Guerre fratricide à l’UPR : les cadres contestataires font feu de tout bois contre François Asselineau, mais est-ce la bonne stratégie ?
A l'UPR, le parti du Frexit, tout va pour le pire.
La publication par Le Figaro le 21 avril 2020 d'échanges privés entre François Asselineau et les cadres de l'UPR qui contestent sa présidence, sur fond de suspicion de harcèlement sexuel, a déclenché un maelstrom dont l'ampleur laisse craindre des ruptures définitives au sein de cette communauté de frexiteurs.
Les cadres signataires de la lettre envoyée à leur président François Asselineau le 18 avril 2020, dans laquelle ils lui demandaient des comptes et le pressaient de démissionner, viennent de créer un site dans lequel ils exposent leurs points de vue.
Et leur offensive continue de plus belle avec également la constitution d'une cagnotte sur Leetchi, dont l'argent récolté doit servir à payer un avocat, sans qu'on sache pour le moment quel sera l'angle d'attaque.
Mais cela pourrait être la promesse d'un long feuilleton judiciaire à venir...
Bref, c'est la guerre.
1/ Le site des signataires : dégommons Asselineau
Analysons le site des signataires.
Il annonce d'emblée la couleur : « le président de l'UPR est gravement mis en cause ».
L'ensemble du site décline donc les turpitudes présumées de François Asselineau. Certaines critiques sont très intéressantes, mais globalement, l'angle choisi pour le site ne fait que souligner le caractère émotionnel et impulsif de la démarche des signataires.
Prenons un exemple.
Le site réclame « transparence et vérité » et son leitmotiv est que le président n'a pas répondu aux questions des signataires.
Ainsi :
- Selon les signataires, le président « refuse le dialogue ».
- La page d'accueil comporte une bulle permettant d'accéder à une série de 20 questions.
- L'onglet « Nous soutenir » permet d'accéder à la cagnotte Leetchi, dont le texte commence par : « François Asselineau n'a pas répondu aux questions que les signataires, rejoints aujourd'hui par de plus en plus de délégués départementaux, lui ont posées. »
On se doute bien que François Asselineau n'a pas répondu à toutes les questions puisqu'il a promis de le faire quand aura lieu la prochaine réunion du Bureau National, c'est à dire le 6 juin 2020, dans quelques jours. Il a fait cette promesse lors de son allocution du 8 mai 2020.
François Asselineau avait précisé lors de cette allocution du 8 mai qu'à la date du 6 juin le gouvernement français aurait levé les interdictions de se déplacer entre les différentes régions françaises, ce qui est désormais le cas. Les membres du Bureau National pourront donc se rendre physiquement à Paris pour s'y réunir le 6 juin 2020.
Le fait que les signataires aient mis en ligne leur site le 26 mai 2020 avec pour leitmotiv « le président ne répond pas à nos questions » montre selon moi l'état d'esprit général des contestataires : il est illogique de reprocher à François Asselineau de ne pas répondre aux questions alors que le moment où il s'est engagé à donner toutes les réponses n'a pas encore eu lieu. Tout cela pourrait donner l'impression que, au fond, pour les signataires, les réponses aux questions n'ont pas d'importance, l'essentiel est de contester.
Bref, j'y vois un indice que la colère domine et qu'elle prend la forme d'une coalition du genre « tous contre François Asselineau ».
Petite remarque : ce n'est pas tout à fait « tous contre François Asselineau » d'ailleurs.
Dans la première mouture du site, ceux qui y sont désormais désignés comme « non-signataires » étaient alors désignés comme étant : « en faveur du maintien du président ».
Mais le site, que j'ai contacté, explique ne pas avoir pu conserver cette désignation, les « non-signataires » étant divisés sur la question : certains sont pour le maintien du président, tandis que d'autres ne sont pas en phase avec l'action des signataires.
Quoiqu'il en soit, on peut tout de même noter au passage que François Asselineau a réussi à se mettre à dos une bonne partie de ses cadres, ce qui est tout de même une belle performance.
2/ La stratégie de la terre brûlée
Le site des signataires est bien pourvu en témoignages à charge, avec plusieurs longues vidéos très bien réalisées.
Ce site est donc instructif.
Mais également problématique.
En effet, si François Asselineau reste président de l'UPR en sortie de crise, les signataires auront fait un travail en général réalisé par les journalistes mainstream : celui de tirer à boulets rouges sur François Asselineau et donc sur l'UPR.
