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Accueil du site > Actualités > Technologies > Exclusion numérique : quand internet n’est plus un choix

Exclusion numérique : quand internet n’est plus un choix

 

Une véritable accélération de la numérisation a eu lieu en France depuis le printemps dernier. La crise sanitaire que nous traversons a fait apparaître, ou plutôt démocratiser certaines pratiques, à l’image du télétravail. Ce dispositif est en effet très vite devenu une habitude pour de nombreuses entreprises qui ne l’avaient pas pratiqué jusqu’à présent. C’est également dans ce contexte que le cybercommerce s’est massivement développé ces derniers mois. Confinement oblige, les nombreux français assignés à résidence se sont rapidement adaptés aux achats sur le web. Du côté des petits commerces, un tout autre usage a rencontré un réel succès : le click and collect. Entre innovation et inventivité, à toutes les échelles, la numérisation s’est développée de manière significative en cette année 2020. 

 

Le point sur le numérique en France

Déjà très présent dans notre quotidien, le numérique s’est plus encore développé avec la crise pour devenir indispensable à notre société. Cependant, cette croissance numérique n’est pas sans conséquence et connaît dès lors le revers de la médaille. De nombreuses zones d’ombres sont à ce jour plus visibles qu’elles ne l’étaient face à cette utilisation numérique massive. Ces derniers mois ont en effet été synonymes d’escroqueries en ligne. Les emails et les sms trompeurs ont envahi les appareils des utilisateurs dans le but de collecter leurs données personnelles. Face à ce problème, bien présent depuis de nombreuses années, les consommateurs n’ont pas toujours les bons réflexes. En effet, les bons gestes découlent bien souvent d’une culture numérique acquise pendant la scolarité ou au fil du temps. En France, il existe toutefois une réelle fracture numérique qui prive bon nombre de citoyens de cette connaissance du numérique. Une inégalité qui, paradoxalement, ne fait que se renforcer à mesure que la société évolue.

 

L’exclusion numérique, comment se caractérise-t-elle ?

L’exclusion numérique correspond à ce que l’on appelle désormais l’illectronisme. Selon une étude, 17% de la population française ne serait pas à l’aise avec l’outil numérique. Une fracture numérique qui se caractérise sous deux formes distinctes. La première concerne l’exclusion par l’absence de connexion à internet. La seconde fait référence à un manque de matériel, qu’il s’agisse tablette, ordinateur ou téléphone. À ce jour, ce ne sont pas moins de 8 millions de personnes qui seraient concernées par ce fléau. Parmi elles, plus de 500 000 citoyens sur le territoire français seraient directement touchés par le simple fait qu’ils vivent dans des zones blanches. Alors que la 5G arrive, l’anomalie des zones blanches constitue un réel problème. Le défi est en effet de parvenir à couvrir des zones parfois difficiles d’accès ou simplement pas rentables pour les opérateurs. L’investissement consenti dans ces zones est en effet parfois jugé trop conséquent par les entreprises de télécommunications par rapport aux populations souvent peu denses présentes dans ces zones. Pour la France, il reste encore un long chemin à parcourir pour éradiquer l’exclusion numérique, à commencer donc par mettre fin aux zones blanches.

En quoi l’exclusion numérique est-elle une problématique ?

D’ici 2022, l’Etat français prévoit un schéma de digitalisation important. Il est ici question de dématérialiser l’ensemble des démarches administratives du pays. Une bonne nouvelle quand on connait les déboires et la gestion de la paperasse au quotidien. Cependant, cela ne va-t-il pas davantage couper du monde les personnes en situation d’illectronisme ? Même si la culture numérique se développe au sein de notre société, certaines personnes n’ont toujours pas accès à ce droit social. En outre, certains citoyens ne souhaitent tout simplement pas participer à cette numérisation massive. Internet est-il encore un choix au sein de notre société ? Il est de plus en plus difficile d’y échapper lorsque l’on souhaite gérer ses finances, chercher un logement ou tout simplement trouver un emploi. Pour certaines démarches du quotidien, il est devenu obligatoire de posséder une adresse mail et de passer par un site web. En prenant l’exemple de Pôle Emploi, pour aspirer toucher l’allocation chômage, l’actualisation mensuelle reste obligatoire et doit se faire en ligne. Internet est donc devenu une nécessité à laquelle on peut difficilement échapper. L’exclusion numérique touche d’ailleurs un public diversifié et pas seulement les séniors. Contrairement aux idées reçues, la fracture numérique concerne en grande partie des citoyens entre 31 et 54 ans. Pour beaucoup, des jeunes issus de milieux défavorisés dont l’apprentissage des logiciels de base n’a jamais pu être engagé.

 

Exclusion numérique et crise sanitaire, où en est-on ?

L’exclusion peut être de forme personnelle ou encore professionnelle. Trouver un emploi peut s’avérer de plus en plus difficile sans un accès à internet. De nos jours, beaucoup de candidatures sont effectuées par mail même s’il est encore possible d’envoyer le tout par courrier. Pour certaines entreprises, ce sont des formulaires en ligne qui permettent de candidater. D’un point de vue personnel, l’exclusion numérique peut prendre une plus grande ampleur. Les outils numériques disponibles sur les téléphones, tablettes et ordinateurs permettent de garder le contact avec ses proches. Le premier confinement, qui a duré plusieurs mois, a été douloureux pour beaucoup de citoyens. Outre l’aspect économique, des personnes ont littéralement été coupées du monde et de certains services faute d’un accès suffisant à internet. Le lien social perdu a créé de nombreux cas de solitude et d’isolement. Cependant, cette situation ne sort pas du chapeau. Cette dernière existait déjà, elle a simplement été amplifiée par le phénomène de la pandémie. 

