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Accueil du site > Tribune Libre > Les Wakhis, un petit peuple écartelé et cloisonné aux confins de la haute (...)

Les Wakhis, un petit peuple écartelé et cloisonné aux confins de la haute Asie Centrale

 

Les Wakhis de langue et d'ethnie persanes sont une minorité montagnarde de moins de 100.000 individus écartelée entre quatre pays : le Tadjikistan, la Chine, l'Afghanistan et le Pakistan. Alors que, depuis des temps immémoriaux, ils occupaient un haut lieu de passage et d'échange au carrefour de ce qu'il est convenu d'appeler la "Route de la Soie", leur univers s'est trouvé fragmenté, clôturé et marginalisé. Atomisé, ce petit peuple arrive néanmoins à garder un sentiment d'appartenance commune en raison de sa religion, de sa langue et de sa co-existence avec d'autres populations lui permettant, paradoxalement, une identification par différence. 

Bernard Grua, peuple Wakhi, Afghanistan, Pakistan, Chine, Tadjikistan
Peuple Wakhi : Afghanistan, Tadjikistan, Chine, Pakistan

 

1. Qui sont les Wakhis ?

 

1.1. Les Wakhis, peuple du haut Oxus

 

Vue de la forteresse Abrashim Qala, où les rivières Wakhan et Pamir se confondent pour donner la rivière Panj (c'est-à-dire Amu Darya), Pamir, Tadjikistan © Bernard Grua
Corridor du Wakhan : Vue depuis les ruines de la forteresse Abrashim Qala sur la rive tadjike. En face, s'imposent les montagne du Grand Pamir afghan. A droite, les montagnes de l'Hindou Kouch séparant du Pakistan et le corridor du Wakhan qui se poursuit vers Sarhad e Broghil ainsi que vers le Petit Pamir.

 

Le lieu d'origine des Wakhis est le corridor du Wakhan , la haute vallée du Panj (Amou-Daria ou Oxus pour les Grecs) coincée entre l'Hindou-Kouch pakistanais et les Pamirs tadjik ainsi que chinois. Ils en ont régulièrement émigré, mais y sont, parfois, partiellement revenus. Leurs mouvements s'expliquent par les bascules religieuses (zoroastrisme, bouddhisme, islam), le commerce, le pastoralisme, les guerres (Chinois, Tibétains, Arabes…), les oppressions des dirigeants locaux, les Mirs (princes ou roi) du Wakhan, ou la domination de souverains plus lointains (émirs du Badakhshan, émirs de Boukhara, khans de Yarkand…). À cela, en conséquence des accords du "Grand Jeu", il faut ajouter l'aggressive annexion, sous la férule centralisatrice afghane du pachtoun Abdur Raman Khan , de la partie du Wakhan située sur la rive gauche du Panj. Enfin, il faut prendre en compte la stricte clôture des empires communistes russe et chinois. 

 

The only road of Afghan Wakhan, Panj River, Hindu Kush summits, Afghanistan © Bernard Grua
Route du corridor du Wakhan afghan entre Qalah e Panja et Sarhad e Broghil

 

Les Wakhis résident désormais dans les parties les plus élevées des trois plus grands bassins versants d'Asie centrale (Amou-Daria, Tarim, Indus). Ils vivent entre 2 300 m et 4 000 m partageant certaines zones traditionnelles avec d'autres petits groupes, principalement des Pamiris du Tadjikistan et des Bourouchos (avec lesquels ils appartiennent à la même religion ismaélienne), des Kirghizes et des Ouïghours (de confession sunnite). La fermeture des frontières, à partir de la fin du XIXe siècle, a fragmenté le peuple wakhi en différents cantonnements. Pour les familles, les conséquences les plus importantes de ces séparations se sont probablement matérialisées dans le corridor du Wakhan, où le fleuve Panj a soudainement concrétisé l'existence de deux entités distinctes entre le Tadjikistan soviétique et l'Afghanistan, construisant un véritable et durable « mur de Berlin ». Cette fracture n'est qu'en partie allégée par la tenue d'un marché normalement hebdomadaire, si l'absence d'épidémies et de problèmes de sécurité le permettent. Ce lieux d'échange est situé entre les deux Ishkashim (Eshkashem), le bourg tadkjik et le bourg afghan, dans le no man's land séparant les postes-frontière, sur une île du Panj. 

 

Bernard Grua, Wakhi, Wakhan, article
A GAUCHE - bas : Ishkashim (Eshkashem), Afghanistan
Au CENTRE- haut : île du no man's land avec marché afghano-tadjik entre les deux postes frontière
A DROITE - milieu : Ishkashim (Eshkashem), Tadjkistan

 

À l'exception de contraintes géographiques similaires, le lien majeur, entre les Wakhis, est l'Aga Khan, leur chef spirituel commun, et le travail remarquable accompli par sa fondation. Il convient également de mentionner le fait que le réseau de téléphonie cellulaire tadjik peut transmettre dans le Wakhan afghan, permettant aux apparentés de se parler de chaque côté du fleuve. Depuis 1974 et l'annexion du royaume de Hunza par le Pakistan, les Wakhis pakistanais sont une très petite minorité dans un pays comptant plus de 200 millions de citoyens. Comme les autres groupes chiites, ils sont soumis à un système juridique et judiciaire sunnite, ainsi qu'à une administration dominée par les Sunnites. 