Ainsi, s'ils échouent à démettre le président, les signataires, qui voulaient sauver l'UPR, n'auront fait que l'attaquer.
C'est tout le paradoxe de la situation.
Ce paradoxe trouve cependant sa résolution si on suppose que la démarche des signataires contient un message implicite : « L'avenir de l'UPR ne nous intéresse plus si François Asselineau y reste. »
Autrement dit, les signataires estiment que « sauver l'UPR » passe forcément par la mise à l'écart de François Asselineau et que sinon, l'UPR est foutue. Donc, perdu pour perdu, et bien il n'y a pas de mal à produire des dossiers à charge contre François Asselineau et pourrir par conséquent momentanément aussi l'image de l'UPR, le temps de démettre François Asselineau. Et en cas d'échec, tant pis.
Cette stratégie de la terre brûlée est à double tranchant :
Certes, en produisant des dossiers à charge contre François Asselineau, les signataires peuvent effectivement gonfler les rangs des adhérents hostiles à François Asselineau, par exemple en ralliant ceux qui estiment que, dans les affaires de moeurs, l'accusé doit être présumé coupable, une posture très à la mode depuis le démarrage de la mouvance #MeToo.
Les signataires peuvent donc espérer ainsi, éventuellement, au bout du compte, l'emporter, et démettre François Asselineau.
Mais, en se positionnant comme des procureurs « anti-Asselineau », il se pourrait également que les signataires ternissent leur propre image :
- Comme je viens de l'expliquer, les signataires envoient actuellement comme message aux adhérents « pro-Asselineau » que, si François Asselineau reste en poste, l'avenir de l'UPR ne les concerne plus : pourrir l'image du président avec des dossiers à charge n'est donc pas un problème. Cela n'est pas extrêmement fair-play vis-à-vis des adhérents qui eux ne peuvent envisager l'avenir de l'UPR sans François Asselineau et qui ne devraient donc guère apprécier que les signataires se moquent ainsi de l'avenir de ce qui leur tient à coeur.
- Les signataires se montrent ainsi non comme des rassembleurs, des conciliateurs, mais comme les responsables d'une guerre interne qui pourrait conduire à une scission de l'UPR en deux entités. Et cela, ce n'est pas « sauver l'UPR », c'est plutôt tout bousiller.
- Au lieu de mettre en place une résolution des problèmes, les signataires pratiquent la désignation d'un bouc émissaire, chargeant François Asselineau comme un baudet et le désignant comme coupable. Cette attitude risque d'irriter ceux qui estiment que l'énergie dépensée à critiquer le chef aurait été mieux investie dans des réflexions et négociations avec François Asselineau pour que les erreurs commises ne puissent plus se reproduire.
- Les signataires reprochent à François Asselineau d'avoir mis en place la mythologie des « méchants putschistes », mais pratiquent le même genre de sport en nourrissant la mythologie du « méchant tyran qui ne répond pas aux questions ». Pour les adhérents indécis quant à la conduite à tenir, cela n'est pas très rassurant ou motivant pour soutenir les signataires.
Notons au passage que les instructions du gouvernement français données aux employeurs concernant les affaires de harcèlement sexuel sont claires : « l’enquête sera menée avec la plus grande discrétion et (...) les informations dévoilées au cours de celle-ci resteront strictement confidentielles en dehors des personnes impliquées et en charge de l’enquête ». (Ministère du travail)
Au lieu de cela, les vidéos, à charge, postées sur le site des signataires, clament leur certitude de la culpabilité de François Asselineau. Il est possible que cette attitude puisse également rebuter une partie des adhérents de l'UPR.
3/ Le danger des dossiers à charge
Lorsqu'il y a le feu à la maison, on ne perd pas son temps à désigner un coupable, on se retrousse les manches et on cherche tous ensemble à sauver la maison.
Cette petite maxime n'ayant pas la faveur des signataires, ces derniers mettent leur énergie à monter des dossiers à charge contre François Asselineau.
Or, un amoncellement de critiques orientées peut faire tomber dans le piège du « biais de confirmation ».
Cela aggrave les tensions, favorise l'émergence de camps antagonistes, et réduit les chances de trouver des solutions de compromis.
A mon avis, il vaut mieux considérer que des dossiers montés « à charge » sont dangereux et qu'il vaut bien mieux être neutre, en tenant compte aussi bien des éléments à charge que ceux à décharge.
