annuel moyen de plus de 40 Md€, et ceci dure depuis des nombreuses décennies ! Alors qu'en opposition l'Allemagne économisait (par rapport à l'équilibre naissance/décès) une somme du même ordre chaque année (de 40 à 60 Md€) !

 

Ventilation du PIB selon les catégories de personnes

Souvent pour estimer la redistribution des richesses au niveau national on introduit le ratio ACTIFS / INACTIFS, les actifs assurant la "production" de richesses nationales à partager avec les inactifs : souvent la part affectée aux inactifs se présente sous la forme de prélèvements publics sociaux et fiscaux, (avec une part cependant rétrocédée aux actifs comme dans la branche maladie de la Sécurité Sociale). Ce ratio est utilisé pour les prévisions sur le financement des retraites : il permet de justifier des augmentations des cotisations de retraites et le repoussement de l'âge de départ à la retraite afin de diminuer le nombre des retraités allocataires. Dans le cas de raisonnements subtils ou pervers, on ("ils") justifie aussi, pour des raisons de compétivité ou de justice sociale et fiscale, l'incitation à se constituer une épargne personnelle (comptes épargne, actions, obligations, fonds de pension, achat immobilier...) en vue de compléter les ressources de sa propre retraite. Mais il n'en reste pas moins que c'est une part de la production des richesses par les actifs pendant les années de retraite, qui financera effectivement la part des ressources attribuées aux retraités (cotisations, loyers, dividendes, fonds de solidarité) : en cas d'éclatements de bulles spéculatives ou crises sanitaires comme la pandémie actuelle, une partie des économies personnelles peut partir en fumée !

Les ratios actifs/inactifs sont entachés d'une erreur "systémique fondamentale" capable d'entraîner de graves erreurs de déductions. En effet, les jeunes sont des inactifs au même titre que les retraités et pour leur subsistance, pour leur santé, pour leur éducation, pour leur formation professionnelle, pour leurs loisirs... une grande part de la richesse nationale produite (évaluée par le PIB) leur est affectée. Cette part dépend principalement de la proportion de jeunes dans la société nationale ou dans le pays à autonomie de gestion, cette part devant se cumuler avec celle attribuée aux retraités dans la part consacrée aux inactifs. Lorsque l'on considère la totalité des inactifs (jeunes et vieux) alors les ratios actifs/inactifs de la France et de l'Allemagne deviennent comparables, mais l'Allemagne grâce à sa sous-natalité (et à l'immigration compensatoire) peut consacrer plus de ressources à ses retraités en nombre croissant du fait du départ en retraite du grand "baby-boom" des années 1958/1970.

Ainsi deux pays ayant le même pourcentage d'actifs par rapport à l'ensemble des inactifs (les jeunes et les vieux), sont, pendant des années, voir quelques décennies, dans des situations de gestion publique comparables  ! Pour les pays en sous-natalité de remplacement, à terme, il n'y aura "théoriquement et naturellement" pas assez de jeunes arrivant sur la marché du travail pour remplacer les vieux partant à la retraite, on considère, pour se rassurer que "l'inactivité" des jeunes à la charge de la nation, est un "investissement d'avenir" et ne doit pas être considérée comme une charge comparable à celle des retraites. Cependant, à la fin de la retraite de chacun, les "chers" disparus laissent à la postérité (les héritiers et les taxes publiques) le solde important de leurs "investissements personnels" sous la forme de fortunes, d'héritages : les retraités inactifs restituent lors de leur disparition une grande part de richesse nationale ! Dans la comptabilité nationale ces transferts "libérés" sont en cumul sur une génération de l'ordre de la dette nationale publique !

En ce qui concerne l'Allemagne, si les "boomers", actifs issus du baby-boom de 1950/1970, partent en très grand nombre en retraite (dans les 2 prochaines décennies), donc avec des besoins accrus de financement, par contre, l'insuffisance chronique du nombre de jeunes allemands (avec moins de prélèvements sur les budgets publics) est ou sera compensée par de l'immigration de travail (environ 350 000/an) et aussi par les retombées positives de la vague de réfugiés (environ un million en 2015/2016 ) : déjà fin 2017, 150 000 réfugiés avaient trouvé un travail, et les programmes d'apprentissage de l'allemand ont dû, depuis, porter cette part vers 400 à 500 000. Les gains pour l'économie de l'Allemagne, pour son PIB, dépassent déjà largement les coûts sociaux d'intégration à la société allemande.