 

Pont suspendu d'Hussaini, et rivière Hunza © Bernard Grua
Pont suspendu d'Hussaini, et rivière Hunza © Bernard Grua - Haute Vallée de la Hunza où résident les Wakhis pakistanais

 

Ci-dessous seront montrés quelques représentants des autres populations avec lesquelles vivent les wakhis. Malheureusement, aucune visite à ce jour, et donc aucune photographie, n'ont été effectuées en Chine. De plus, la politique ethnique coercitive menée par Pékin dans le Turkestan oriental historique ne permet pas aux étrangers de s'arrêter entre le col de Kunjerab (frontière pakistano-chinoise au bout de la vallée de la Hunza) et la ville de Tachkurgan, une zone de population locale wakhie. 

 

Col de Kunjerab, 4 693 mètres. sur la Karakoram Highway entre le Pakistan et la Chine © Bernard Grua
Col de Kunjerab, 4 693 mètres, poste frontière entre le Pamir pakistanais et le Pamir chinois sur la Karakoram highway et au bout de la vallée de la Hunza

 

Bien que cela puisse conduire à des développements trop longs, on peut observer, sur les images suivantes, que les Wakhis, de même que les autres Pamiris, ressemblent beaucoup aux Européens. Ils diffèrent sensiblement des principales autres populations asiatiques.

 

1.2. Les Wakhis du Gojal (Haute Vallée de la Hunza, Pakistan)

 

Bernard Grua, Wakhi, Wakhan, frontière, Panj
Passu, Wakhis pakistanais - À gauche : Sabeen, l’une des filles de M. Berham Baig, aux étonnants yeux verts. Elle a déjà figuré dans un téléfilm pakistanais | À droite : un adolescent du village jouant du tambour avec les musiciens de Chapursan, dans le café-restaurant de Hassan Sardar Tadjik
Bernard Grua, Wakhi, Wakhan, Passu, Hunza
Wakhis pakistanais - Gauche : Zoodkhun, un cavalier en visite chez Alam JanDario | Droite : les jeunes au festival de musique, Passu Face Mela. Certains Pakistanais, du sud du pays, ne pouvaient pas croire que cette image représentait la population locale. Le fossé culturel deviendra un problème lors de l'accroissement inéluctable du tourisme pakistanais intérieur.

 

Étonnamment, on observe que les jeunes Wakhis pakistanais quittant leurs vallées (Gojal, Chapursan, Shimshal ou Misgar) de façon permanente ou temporaire, à l'occasion de leurs études supérieures ou à la recherche d'un emploi, choisissent la mégalopole la plus distante, à savoir Karachi, plutôt que Lahore ou Islamabad. Certains s'établissent aussi dans les pays du Golfe Persique.

 

1.3. Les Wakhis du Corridor du Wakhan tadjik

 

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Wakhis tadjiks - Gauche un agriculteur de Yamchun (Tadjikistan) se rendant à des travaux d'irrigation le matin. | Droite : jeunes filles wakhis de Vrang (Tadjikistan), couleur rose à la mode et vernis à ongles, bien que l'écharpe ajustée sur la tête gauche semble plus locale et particulièrement photogénique.

 

Ci-dessous, des photos d'autres enfants wakhis prises juste sur la rive afghane opposée du Panj. Elles montrent qu'ils ne sont pas seulement séparés par une rivière, mais qu'ils appartiennent, maintenant, à deux mondes différents.

 

1.4. Les Wakhis du Corridor du Wakhan afghan

 

Bernard Grua, Wakhi, Wakhan, Afghanistan
Wakhis afghans - Jeune garçon et jeunes filles sur un toit à Khandut, Wakhan afghan
Bernard Grua, Wakhi, Wakhan, Afghanistan Qala e Panja
Wakhis afghans - Gauche : Un agriculteur effectue des travaux d'irrigation à Khandut | Centre : Kiamadin * et Shikriya * à Qala e Panja | À droite : un ranger à Qala e Panja

 

* Kiamadin et Shikriya, fils et fille de Salahudin Ismaily, sont deux petits-enfants du Pir Shah Ismaily, le chef religieux du Wakhan afghan.

 

2. Avec quels peuples vivent les Wakhis ?

 

2.1. Pamiris du Tadjikistan

 

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Pamiris tadjiks - A Gauche : TusionAbdurahim avec des enfants qui adorent leur grand-père, un « tractoriste » à la retraite. Le bébé a un chapeau Pamiri. | À droite : une dame dans le parc de Khorog
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Tusion, Pamir tadjik - À gauche : Odinasho (à droite), un jeune garçon très vif avec un cousin ayant des yeux d'une couleur bleue, qui peut être inhabituelle même en Europe. Tous deux sont des petit-fils d’Abduraim (voir ci-dessus). | À droite : Farzona, une fille de Davlatmir, le professeur d'anglais.