Prenons un exemple.
La vidéo de Mathias Masclet, ancien membre du Bureau National de l'UPR, revient à plusieurs reprises sur le cas de l'exclusion de Yannick Hervé. Cette vidéo de Mathias pourra persuader certaines personnes que François Asselineau est un tyran qui pratique des décisions arbitraires et illégales, pour de sombres motifs, de jalousie ou autre.
Notamment, Yannick Hervé a contesté son exclusion de l'UPR, a fait un procès à l'UPR, et a gagné ce procès. C'est bien la preuve que François Asselineau est celui que l'on prétend, n'est-ce pas ?
Mais, la vidéo produite par Fabien Semat apporte un autre éclairage. Yannick Hervé a notamment écrit sur un support public le message suivant :
« Ce matin sur France Inter (histoire vraie) : Après la chronique de Stéphane Blachovski, Patrick Cohen passe la parole à Pascale Clarck qui reçoit Gilles Lelouch. Question du jeu de rentrée : Trouver le point commun de ces quatre personnes. »
Or, ce type de message suffit très largement à être désigné comme antisémite, et même à se retrouver au tribunal.
La tentative d'exclusion de Yannick Hervé, même si elle a échoué à cause d'un détail technique (selon Fabien), avait donc au moins une certaine légitimité : l'UPR a d'autres choses à faire que de se retrouver accusée d'antisémitisme.
Voilà la raison pour laquelle il ne faut jamais s'enfermer dans le cumul de dossiers à charge : on peut y perdre de vue la nécessaire prudence au jugement éclairé des situations étudiées.
Cela est furieusement valable pour l'affaire de moeurs qui touche François Asselineau : je ne suis personnellement même pas totalement sûr que cela puisse faire l'objet d'une mise en examen. Pour l'instant, les éléments à charge disponibles sont très très légers. Le principal problème qui a pu faire souffrir le plaignant, selon moi, se situe au niveau de son exclusion de l'UPR, qui a dû être un moment assez rude.
4/ La recherche de solutions de compromis : identifier les points d'entente
Il y a un point sur lequel tout le monde semble être d'accord : François Asselineau ne délègue pas, il ne laisse pas éclore les initiatives, ce qui a provoqué le départ de personne très motivées et talentueuses.
On peut remarquer d'ailleurs que Mathias Masclet et Jean-Baptiste Baron qui font les vidéos les plus cinglantes et les plus à charge contre François Asselineau, ont tout deux fait de gros travaux au sein de l'UPR, travaux qui ont pris la direction de la poubelle ou de la salle des archives par manque de disponibilité de François Asselineau.
Donc, pour le moment, pratiquement tout repose sur François Asselineau.
A ce sujet, il est intéressant d'écouter le témoignage de Mathias Masclet, qui a été membre du Bureau National avant de démissionner en janvier 2019.
D'après lui, le Bureau National n'a qu'une existence très restreinte au sein de l'UPR.
« Le Bureau National, selon les statuts, était censé se réunir au moins une fois par mois. En fait, c'était du pipeau complet. On se réunissait deux fois par an. » (youtube)
« On était mis à l'écart sur tout. Le 1er mai, on a même pas su comment cela se passait, etc. Rien ! » (youtube)
« Au bout d'une demi-année, je ne tiens plus, je balance la sauce. Quelques uns me suivent, on est une poignet. Je dis : non mais c'est pas permis, ça ne peut pas continuer comme ça, je veux bien qu'on mette une demi-année pour se préparer mais elles sont où les réunions ? On a pas fait de réunion du Bureau National. On a pas produit un seul document. On est aidé par personne. Il n'y a pas d'équipe. Il n'y a rien. On était satellisé. Le Bureau National était inexistant. (...) Tout se faisait au siège, à Paris. Avec la petite cour de François Asselineau. Tout se faisait au siège. Tout était parfaitement court-circuité. » (youtube)
« Au bout d'une demi-année, je me dis que je n'ai rien à perdre, je grille mes cartouches : donc je balance les reproches, j'attaque, et je dis : maintenant il faut que le Bureau National existe, il faut que le Bureau National soit digne de ses fonctions. Il faut que les adhérents puissent nous parler. Il faut nous puissions parler aux adhérents. Il faut que nous puissions parler aux délégations. Il faut que nous puissions produire des documents. Bref, comme n'importe quel parti politique avec un échange entre la base et le haut. Là on avait la verticalité, la verticalité de la masse sur le poteau : on écrasait la masse des adhérents - travaillez, soyez militants, fermez vos gueules -. Et les cadres c'était encore pire. Donc je commence à préparer ma démission au sein du Bureau National. » (youtube)
« Il y avait très très peu de votes. Quasiment rien n'était mis au vote. » (youtube)
« François Asselineau nous demandait de voter oui. » (youtube)
Alors, vous me direz que Mathias Masclet est un adversaire acharné de François Asselineau, prêt à dynamiter des montagnes pour provoquer la chute du « tyran », et que son témoignage est totalement à charge.