 

Les conséquences économiques et financières induites par la pandémie du COVID-19

Cette pandémie induit des dépenses directes de soins et d'équipements de protection qui creusent les déficits de la branche maladie de la Sécu ! Ces dépenses sont majorées par des dépenses indirectes :

- salaires "de chômage partiel" versés directement et les diverses charges sociales de santé et de retraites y afférentes comptabilisées dans le gonflement des "trous" (ou déficits). Par exemple, en France, les dépenses d'assurance maladie de la sécu devaient enfin atteindre l'équilibre du fait de la réduction du nombre de chômeurs et de l'augmentation du nombre de cotisants : ce bel espoir se transforme en un grand trou du fait de la forte réduction des cotisations, les allocations de chômage partiel étant exonérées de charges sociales (hors CSG et RDS (6,7%) payées par les employeurs). Le nombre de salariés en chômage partiel atteint les 10 millions soit 50% des salariés du privé, (les fonctionnaires conservant intégralement leurs salaires) ;

- réduction de la production de biens et de services, d'où un accroissement des importations (facteur de déséquilibre des comptes de la nation), et de baisse de part de marchés sur les marchés d'exportation ;

- soutien financier aux industriels et commerçants obligés d'arrêter leurs activités, par des subventions et des prêts garantis par l'État ;

- réduction de la consommation des ménages (et des entreprises) soit pour compenser la baisse de revenus, soit -pour les indemnisés- par la difficulté de consommer pendant la période de confinement et de son assouplissement. Ces "économies", cette épargne voulue ou forcèe, forment un matelas de l'ordre d'une soixantaine de Md€, dont on ignore quelle sera la part consacrée à des dépenses de rattrapage, avec encore une augmentation de la part des importations (de Chine et Allemagne) car la production de l'entreprise France se remet trop doucement en ordre de marche. L'Allemagne, mieux préparée et mieux organisée, ne bénéficiant pas de notre Administration française -"que le monde entier nous envie"- a maintenu une plus grande part d'activités économiques, industrielles et commerciales. Ainsi elle repartira en forte avance devant ses concurrents de France, (plus Italie et Espagne), et augmentera encore ses parts de marché en UE, reléguant ses partenaires du "SUD" en seconde division !

 

Les plans de soutien et de relance nationaux

L'Allemagne, en très bonne santé budgétaire, souffrait, depuis des décennies, d'une dégradation de ses infrastructures (l'un est la conséquence de l'autre). Alors devant la baisse prévisible de ses activités industrielles d'exportation et aussi de sa consommation intérieure, les deux entraînant une élévation importante du chômage et une réduction des cotisations sociales de retraite, le Gouvernement Allemand a lancé un vaste plan d'investissements publics de 750 Md€ (pouvant être porté à 1000 Md€), auquel s'ajoutent des financements de soutien aux entreprises de 130 Md€. En comparaison le niveau français des engagements est de l'ordre de 200 Md€ : Nous, on ne peut pas trop demander aux aux marchés financiers, contrairement à l'Allemagne qui emprunte avec des taux négatifs !!!

Si au niveau de la "Communication et de l'Autopromotion" nos élites gouvernementales soutiennent la comparaison, il n'en sera pas de même au niveau des réalisations et de la remise en ordre de marche adaptées à l'économie moderne. Après, depuis des décennies, avoir sciemment sacrifié l'industrie française et crû en l'avenir d'une société de "services" (qui s'écroule à la première petite pandémie), quel avenir offrir à nos enfants ? Les préfigurations d'avenir concoctées par les experts de tout accabit se hissant du coude dans les hautes sphères gouvernementales et dans les équipes dirigeantes des grands groupes nationaux, n'ont rien d'emballant ni d'alléchant, en nombre et en qualité !

Les meilleures prédictions ou prévisions conscientes de l'inadaptation des élites gouvernementales à la compréhension de la situation économique, sociale, financière et sociétale, s'appuyant sur leurs logiciels de pensée d'un autre temps -"faire entrer la France et les Français dans le monde de la globalisation"- dixit un grand "meneur" qui se veut un grand "penseur" du monde de demain, sont bien résumées par Jean-Yves Le Drian - le monde de demain sera pareil au monde d'hier, en pire", et partagées par Michel Houellebecq !

Les plans de soutien du gouvernement de la France, consistent à soutenir les entreprises, à limiter la casse sociale et à s'adapter aux baisses inévitables d'activité de certains secteurs de l'économie nationale. Ensuite, avec les fonds de tiroir, on aidera les entreprises innovantes supposées construire un avenir radieux, avenir radieux pour qui ? les nouveaux entrepreneurs, la nation, le peuple en voie de paupérisation, l'humanité, la planète ??

 

Les velléités financières du plan de relance de l'Union Européenne !

La politique de santé n'était pas une prérogative de l'UE, donc chaque pays s'est débrouillé avec ses propres moyens résultant de ses politiques de gestion "rigoureuses " des activités de lutte contre les maladies et les handicaps. Le maintien, la conservation de la bonne santé des citoyens, sont sacrifiés aux prestations médicales et pharmaceutiques. L'UE est sortie de sa léthargie lorsque les États, en ordre dispersé, ont fermé leurs frontières faisant fi des engagements de Schengen et de la libre circulation des personnes au sein de l'UE.