 

Sans surprise, cinq ans après la prise de ces photos réalisées, à Tusion, dans le Pamir tadjik, Odinasho Sharopov, alias Muiz, a rejoint le cours d'été de la Fondation Aga Khan pour les futurs dirigeants. Cet enseignement fut organisé au Pakistan avec d'autres jeunes Ismaéliens de différents pays. Il a alors eu l'occasion de visiter le Gojal et de comprendre que la famille ismaélienne pamirie est une communauté internationale.

 

2.2. Kirghizes : Tadjikistan, Afghanistan, Chine

 

Bernard Grua, Wakhi, Pamir Tadjikistan Kirghizes Rangkul
Kirghizes du Pamir tadjik - À gauche : Jailoo de Zarburuliuk, près de Rangkul, Alt 4.150 m, jeunes enfants kirghizes. Toutes les jeunes filles sont habillées de rouge. | À droite : Ak Balik, Alt. 3.900 m, Vallée d'Alichur, Tadjikistan - Zhaikebek, un "aksakal".
Bernard Grua, Wakhi, Pamir Tadjikistan Zarburuliuk
Kirghizes de Zarburuliuk, Pamir tadjik - Gauche : Guli prépare du yaourt dans une yourte | À droite : Baktugul avec ses enfants : Alibek, Hassan, Katisha & Kerim dans la yourte

 

Les Kirghizes présentés ci-dessus ont été photographiés dans leur « jailoo » (campement d'estive) de Zarburuliuk, au-dessus de Rangkul, près de Murghab, dans le Pamir tadjik.

 

Depuis le milieu du XXème siècle, dans les rigides conditions des « frontières fermées » (Nazif Shahrani), les Kirghizes du Pamir afghan, « oubliés sur le toit du monde » (Matthieu Paley), ont développé une économie interdépendante avec les Wakhis d'Afghanistan en lieu et place de la Chine (bazars de Kashgar et de Yarkand) ou du Turkestan russe. Franchissant le col d'Irshad (4.977 m), ils organisent aussi des caravanes régulières vers la vallée wakhie de Chapursan (Pakistan) à la fin de l'été. Là, près du mausolée de Baba Ghundi, ils troquent des animaux et des produits laitiers contre d'autres marchandises pakistanaises et chinoises avec les habitants de Zoodkhun comme expliqué, en 2018, par Gohar Abbas "Le pays suspendu entre l'enfer et le paradis" et comme raconté, avec humour, en 2003, par Mareile Paley (Pamir p .23) :

"Notre ami pakistanais Alam Jan (Dario) nous invite dans la maison de berger [près du mausolée de Baba Ghundi] de son père. Il prépare le thé. Il ne prend pas autant soin de nous que d'habitude. La visite annuelle des deux fous d'« angrez » (étrangers) n'a pas le même pouvoir d'attraction. « Tu es ma sœur. Tu es mon frère » - c’est ce qu’il dit toujours. Mais aujourd'hui, les Kirghizes sont là, il y a de l'animation… On peut obtenir du beurre frais du Pamir !"

 

Les yaks avancent à un rythme soutenu, vallée de Chapursan, vers Sost puis Gilgit © Bernard Grua
Yaks du "Petit Pamir", sous la conduite de jeunes Wakhis, achetés aux Kirghizes afghans et transitant par la vallée de Chapursan, après avoir franchi la frontière au col d'Irshad (4.977 m) 

 

Les magnifiques photographies de Matthieu Paley peuvent être visionnées ici : Kirghizes et Wakhis du Petit Pamir (Afghanistan). À la fin de l'été 2016, Dinara Kanybek Kyzy, une jeune anthropologue kirghize du Kirghizstan a rejoint une expédition humanitaire de son gouvernement à destination des Kirghizes d'Afghanistan. Elle a rédigé un article intéressant et instructif sur cette expérience. C'est en russe, sur Open Asia, et aussi en français, sur Novastan.

 

Corridor du Wakhan, Afghanistan et Tadjikistan, Gohar Abbas
Carte AFP/ Vincent Lefai, Laurence Chu, provenant du remarquable article de Gohar Abbas : "Le pays suspendu entre l'enfer et le paradis". Merci à lui d'en avoir autorisé l'insertion dans cet article.

 

2.3. Gujars de la vallée de Kaghan, Pakistan

 

Bernard Grua, Gujar Saif ul Malook
Gujars : une jeune fille et un homme des montagnes au lac Saif ul Malook, vallée de Kaghan (au sud du col de Babusar), Pakistan. La communauté et l'environnement de ces personnes sont dévastés par le tourisme intérieur provenant des mégalopoles du sud du pays. Est-ce le destin de la vallée de la Hunza ?

 

2.4. Pendjabis (Lahore, Islamabad...) du Pakistan

 

Bernard Grua, Pendjabis Hussaini Hunza
Pendjabis : touristes du sud pays au pont d'Hussaini, Gojal, Haute Hunza, Pakistan

 

Pour des raisons compréhensibles, les touristes entièrement voilées visitant la haute vallée de la Hunza n'ont pas été photographiées. Certaines sont intégralement vêtues de noir, y compris leurs gants. Bien qu'elles soient en nombre limité dans la Hunza, elles ont l'air « hors contexte ». Ce sont des fondamentalistes sunnites d'autres régions du Pakistan. Concernant la tenue vestimentaire, il est intéressant de rappeler que le « seapoosh Kafir » est la définition locale et historique de l'infidèle habillé de noir… Voir : « Comment les religions passées et présentes ont construit un palimpseste de traditions dans une haute vallée du nord du Pakistan ».