Ok.
Mais écoutons donc Fabien Semat, qui est un proche de François Asselineau, et a produit déjà deux vidéos à décharge pour le président.
Or, malgré tout, voilà ce qu'il dit :
« L'UPR n'a pas les moyens d'avoir une grande équipe d'encadrement. Donc François Asselineau doit gérer beaucoup trop de choses. Et en plus, comme les gens sont bénévoles, ils ont envie de passer par lui, ils n'ont pas forcément envie d'être interfacé par un cadre. Des cadres pourraient prendre en main des projets sans que cela passe par François Asselineau, et ça va faire partie des solutions qu'il nous va falloir trouver (...). Mais rassurez-vous, des projets nous montrent que cela est possible : je pense notamment à UPR TV qui a fonctionné (...). » (youtube)
Si vous prenez le temps d'analyser cette déclaration, vous comprendrez que le témoignage de Fabien Semat recoupe celui de Mathias Masclet.
Le plus significatif est cette phrase : « Des cadres pourraient prendre en main des projets sans que cela passe par François Asselineau. »
Donc, a priori, pour l'instant, les projets sont portés par François Asselineau et non les cadres de l'UPR. Et, comme le dit Fabien Semat lui-même : « François Asselineau doit gérer beaucoup trop de choses ».
Et enfin, François Asselineau lui-même reconnaît désormais lui-même qu'il est faillible, reconnaissant notamment une erreur grave concernant l'embauche de « Mathieu », qui désormais l'attaque en justice :
« Il va s'en dire que cette embauche constitue à ce jour le plus grand regret de ma gestion de l'UPR. Je reconnais humblement que j'ai manqué de discernement et que des procédures plus précises et codifiées devront être prises pour des nouvelles embauches. »
Logiquement, il devrait donc y avoir un terrain d'entente entre les « pro-Asselineau » et les signataires : il serait bon d'envisager désormais que François Asselineau délègue.
Par exemple, le Bureau National était opposé à l'embauche de « Mathieu » (voir mon article précédent : « l’embauche du jeune homme (...) n’a pas été vue d’un bon œil en interne »). Il y a là une démonstration que François Asselineau aurait eu tout intérêt à déléguer le recrutement.
La réunion du Bureau National le 6 juin sera donc extrêmement importante : soit les signataires continuent sur leur lancée, dont on ne sait pas trop si elle peut aboutir et qui de toutes façons va faire des dégâts, soit ils commencent à négocier.
J'avais d'ailleurs déjà abordé ce thème dans mon article précédent, où je proposais que François Asselineau se concentre là où il est le meilleur - conférencier, porte-parole, présentateur UPR-TV, etc - tandis que le Bureau National s'occuperait de la gestion du parti au quotidien et du militantisme.
5/ Madame Soleil vous annonce l'avenir
Si la réunion du 6 juin n'amorce pas un changement de dynamique, l'avenir le plus probable est celui-ci : le Congrès aura lieu le 11 juillet 2020, et les adhérents reconduiront François Asselineau à la présidence de l'UPR.
Le démarrage de la crise interne s'étant déroulé sur le mode du conflit, puis ayant dégénéré en guerre ouverte et publique, les contestataires donnent toute légitimité au président de l'UPR pour agir comme un responsable soucieux de désamorcer au plus vite une crise qui pourrait paralyser l'UPR, alors qu'approche le moment de se mobiliser sur la recherche de parrainages pour l'élection présidentielle française de 2022.
C'est en gros le thème que développe François Asselineau dans sa vidéo du 20 mai lorsqu'il parle d'« obstruction » de la part des contestataires.