Les Nations, selon leurs moyens et selon les politiques mises en oeuvre pour lutter contre la pandémie, sont exangues à des degrés variables : assez peu pour l'Allemagne et les états du nord, beaucoup plus pour les états du sud en particulier l'Italie et l'Espagne. Pour éviter à l'UE de se déliter ou d'éclater, la Commission propose son grand plan de financement adapté aux situations réelles de chaque état. L'Allemagne et quelques pays dits vertueux, après un niet systématique, se sont laissés convaincre par un plan de traitement inégalitaire.

L'UE, la Commission, empruntera sur les marchés financiers 750 Md€, selon des modalités à négocier (taux des tranches, durée, garanties apportées par les états membres...). L'UE répartira 500 Md€ en subventions aux états, (non remboursables), selon l'estimation de la situation de chacun et de ses besoins : l'Italie et l'Espagne obtiennent de très grosses parts. La part restante des emprunts, soit 250 Md€, sera aussi répartie aux états selon leurs situations, sous la forme de prêts remboursables (modalités à définir). L'ensemble des états membres de l'UE se portent garants des remboursements des prêts aux états, au pro rata de leur part respective dans le PIB de l'UE, si un quelconque de ces états venait à faire défaut. L'engagement de solidarité de chaque état (sur les 250 Md€) est des plus limité : aucun état de l'UE n'a fait défaut, et la solidarité d'un pays s'exercera sur son pro rata du montant non remboursé du prêt.

Pour la charge, en intérêts et principal, de l'emprunt de 500 Md€, ce sont des recettes supplémentaires qui devront être mises en oeuvre, comme des taxes et impôts sur les Gafa, sur la taxe carbone sur les produits importés... la mise en place d'une augmentation systématique correspondante des contributions des états membres au budget général de l'UE étant exclue !! On peut réver !

Les 500 Md€ de subventions non remboursables et les 250 Md€ de prêts remboursables, sont répartis entre les états selon leur situation, selon leurs besoins et non pas selon la part de PIB (de chaque état) prise en compte pour les contributions au budget de l'UE.

La conversion de Merkel au plan de l'UE répond au maintien de la suprématie de l'Allemagne !

Contrairement à certains sous-entendus, l'Allemagne ne fait aucun cadeau à ses partenaires. Elle s'est habituée au transfert de ressources financières de ses partenaires -de ses colonies économiques et démographiques- et entend continuer cette ponction systématique. Les pays du sud étaient déjà en partie exangues avant que la pandémie aggrave leur santé économique et financière ! Donc le revirement apparent de la position allemande répond au triple impératif :

- ne pas apparaître comme un pays favorisé, égoïsme, ne considérant les pays de l'UE que comme des clients qu'on laisse tomber s'ils sombrent dans l'incapacité de poursuivre leurs achats et de les payer !

- attirer la sympathie des pays de l'UE, en souscrivant à des mesures qui ne lui coûtent rien, mais au contraire qui vont lui rapporter GROS ! En effet, les fonds européens vont servir à des achats de biens de consommation et de biens d'équipements que l'Allemagne sera en position favorable pour les fournir et ainsi maintenir son économie à flot. L'Allemagne ne recevant dirctement que "des miettes" du plan de l'UE mais en fait elle recevra indirectement environ la moitié des financements sans être assujettie aux remboursements des 250 Md€.

- faire bénéficier aux épargnants allemands des taux positifs des emprunts de l'UE auxquels ils souscriront, pour les récompenser de souscrire aux emprunts directs allemands aux taux négatifs.

Ainsi l'Allemagne comme la Chine, grande nation exportatrice à balance commerciale excessivement positive, continuera à aspirer les ressources financières de ses clients et une partie de leur main d'oeuvre formée à leurs frais, et renforcera sa position dominante en Europe sans assumer ses responsabilités !!! Et de plus, ses clients partenaires de l'UE, se confonderont en remerciements ! C'est la règle commune pour des esclaves assez bien traités, pour des assujettis maintenus d'une main la tête hors de l'eau et de l'autre le corps enfoncé dans l'eau !

 


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1 réactions à cet article    


  • julius 1ER 12 juin 2020 13:49

    @l’auteur,

    Voici un lien s’inscrivant directement en faux à vos propos :

    https://www.letemps.ch/opinions/angela-merkel-abattez-murs-lignorance-letroitesse-desprit

    arrêter de diaboliser l’Allemagne qui est le révélateur de nos faiblesses.... pas notre ennemi, on ne peut imputer tous nos manques et nos faiblesses à l’Allemagne sans se remettre en question, c’est trop facile !!!!

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Auteur de l'article

hugo BOTOPO


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