 

2.5. Pathans (Pachtouns) du Pakistan

 

Bernard Grua, Saif ul Malook Kaghan
Mohamed et sa femme, tous deux médecins, sont des Pathans de Peshawar. Les voici avec leurs trois enfants au lac Saif ul Malook, dans la vallée de Kaghan (au sud du col de Babusar), Pakistan

 

Alors que la plupart des Wakhis pakistanais vivent dans le Gojal (Haute Hunza) de Gulmit à la frontière chinoise, il existe environ 1 400 Wakhis établis, plus au sud, dans le district de Chitral. Ils sont venus d'Afghanistan principalement via le col de Broghil (3.798 m) à différentes périodes. Le district de Chitral est relié à Peshawar par la vallée de Swat, habitée par des Pathans (Pachtouns en Afghanistan). Elle est, pendant quelques années, passée sous le contrôle des Talibans. Ils y représentent toujours une menace sérieuse. Là, 120.000 jeunes filles se sont vu interdire de fréquenter l’école. Au contraire, l'éducation des filles est l'une des principales priorités des Wakhis. Ce qui contribue à expliquer pourquoi les jeunes Wakhis ont l'un des niveaux d'alphabétisation les plus élevés de cette partie du monde.

 

Aucune des trois religions (zoroastrisme, bouddhisme, islam), telles qu'elles étaient appliquées par le peuple wakhi, n'empêchait les femmes de marcher le visage découvert devant les hommes (Odinamamadi Mirzo).

 

2.6. Baloutches du Pakistan

 

Baloutches : le Baloutchistan est une région pauvre, conservatrice et instable du sud du Pakistan avec un niveau d'alphabétisation dramatiquement bas. Les Baloutches vivent également en Iran et en Afghanistan.

 

Peuple baloutche: Le Baloutchistan est une région pauvre, conservatrice et instable du sud du Pakistan avec un niveau d'alphabétisation dramatiquement bas. Les Baloutches vivent également en Iran et en Afghanistan.
Touristes baloutches en visite dans la vallée de la Hunza et prenant des selfies sur le bord du lac d'Attabad.

 

Remarques :

 

Ce texte est principalement la traduction d'un article publié par Bernard Grua sur Medium : "Portraits, Wakhi in relation with other people of their areas". Il fait, lui-même, partie d'un document plus large présenté dans son blog : “At the knot of past empires : Zoodkhun, a Wakhi village in the high northern mountains of Pakistan”

 

Toutes les photos sont © Bernard Grua et ne peuvent être utilisées sans son accord.

 

Dans la vallée de Chapursan, ceux qui souhaiteraient découvrir le mode de vie et la culture wakhis trouveront un grand intérêt à être hébergés dans la maison traditionnelle de la famille d'Alam Jan Dario, Pamir Serai Guest House, proche du col d'Irshad. L'hôte connaît particulièrement bien les hautes vallées et les montagnes de sa région. Il est familier du Wakhan afghan et tadjik, où il compte de nombreuses relations. C'est aussi un poète et un musicien renommé. 

 

Articles déjà publiés sur le même sujet sur Agoravox :

 

Annexe : diaporamas

 

Corridor du Wakhan afghan 

Village & Hindu Kush, Afghanistan © Bernard Grua 2013

 

Corridor du Wakhan tadjik

Vue de la forteresse Abrashim Qala, où les rivières Wakhan et Pamir se confondent pour donner la rivière Panj (c'est-à-dire Amu Darya), Pamir, Tadjikistan © Bernard Grua

 

Gojal, haute vallée de la Hunza, Pakistan

 Les cônes et le village de Passu, le long de la rivière Hunza et de la Karakoram Highway en cours d'après-midi © Bernard Grua

 

Khirghizes du Pamir tadjik

Femme kirghize et yourte, Bulunkul, Pamir, Tadjikistan © Bernard Grua 2011

 

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26 réactions à cet article    


  • Gasty Gasty 17 septembre 2020 12:30

    Merci ! Nous saurons qu’ils ont existé.


    • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 16:01

      @Gasty
      Merci pour votre intérêt.


    • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 23:04

      Merci @OMAR


    • Pauline pas Bismutée 17 septembre 2020 13:00

      A l’auteur

      Merci pour tous ces voyages, je relatais ici il n’y a pas longtemps (9 septembre) une petite histoire arrivée dans la vallée du Swat, près de Mingora ..je n’ai jamais trouvé d’équivalent a la générosité des Pakistanais (aucune idée de l’ethnicité de ceux que j’ai rencontrés, a Multan, Peshawar, etc…pour leur extraordinaire gentillesse, je les mets tous dans le même sac !)

      PS Connaissez vous le Yemen ?


      • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 15:40

        @Pauline pas Bismutée
        Merci pour ce commentaire. Vous avez certainement des choses très intéresantes à nous raconter sur votre expérience pakistanaise. Pour ma part, je ne suis jamais allé au Yemen. 


      • Pauline pas Bismutée 17 septembre 2020 16:16

        @Bernard Grua

        Ici ça faisait simplement partie d’un commentaire (long !) sous un article, je ne sais pas mettre le lien..

        Je suis sûre que vous auriez beaucoup aimé le Yémen et rapporté des photos magnifiques (vu la situation on ne sait pas ce qui va en rester…) Ne suis pas photographe, un peu trop dans « l’instant présent » (mais ai quand même quelques photos, heureusement !)


      • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 16:28

        @Pauline pas Bismutée
        C’est très intéressant. Regardez, sous les commentaires. Vous avez « Répondre », « signaler un abus » et « Lien permanent ». Vous faites un clic droit sur « Lien permanen »t. Vous choisissez « copier le lien » et vous le collez en commentaire. Si vous le voulez bien.


      • Pauline pas Bismutée 17 septembre 2020 17:05

        @Bernard Grua

        Bon voila mais pas grand chose a voir avec votre article...(merci suis nulle en informatique !)

        https://www.agoravox.fr/commentaire5848896


      • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 17:14

        @Pauline pas Bismutée
        Super et bravo !


      • Pauline pas Bismutée 17 septembre 2020 17:25

        @Bernard Grua
         
        Pour le blah blah ou l’effort en ’ninformatique’  smiley ?


      • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 20:02

        @Pauline pas Bismutée
        J’ai pris connaissance de votre commentaire, où il y a beaucoup de bonnes choses. Pour ma part, je pense qu’il est nécessaire de savoir d’où l’on est et comment on est construit mentalement ainsi que culturellement. Pour m’en expliquer, je me servirai de l’extrait d’un précédent papier que j’ai publié, ici, sur Agoravox.

        « L’étranger [au Pakistan] rencontre des personnes très accueillantes qui auront à cœur de faire bonne impression. Ces gens prendront soin de lui. Ils l’inviteront pour le thé, voire le déjeuner et le dîner. Ils seront cordiaux sans arrière-pensée. L’étranger profitera d’une des plus belles hospitalités au monde. On lui demandera à plusieurs reprises et sans fin  »Que pensez-vous du Pakistan ?« , même lorsqu’il voudra profiter tranquillement d’un sublime paysage, d’un beau crépuscule ou d’un magnifique lever de soleil. Cependant, dès qu’un désaccord apparaîtra, il fera, plus qu’ailleurs, l’objet d’accusations de racisme, de doubles standards, de colonialisme, de suprématisme blanc voire de séparatisme.

        Il serait faux de croire qu’il existe une frontière claire entre l’intégrisme et tous les « gens normaux ». Les deux tendances sont souvent mélangées en profondeur. L’intégrisme peut être juste un signe de retard ou, plus exactement, de domination masculine. Mais cela peut, tout aussi bien, être le sous-produit de la modernité. Des éléments de radicalisme islamique sont partagés par de nombreux hommes instruits et, de manière surprenante, par de nombreuses femmes également. D’une même personne, il est possible d’entendre des considérations sociales avancées marchant de pair avec un discours ultra-réactionnaire. La naïveté n’est pas de mise. S’il convient de respecter son interlocuteur, il ne faut pas se projeter en lui. En aucun cas, il ne peut être le miroir de l’étranger même s’il l’appelle sincèrement « frère » ou « sœur ». Il est utile de se souvenir que lui et l’étranger n’ont pas la même histoire personnelle et n’ont pas grandi dans le même cadre social. Des mots ou des expressions, même si certains ressemblent à des positions très acceptées ailleurs, peuvent être source de graves malentendus, ou être déformés dans un sens volontairement inacceptable en vue de créer des fake-news à charge.

        Enfin et surtout, il est nécessaire d’être clair dans sa démarche. Ici plus qu’ailleurs,  on y vient pour apprendre et non pas pour comparer. On ne s’y déplacera pas comme un touriste, mais comme un voyageur responsable. On y recherchera la différence en tentant d’y décerner en quoi elle pourrait nous enrichir. »

      • Pauline pas Bismutée 17 septembre 2020 20:32

        @Bernard Grua

        Je sais bien que ce n’est pas si simple ; ailleurs il faut toujours une humilité, où que l’on soit… et la réalisation que l’on obéit à divers ‘codes’, consciemment ou non. Mais j’ai eu la chance d’intégrer ça assez vite, je voyage seule, et ai commencé jeune. Je répondrai plus longuement plus tard, car il est 6 h du matin passées où je suis…. !


