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Accueil du site > Tribune Libre > Dix Vieilles Fripouilles

Dix Vieilles Fripouilles

Bien le bonjour, c’est Agatha Christie. Je viens vous scénariser le réel. Attention, je ne vais ni vous prédire l’avenir, ni mettre en scène la prédiction, comme ces dix vieilles fripouilles dont il sera question ici. Pourquoi fripouilles ? Vous verrez bien. Et pourquoi vieilles ? C’est pas permis le trop-d’âge ? Plus vraiment, mon capitaine.

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Depuis des lustres, le scénario catastrophe, c’est la petite manie des « donneurs d’ordres » qui nous aiment tant. L’imagination (morbide) au pouvoir fut un de leurs rêves de jeunesse mal mijoté. Seulement voilà, il a trop bouilli. Du nouveau, c’est ce qu’il faut au vieux camarade-monde, loin derrière, qui commence à nous courir.

Chiche. Et c’est ainsi qu’Agatha de là-haut, estimant qu’il faut refaire ce monde qui spirale en feuille morte, m’a commandé un reset de son polar préféré, rebaptisé pour l’occasion : Dix vieilles Fripouilles.

Que voilà.

Sur l'île du Nerd, perdue dans l’Atlantique nord, s'est réuni le Gre10, un petit tas de fossiles à grosse valeur augmentée, mi humains-mi-robots donc. Cette assemblée de sages veut faire un ricettereset, excuses – du logiciel Monde, à la sauce amère.

Il a bien raison, le Gre10. La planète bourrée devient trop moche, elle craque d'humanité désactivée ; ses forêts, côtes et cités se dégradent, sa jeunesse quart, tiers et moitié-mondiale erre désemparée sans même servir à rien ; ses actifs se flinguent ; tandis que ses Mathusalem indéfectibles − hors Gre10 − disposent d’un fil de vie résiduelle bien trop long. On le voit, le ciseau des Parques est rouillé, faut l’aiguiser. Puis récupérer le paysage en privé, sans bourse délier, débarrassé de ces tas de pollueurs du camping.

Nous allons, chuchotent nos dix chenus, implantés du ciboulot, du poil et des organes, vider la corbeille encombrée sur le bureau en ciel bleu, et réinitialiser la Création.

Rien que ça.

Seul un des petits vieillards possède la clé de la reprogrammation ; les autres, d’un souffle fétide, complotaillent des convoitises qui se résument à l’élimination de la concurrence possible et l’exploitation des ressources mondiales. Ils sont surtout pour le destroy.

Leurs scénarios séniles passeraient pour un radotage suranné, s’ils ne s’appuyaient avec système sur une technologie militaire conçue par d’autres, mais qu’ils contrôlent plus ou moins ; ainsi que sur le salariat suant de la moitié du monde dépossédée, ici d’industrie, là du droit de respirer, ailleurs de celui de manger ; partout de ses anciens choix et libertés, trop souvent aussi de son bon sens, voire son QI. Et qui renâcle, et qui ronge sa corde.

Allez allez troupeau, tous ensemble plus vite que ça, vers le NOM : ou on vous donnera du bâton et des chiens.

Mais rien ne va plus. Le programmateur sur l’île est – c’était bien visible et ils n’ont rien vu – un old fool : il a le C++ qui beugue, si bien que la corbeille fait des erreurs fatales : sur le bureau, elle vide la zélite au compte-goutte.

Les 10 petits nerds vont disparaître un par un, chaque jour que Dieu fait, dix jours durant, sans pouvoir stopper le processus. Le glaive du réel leur échappe ! Quelqu’un l’a saisi en plein vol, pour les en frapper.

Qui a fait le coup ?

L’inspecteur Reniflou, présent tout au long de ces dix jours, soupçonne l’entourage des dix accros. Il y a une affaire d’héritage, là-dedans : Gaïa, la Terre confisquée ; les vieux ne voulaient rien lâcher, tout pour eux, même l’oxygène. Les héritiers ont, eux aussi, décidé d’accélérer le tempo. Dégage un peu, le vermoulu, t’as pris trop de place, et tout l’air. J’étouffe.

Autour de nos dix saturnes, gravitent sur l’île en permanence les indispensables auxiliaires de vie ; pas robotisés du tout, ceux-là et chers au mois. L’intelligence artificielle fut une solution de remplacement envisagée, qui ne passa pas les premiers tests : l’IA – le robot-soubret(te) – ne sait même pas balayer dans les coins ; encore moins vous masser les omoplates. Et puis cette voix crispante, ces yeux de silicone : de la bécassine incapable, oui…

Plus d’un géronte du Gre10 a récompensé la Science en fichant un coup de pied rageur dans les tibias de son IA de service, la pauvre. « Apportez-moi de l’être humain ! ont ordonné ces messieurs – à des gens en chair et en os. Même une schiappa ferait mieux l’affaire ! ».