Tout le monde comprendra que l'objectif des signataires n'est pas d'obstruer quoi que ce soit : il leur faut simplement désormais gagner du temps avant que le couperet du Congrès ne tombe. Notamment, si François Asselineau l'emporte lors du vote du Congrès, le changement de Bureau National qui en résultera risque de faire perdre aux signataires la majorité au Conseil National, une entité très importante, puisque, par exemple, elle doit valider toute modification des statuts avant que de nouveaux statuts ne puissent être proposés au vote du Congrès, c'est à dire à l'ensemble des adhérents.
Il n'empêche que François Asselineau a raison : les diverses actions des signataires pourraient avoir comme effet secondaire un blocage du parti compromettant l'action de l'UPR à moyen terme.
Dans cet extrait de sa vidéo, François Asselineau déclare :
« J'ai consulté notre cellule juridique et un avocat spécialisé à propos de cette obstruction caractérisée et radicale d'une partie des membres du Bureau National. Cette consultation a porté ses fruits. Une telle situation de blocage, périlleux pour une association, n'émeut guère les spécialistes. Elle a connu beaucoup de précédents. Et il apparaît que la jurisprudence constante des tribunaux, dans ce genre de situation, est de favoriser le renouvellement des instances dirigeantes, au plus vite. C'est d'ailleurs le bon sens même. Et c'est exactement ce que j'ai décidé de faire.
La jurisprudence va plus loin. Elle appuie en outre le rôle du président d'une association en pareilles circonstances, en lui reconnaissant la capacité de prendre des mesures conservatoires et d'urgence, destinées à maintenir le bon fonctionnement et la pérennité de la structure. »
Cette déclaration du président n'est pas un bluff.
Sa fonction lui donne effectivement un immense pouvoir.
C'est du moins ce qu'indique le site « Assistant juridique », qui explique que, même si cela n'est pas indiqué dans les statuts, le président d'une association possède des pouvoirs reconnus par la jurisprudence :
« La jurisprudence considère que l'article L 225-56 du Code de commerce, relatif aux pouvoirs du directeur général de société anonyme, est applicable au président d'association. En conséquence, le président d'une association est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom et dans l'intérêt de cette dernière.
Cela lui donne le droit, en particulier, de prendre toute mesure conservatoire, en l'occurrence de suspendre de leurs fonctions des membres du bureau, alors même que les statuts de l'association ne confèrent au président aucun pouvoir particulier. »
La jurisprudence donne tellement de pouvoirs à François Asselineau, que, quoiqu'il arrive, le Congrès de l'UPR devrait se tenir très prochainement.
Il faut rajouter à tout cela qu'il y a une logique à ce que François Asselineau fasse appel au Congrès pour élire des dirigeants pour la nouvelle période des trois ans de mandat : les contestataires se sont placés d'eux-mêmes sur ce terrain là en le poussant à démissionner.
Etant donné que les statuts ne comportent pas de clause permettant de destituer le président autrement que par une élection des adhérents, là encore François Asselineau a toute légitimité pour organiser le Congrès.
Il y aurait eu peut-être la solution d'une Commission de discipline pour juger François Asselineau, mais comment garantir l'impartialité d'une telle Commission dans la situation actuelle ?
Bref, c'est très mal parti pour les signataires.
6/ Pour les amoureux des détails techniques statutaires : « consultation », le mot qui tue !
Lors de la réunion du Bureau National le 6 juin aura lieu le tirage au sort de 25 adhérents de l'UPR qui doivent entrer au Conseil National, une instance de l'UPR composée des cadres du parti, c'est à dire plus de cent personnes.
Ce Conseil National doit fixer la date du prochain Congrès de l'UPR.
François Asselineau, dans sa vidéo du 20 mai sur la crise interne de l'UPR, a clairement indiqué son agenda pour les semaines qui viennent.
Dans cette vidéo, il déclare :
« J'ai décidé de soumettre à l'avis consultatif du Conseil National, dès que celui-ci sera composé, la date du samedi 11 juillet 2020 pour notre Congrès. » (youtube)
« Les statuts prévoient de recueillir l'avis, consultatif, du Conseil National, qui est en quelque sorte l'assemblée des cadres de l'UPR, sur l'organisation du Congrès triennal. Et cela, avant que le président ne décide souverainement de sa convocation. » (youtube)
Dans ces deux extraits, le mot important est le mot : « consultatif ».
Comme je l'avais expliqué dans mon article précédent, le président fait une interprétation possible des statuts qui, en gros, revient à dire :
L'article 12.2 indique que le Conseil National « fixe » la date du Congrès, sous-entendu la date qui convient le mieux à l'ensemble des cadres.