      • Pauline pas Bismutée 18 septembre 2020 07:03

        à Bernard Grua

        Bon, la suite… tout à fait d’accord avec le tourisme responsable. Mais où finit le voyage et où commence le tourisme ? Ça serait plutôt une question d’attitude, à mon avis, de respect …ma manière de bouger est un peu hors norme, je pars et reste …… ou pas (entre 6 mois et … 14 ans suivant les pays jusqu’à présent). En train, bus, avion, bateau (ça pas terrible, une fois 11 jours à vomir mes tripes sur un « yacht ») 35 ans en dehors de l’Europe. Mais ne vais pas raconter ma vie…

        En face du « diffèrent », nos constructions se révèlent, se remettent en question, se ‘raffinent’, ou partent en c…. j’appelle ça « éplucher l’oignon » ! (les couches tombent)

        Par définition l’expérience des visiteurs au Pakistan est limitée ; problèmes de langue (s) et on utilise nos « propres filtres » et bien sûr les Pakistanais veulent montrer le meilleur de leur pays (comme les français), surtout que beaucoup savent la façon dont on parle d’eux dans ‘nos’ medias. Dans les discussions ne jamais attaquer « de front », tout doit se faire en douceur, avec toujours laisser à l’adversaire la possibilité de sauver la face (comme avec les asiatiques) … (si seulement les soi-disant diplomates avaient compris ça dans les derniers conflits, ça aurait évité beaucoup de morts !)

        Et il est bien sûr « réductionniste » de mettre « les » musulmans, « les » … dans le même panier, de même que d’écrire « les » européens, « les » français. On est tous l’étranger de quelqu’un, y compris dans nos propres familles !

        Tout à fait d’accord avec votre discours sur l’intégrisme. L’islam étant aussi un système de société avec ses règles, en plus d’une religion, ça peut donc devenir très compliqué… Quand j’étais à Riyad il y a eu des attentats contre des « expats » ; on m’a rapporté - n’ai pu vérifier – qu’une toubib Saoudienne avait donné une ‘party’ pour fêter l’événement… (rubrique y’a des cons partout)

        Au Yémen, des amis (yéménites) m’ont dit que s’ils attrapaient un membre d’Al Qaida, ils seraient obligés de le tuer… (rubrique ? allez, je mets courage..)

        Ça va donner de l’eau au moulin des « anti-muzz » !

         

        Et le « mythe du bon sauvage ». Ai beaucoup d’attirance pour les peuples premiers, mais c’est vrai qu’en marchant dans Redfern la nuit (dans Sydney), le « dreamland » des Aborigènes en prend un coup (lire Bruce Chatwin « song lines » et il y a plein de bouquins sur la mythologie des aborigènes - fascinant). Pareil dans des banlieues d’Auckland (Maoris), de Nouméa (Kanaks), etc…

        N’ai pas de leçon à donner, j’ai mes idées sur les chinois, et n’ai jamais été en Chine (j’y ai pensé, mais je ne supporterais pas le traitement des animaux)

        Mais il y a des colères nécessaires, et être ‘non violent’, ce n’est pas ne rien dire et ne rien faire : ca, c’est la lâcheté. La majorité des victimes des extrémistes musulmans sont les musulmans eux-mêmes. J’essaie dans mes commentaires de rétablir un peu « l’équilibre »…

        Personne n’est innocent, et on a tous des choix à faire, et à assumer ces/ses choix.

        Mais vous qui êtes aussi témoin de la beauté du monde, avec vos articles vous participez aussi au travail du colibri…

        « on y vient pour apprendre et non pas pour comparer ».

        Ça, c’est la règle de base, partout. C’est ce que j’appelle l’humilité. Et la naïveté n’est de mise nulle part, ce qui n’empêche pas l’ouverture aux expériences humaines.

        Bon désolée, c’est un peu long, il y aurait beaucoup, beaucoup à dire..

        En tous cas, merci, et vous répondez aux commentaires, c’est très sympa de votre part !


      • Pauline pas Bismutée 18 septembre 2020 07:07

        @Pauline pas Bismutée

        Pas d’italiques, ça, c’est de moi !

        Ça, c’est la règle de base, partout. C’est ce que j’appelle l’humilité. Et la naïveté n’est de mise nulle part, ce qui n’empêche pas l’ouverture aux expériences humaines.

        Bon désolée, c’est un peu long, il y aurait beaucoup, beaucoup à dire..

        En tous cas, merci, et vous répondez aux commentaires, c’est très sympa de votre part !


      • Bernard Grua Bernard Grua 18 septembre 2020 15:50

        @Pauline pas Bismutée
        Je suis d’accord avec tout ce que vous avez écrit dans ce dernier commentaire. J’ajoute que les attitudes coloniales, parfois très dures, et le tourisme destructeur peuvent aussi être des phénomènes internes au pays visité. 
        De ce fait, les locaux peuvent préférer les visiteurs étrangers à leurs propres compatriotes beaucoup moins respectueux. Et c’est peu de le dire.


      • cevennevive cevennevive 17 septembre 2020 16:59

        Bonjour Bernard Grua,

        Magnifique reportage, magnifiques photos ! Merci !

        Je m’en vais relire Ella Maillart : « Oasis interdites » où elle parle de ses voyages à travers le Pamir et le Karakoram. J’ai d’ailleurs toute son oeuvre.

        Mais votre article, lui, est joliment agrémenté de ces visages adorables que nous ne rencontrerons sans doute jamais...

        Quelle chance avez-vous eue ! Encore merci !

        Je vais garder ce précieux article par devers moi, l’éditerai et le mettrai dans ma bibliothèque avec tous les livres de voyages et de découvertes que j’aime à relire.