Ces messieurs apprécient fort la fine cuisine, les beaux décors, les mignon(nes) en bikini ou sans, qui vous sourient civilement (sans plus) ; toutes choses qui ne se font pas toutes seules, sur un clic. Et qu’ils se gardent bien de faire eux-mêmes car ça coûte, et d’ailleurs ils ne pourraient pas. Comment fabriquer le gosse parfait de vos gènes quand on est vilain comme un… aïe, j’ai rien dit, quelqu’un va encore se vexer. Comment charmer par le rictus, seul et unique sourire que la Nature vous ait donné ?

Voilà le problème, que tout le monde n’a pas.

Oui, ces êtres cacochymes ne savent que faire sonner leurs écus et postillonner des projections analytiques en délire sur le pauvre monde, déjà pas très en forme, bien qu’il ait tout pour réussir.

Comment, alors, ménager la chèvre et le chou, se faire papaouter/mignarder sans s’encombrer de la mignarde et surtout de toute sa smala ? Ils désirent tant qu’on les aime, en plus, ces décideurs-là, aussi gratuitement que possible.

L’équation semble insoluble.

Elle sera résolue à l’envers. C’est du sein du personnel lui-même que va se faire jour l’idée d’un autre reset plus conforme au réchauffement amoureux de la planète. Un zorro sort de l’ombre, à moins qu’une zorra ne se décide à lâcher son vieux beau.

Leur force à l’un comme à l’autre (ils finiront par se rencontrer), c’est la Nature, elle qui fait ses cadeaux ou les ôte, mais pas au hasard Balthasar : selon sa logique implacable, uniquement. Leur force, c’est aussi un occasionnel coup de pouce du Ciel olympien, pas toujours bonnasse.

Sans se presser, Zorro ou Zorra rétablit la logique naturelle. Saturne, planète de la Mélancolie sera priée de rejoindre ses très distantes profondeurs nocturnes, très au-delà du soleil. Les dix petits gérontes iront y faire leur Gredose… Le calendrier s’effeuille.

Sur l’île du Nerd, l’affolement gagne les survivants provisoires. Comment échapper au destin ultime, commun aux hommes et aux astres : alias le trou noir ?!

Aucune réponse.

A l’aube du dixième jour, une vedette du New York Times arrive en vapotant, pour rédiger le compte-rendu de cette réunion cruciale qui préparait en secret un confinement mondial et éternel de tous les disposables, éjectables, déplaçables, déplorables, dégageables et autres non-muselables qui traînent sur la planète.

- C’est quand qu’on les enferme ? crie en nouillorquais le correspondant qui débarque, tout excité, mais se fige, interdit, à la vue des tendrons nez au vent sur le quai. Sapristi  ! (dammit !)Poussez-vous les filles  ! Ou sont vos maîtres ?

- , répond l’inspecteur désolé, montrant les catafalques. Ils étaient Dix.

 

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couverture du roman d’agatha christie

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8 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 14 septembre 2020 18:41

    Alcool sans doute un peu fort pour un site de vieux rentiers centristes.

    J’aime !


    • Clocel Clocel 14 septembre 2020 19:49

      @Septime Sévère

      Pour la rente, vous ne pouvez sans doute rien, mais votre orientation, merde, centriste, merde, réagissez, merde ! smiley


    • Clocel Clocel 14 septembre 2020 21:25

      @Septime Sévère

      Hélas...

      Mais bon, la République, c’est du « prêt-à-porter », reste à trouver, le bon modèle, les bons tailleurs, et retrouver le goût du cousu main.

      La médiocrité ne peut être un idéal, les bourgeois sont des bas-du-cul, on ne saurait se satisfaire de leur proposition, marre des eunuques dépravés.


    • lisca lisca 27 septembre 2020 11:23

      @Clocel
      Merci, les encouragements sont rares !


    • babelouest babelouest 14 septembre 2020 19:04

      Dix vieux trucs broyaient du noir en sautillant sur la craie du Cap Bien-Né. Y a d’laboue !


      • hans-de-lunéville 14 septembre 2020 20:20

        Je suis très pétard avec cette affaire, jusqu’où va t’on s’arrêter ? javelliser l’histoire, même si on le faisait des deux côtés c’est non et non, par contre il faut rapidement créer de nouvelles bases.


        • lisca lisca 27 septembre 2020 11:24

          @hans-de-lunéville
          Comme vous avez raison !


        • velosolex velosolex 15 septembre 2020 10:51

          Sans aucun doute écrit par un négre. Ah non c’est vrai faut dire un ghost writer. 

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