Mais ensuite, avant de convoquer le Congrès, le président ne va faire que « consulter » cet avis du Conseil National. C'est ce qu'indique l'article 11.3, qui parle de « consultation ». Et « consulter » veut dire « demander un avis, un conseil ».
Autrement dit, le président peut tenir compte ou pas de l'avis du Conseil National : il n'est pas contraint pas les statuts de le faire, du moins tel sera son interprétation des statuts.
Nous pouvons donc très facilement conclure que les choses vont se dérouler ainsi :
Le 6 juin 2020, lors de la réunion du Bureau National, le tirage au sort des 25 adhérents sera effectué, permettant ainsi de finaliser la composition du Bureau National.
Le soir du 6 juin seront envoyés aux membres du Conseil National la proposition de François Asselineau d'un Congrès le 11 juillet 2020. Notons que François Asselineau doit avertir les adhérents de la tenue du Congrès au moins trente jours à l'avance, donc le 11 juin au plus tard.
Il va donc demandé aux membres du Conseil National de donner leur réponse pour au plus tard le 10 juin.
Si les membres du Conseil National lui proposent en retour une date éloignée dans le temps, disons par exemple en octobre 2020, François Asselineau tiendra-t-il compte de leurs avis ?
Rien n'est moins sûr, vu le ton global de la vidéo.
Et quelques jours après cette vidéo, dans un communiqué aux adhérents de l'UPR, est à nouveau indiqué :
« Pour convoquer le Congres, le président doit d’abord demander l’avis consultatif du Conseil national ».
Le message paraît assez clair.
7/ Dans un compromis, chacun accepte une part d'inacceptable
A mon avis, la démarche actuelle des signataires est vouée à l'échec.
Je ne les vois pas interrompre la marche du destin, qui conduit selon moi inexorablement vers un Congrès le 11 juillet 2020, ou prochainement pendant l'été, qui signera l'éviction des contestataires hors du Bureau National.
Pour l'instant, les contestataires sont très énervés, mais il leur faudra une hargne gigantesque pour tenter de renverser le cours des choses en passant par des procédures judiciaires.
Peut-être réussiront-ils à faire annuler le résultat du Congrès qui va se tenir cet été.
Mais peut-être seront-ils également battus lors de celui qui suivra.
Pour beaucoup d'adhérents, François Asselineau fait « partie de la famille », et ils n'accepteront pas que l'avenir de l'UPR se joue sans lui.
Mais il reste une grande question :
La réunion du Bureau National du 6 juin pourrait-elle être fructueuse et cette crise de l'UPR pourrait-elle se transformer en un processus d'évolution vertueuse ?
Pour cela, il faudrait que les belligérants acceptent l'idée d'un compromis.
François Asselineau, s'il veut participer aux élections présidentielles française de 2022, a besoin d'un parti en ordre de marche. Il ne peut pas se payer le luxe d'un feuilleton judiciaire à rallonge qui remettrait en cause sa présidence de l'UPR.
Un départ massif de ses cadres serait aussi un problème éventuel pour la recherche des parrainages : François Asselineau perdrait le bénéfice des formations sur ce sujet mises en place en 2016 et 2017, et il lui faudrait former rapidement de nouvelles troupes à cet exercice assez particulier.
Et François Asselineau n'a en réalité rien à perdre à ce que le fonctionnement interne de l'UPR change : il pourrait se consacrer aux tâches où il est le meilleur - pédagogie, expertise sur l'UE, etc.
Reste que, même en admettant que François Asselineau accepte de déléguer, ce qui n'est pas gagné d'avance, il se pourrait que les cadres, gourmands, ne se satisfassent pas d'avoir la responsabilité de gérer le parti. Ils pourraient refuser que François Asselineau, s'il est mis en examen pour son affaire de moeurs, soit le candidat de l'UPR pour les présidentielles 2022.
Mais là encore, il y a des négociations possibles : par exemple que l'investiture du candidat soit décidée par l'ensemble des adhérents une fois que la décision de justice concernant le classement de l'affaire ou la mise en examen de François Asselineau sera connue.
Le principal problème est qu'il faut que les uns et les autres aient envie de trouver un compromis.
La réunion du 6 juin, première rencontre physique entre les uns et les autres, pourra-t-elle mettre ses participants dans un tel état d'esprit ?
Croisons les doigts et espérons que cela soit possible.
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