        Bien à vous.


        • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 17:10

          @cevennevive
          C’est très aimable. Merci pour ce commentaire !
          Si ce coin vous attire, je me permets de vous suggérer de lire l’article de Gohar Abbas, que j’ai mis en lien. Et bien sûr, bien sûr, le livre de Matthieu et Mareile Paley.
          J’ai aussi fait une liste d’ouvrage commentée. Vous pourrez y trouver des titres qui vous plairont.
          Wakhi people and Pamir life ex-libris


        • Feste Feste 17 septembre 2020 21:54

          Merci beaucoup pour cet article. Magnifique. Tous ces peuples qui ne sont pas encore ’mondialisés’ cela me touche. Je rêve de repartir vers l’extrême orient et l’Asie centrale.


          • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 22:40

            Bonsoir @Feste,
            Merci pour votre très aimable commentaire.


          • JPCiron JPCiron 17 septembre 2020 22:54

            Superbe reportage ! Merci

            Voilà qui met un peu en perspective nos petit soucis d’ici...

            .


            • Bernard Grua Bernard Grua 17 septembre 2020 23:13

              @JPCiron Il y a, en effet, des destins qui suscitent l’empathie et qui nous interpellent tout en nous faisant réfléchir dans la pertinence du concept d’Etat nation. Car, dans une certaine mesure, ce sort ne touche-t-il pas des peuples européens, y compris en France.


            • JPCiron JPCiron 18 septembre 2020 22:53

              @Bernard Grua

              L’Etat-Nation « à la Renan » fonctionne avec le sentiment d’appartenance qui va avec. Dès lors, le religieux doit rester dans l’espace privé.

              Cependant, les ’’Valeurs’’ judéo-chrétiennes affichées ont imprégné nos ’’Principes’’ nationaux. Depuis longtemps. Aux USA on se demande même d’ailleurs qui tient vraiment les manettes.

              En outre, un suprémacisme rampant rôde. Et se développe.
              Les difficultés économiques sont propices pour désigner des coupables ’’extérieurs’, qu’ils soient extérieurs ou non...

              Il faudra du temps... et des larmes.


            • Rudolph 18 septembre 2020 11:35

              Bonjour Bernard,

              Merci pour cet excellent article.

              Je voudrais vous mentionner un philosophe russe du dernier tiers du XIXe siècle, Nikolaï Fiodorov, qui a longtemps recherché dans le Pamir les origines du peuple indo-européen. En effet, la linguistique venait de faire la découverte de l’unité de nos langues à une échelle eurasiatique, et donc éventuellement de l’existence d’un peuple à l’origine de tous. Fiodorov espérait y trouver un argument devant faire naître le sentiment de fraternité entre les peuples (au moins indo-européens) et faire cesser toutes guerres, qui devenaient toujours plus meurtrières avec les progrès de la technologie. Il n’a pas eu le temps d’assister à la première guerre mondiale.
              Ce philosophe avait également une très forte sympathie pour le zoroastrisme, qu’il considérait comme la religion de ce peuple premier et comme un préliminaire au christianisme.

              J’ai écrit tout un livre sur ce sujet... Je serais ravi d’en discuter avec vous, ou tout du moins vous faire prendre connaissance de ce personnage Nikolaï Fiodorov, qui aurait beaucoup apprécié votre effort de penser l’harmonie au milieu de la diversité des peuples.


              • Bernard Grua Bernard Grua 18 septembre 2020 15:24

                @Rudolph

                Bonjour Rudolph,

                Merci pour votre sympathique et détaillé retour. Je ne connais pas Nikolaï Fiodorov, je me renseignerai. Pour ma part, je ne prétends pas, et je ne cherche pas à, avoir une approche philosophique des choses. Je me contente d’observer et, quand je le peux, d’écouter. Je ne sais pas ce qu’il en est pour les personnes qui partagent les mêmes sujets d’intérêt que moi. Mais il y a des lieux qui appellent pour différentes raisons. Il est difficile d’y résister. L’Asie Centrale faisait partie de ces endroits, comme précédemment la Sibérie avec les Monts Saians et Iakoutsk dont j’ai parlé sur Agoravox. Visiter un lieu et rencontrer ses habitants suscitent d’autres appels.

                En 2011, j’étais dans le Pamir Tadjik. La route longe l’Afghanistan, sur des centaines de kilomètres, avant Khorog. On côtoie un petit monde qui nous est interdit, juste de l’autre côté du Panj, aussi étroit qu’il est tumultueux. On peut même échanger des signes avec l’autre rive. Mais c’est dans le Wakhan tadjik depuis la forteresse Abrashim Qala que la beauté de la vallée afghane se révèle et que l’envie devient irrésistible. On m’indiquait que des Kirghizes Afghans y vivaient tout au bout. Je suis donc revenu, en 2013, par Khorog puis par Ishkashim pour entrer en Afghanistan. Entre temps, j’avais lu tout ce que j’avais pu trouver sur le sujet. J’ai appris les connections des Kirghizes et Wakhis Afghans avec d’autres Wakhis dans une vallée perdue au bout septentrional du Pakistan. Mieux, je suis entré en contact avec Alam Jan Dario qui connaissait très bien Matthieu Paley, Salahudin Ismaily (fils du Pir Shah du Wakhan) ainsi que le Wakhan Afghan. C’est pourquoi je suis allé chez lui en 2018. Donc, il n’y a pas de recherche de ma part, ni de projet de reportage, ou de démonstration que je chercherais à faire. La seule ambition est de regarder le monde. Et puis des faits, des pratiques, des contraintes géographiques et des récits entendus nous font assembler un puzzle.

                Je ne connais pas grand chose au Zoroastrisme. Mon premier contact, de façon incidente, avec cette religion, a été un travail d’audit... financier sur ONG, que j’ai mené à Bombay avec une équipe majoritairement composée de Parsis. Dans le Pamir, on ne nous en parle guère. Ce sont des lectures qui permettent d’en voir la pérennité dans cet univers musulman. Pourtant, il semble bien que les maisons pamiries sont des héritières assez directes des temples du feu. Voici un de mes articles que je traduirai probablement en français pour Agoravox. Wakhi mountain houses of Zoodkhun in Chapursan Valley, northern Pakistan. En creusant, on trouve effectivement un empilement religieux particulièrement passionnant. How past and present religions built a tradition palimpsest in a high valley of northern Pakistan. Dans un pays explosif, tel que le Pakistan, où la foi est la source d’emportements, j’ai eu le plaisir de constater que ces deux papiers ont été bien reçus et largement partagés par les personnes concernées.

                En ce qui concerne l’Eurasisme, je pense que le sujet est encore plus miné. Pour tout dire, je n’aime pas la vision qu’Alexandre Douguine en promeut. Ensuite, je pense que l’histoire est passée et que la page est déjà tournée. Ainsi, l’Union Économique Eurasiatique tient plus, à mon sens, de la nostalgie d’un empire perdu, que d’une réalité présente et, encore moins, que d’une réalité d’avenir. Au-delà des annonces diplomatiques, l’Asie Centrale est en voie de sinisation, dans ce qu’il faut reconnaître comme étant un nouveau processus colonial. C’est ce que j’écrivais dans cet article sur Agoravox : La Karakoram Highway, prototype du schéma colonial de la Nouvelle Route de la Soie dans un Etat en perte de légitimité ? Je suis étonné de voir l’indifférence manifestée par les géopoliticiens, quant au fait que la Chine contrôle maintenant directement ou indirectement l’ensemble du Bam-e-Dunya (Le toit du Monde), c’est-à-dire tous les Pamirs. Cela n’était pas arrivé depuis au moins mille ans. Cette redistribution des cartes aura des conséquences très importantes.

                Enfin, je ne suis pas assez féru de la chose pour me prononcer sur les « Indo-européens ». Ce fut une grande découverte. Mais c’est aussi un concept qui fait de plus en plus débat, sans même parler des dérives dont il a été à la source. Voir « ...Les Indo-Européens sont un mythe » et « L’Indo-européen n’est pas un mythe » je n’irai pas m’aventurer sur ce terrain glissant.


              • Rudolph 19 septembre 2020 10:56

                @Bernard Grua

                Merci de votre réponse. En vous parlant de Fiodorov, l’idée n’est pas de récupérer des idées « eurasianistes » actuelles. Fiodorov est mort en 1903 dans un pays en proie aux « Démons » selon le terme de Dostoïevski dans son roman éponyme. Hélas, Les deux avaient raison, lorsque l’on voit ce qu’est rapidement devenue l’Union soviétique. Réhabiliter cet « empire » n’a jamais été mon intention.
                Je comprends tout à fait que votre démarche n’ait rien à emprunter à la philosophie, je le respecte parfaitement.
                Les études sur Fiodorov en français ou en anglais ne sont selon moi pas de qualité, car les chercheurs y mettent bien trop de géopolitique actuelle (Douguine par exemple), ce qui est une grave erreur. Et ils n’ont pas une compréhension suffisante de l’auteur pour creuser jusqu’à ses textes sur le Pamir, les langues indo-européennes ou le zoroastrisme. J’en parle néanmoins dans mon modeste ouvrage « L’impératif cosmique ».
                En tout cas, je lirai certainement vos écrits ! Merci à vous.


              • Bernard Grua Bernard Grua 19 septembre 2020 13:09

                @Rudolph

                Abdur Rahman Khan, au nombre ds ses méfaits, a opéré la conversion forcée du Kafiristan (le pays des infidèles) en Nouristan (le pays de la lumière). Ces Kafirs étaient probablement des Zoroastriens.

                [Dr. D.A. Scott, dans le Journal of the Royal Asiatic Society (1984, №2., Pp. 217-228), a affirmé que les Zoroastriens ont survécu jusqu’en 1896 dans le Wakhan lorsqu’ils ont été écrasés par l’armée de l’émir de Kaboul Abdur Rahman qui a forcé ces Kafirs à embrasser la vraie foi. Scott a suggéré, cependant, que certains éléments zoroastriens auraient pu être maintenus, jusqu’à aujourd’hui, dans la région, en particulier dans certaines parties éloignées, mais proches du Pakistan adjacent.]

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