 

Les solutions apportées partout en France

Outre le fait que l’Etat français développe et digitalise le territoire au fil des années, des initiatives fleurissent de part et d’autre. C’est le cas d’Emmaüs Connect et de ses nombreux bénévoles. L’association, qui a vu le jour en 2013, a redoublé d’efforts depuis le mois d’avril 2020 et l’instauration du confinement. Le but ? Favoriser l’insertion sociale en proposant d’équiper, connecter et accompagner les citoyens en situation de précarité numérique. L’association fait appel aux dons des entreprises et des particuliers afin de récupérer des centaines d’équipements numériques (tablettes, ordinateurs, téléphones) dans 12 villes en France. Cette action de solidarité numérique n’est pas isolée. Les aides se multiplient localement sur le territoire comme par exemple l’opération “1 ordi sous le sapin” à l’initiative de la ville de Bordeaux. De grands groupes souhaitent également participer à ce mouvement de générosité. En cette fin d’année, ce sont des dons de Go que le groupe Bouygues proposait à ses clients. Coup de pub ou simple geste de solidarité ? Les initiatives restent dans tous les cas les bienvenues en cette fin d’année 2020...

 


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12 réactions à cet article    


  • rogal 6 janvier 2021 08:16

    Le numérique ou l’informatique ?


    • Clark Kent Séraphin Lampion 6 janvier 2021 08:37

      @rogal

      Télématique, en fait.


    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 6 janvier 2021 10:26

      Le progrès technologique nous force à courir derrière lui, toujours plus vite, sans autre raison que de suivre. L’industrie numérique saccage l’environnement (1) et la santé, détruit le tissu social et les emplois, nous soumet à une surveillance totale, déshumanise nos vies. Nous sommes stressés, pressés, anxieux. Tout va trop vite. C’est le syndrome « Tapez « Etoile » »

      [...]

      Les techno-maîtres de la Silicon Valley savent les atteintes de l’informatisation généralisée au corps, à la sensibilité, l’apprentissage, la pensée, à la vie sociale, à la présence au monde. Ordinateurs, télés et consoles de jeu ne font pas seulement écran au monde réel. Ils destructurent les êtres humains. Parents et pédagogues, vous savez aussi les difficultés de concentration des enfants et des adolescents, les troubles d’attention et du sommeil, l’irritabilité, les troubles alimentaires et le surpoids, l’assèchement des relations familiales, l’appauvrissement du langage, de la faculté d’élaborer des raisonnements logiques. Le petit d’homme apprend et grandit par imitation. Animal social et culturel, il devient humain au contact des humains. Que devient-il au contact des machines ? [...]

      Vivre, plus que jamais, c’est vivre contre son temps. La machinisation n’est pas une fatalité, mais le programme que l’industrie et les décideurs ont conçu pour nous, conseillés par les communicants, sociologues et psys experts en soumission : la nôtre.

      http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=455


      • Attila Attila 6 janvier 2021 10:50

        Et je rajoute les Groupes d’Utilisateurs Linux.

        Des centres sociaux ont collaboré avec des associations Linux pour restaurer de vieux ordinateurs déclassés et les proposer aux personnes en fracture numérique.

        L’intérêt de Linux est double pour ces gens :

        le logiciel d’exploitation est gratuit,

        certaines distributions Linux demandent très peu de ressources de l’ordinateur et peuvent donc faire fonctionner de vieux ordinateurs, comme par exemple Lubuntu.

        .

        Liste des groupes d’utilisateurs Linux

        .


        • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 6 janvier 2021 11:40

          @Attila
          J’en profite pour relayer un article d’un de ces groupes :

          GAFAM EST DEVENU GAFA, ON A OUBLIÉ LE « M »Ca me fait toujours bondir quand je constate que des entreprises, administrations ou services publiques diffusent aux employés, aux fonctionnaires ou au public des formats de fichier propriétaires de chez M$. 

          Qu’on critique Apple ou Amazon, je veux bien, mais ils ont de réels avantages compétitifs. Microsoft à l’inverse squatte le marché avec sa daube depuis le départ.

        • HELIOS HELIOS 6 janvier 2021 22:36

          @Opposition contrôlée

          Peu importe la « daube » comme vous dites, l’important est que cela soit accessible a tous.

          Windows est ce qu’il est, et tout le monde sait pratiquement l’utiliser. C’est tres loin d’etre le cas de Linux.
          Il fallait y penser avant.

          J’insiste, c’est exactement comme Android, il domine le marché et n’importe qui sait téléphoner et utiliser un smartphone avec cet OS et.... j’aimerai vous faire remarquer qu’une forte part d’Android est basée sur Linux, justement.
          Quand vous comprendrez que Linux a « raté » son évolution, car il aurait pu eliminer Windows, avec une interface homme-machine acceptable.

          Windows possede un interface minimum pour les « geek » et son interface graphique pour les autres. Pourquoi ce n’est pas le cas de Linux ?
          ... Tout simplement parce que les tentatives d’interfaces graphiques de Linux, toutes differentes les unes que les autres, sont trop loin des standards etablis par Windows et oblige a faire absorber par des utilisateurs lambda un apprentissage trop lourd.

          Je peux vous dire qu’aucun OS ne remplacera Android si celui ci exige de l’utilisateur un changement radical... regardez les difficultés et la segrégation entre les Iphones et les autres ! (et vice versa)

          Ah, j’oubliais... quand on est pas le premier, on essaie d’etre compatible avec ce premier si on veut lui piquer sa place..... Linux n’y arrivera jamais.


        • Attila Attila 6 janvier 2021 23:31

          @HELIOS

          Les centres sociaux et les associations donnent à des personnes novices des systèmes Linux et elles n’ont aucun problème d’apprentissage. Parce que du Linux, il y en a pour tous.

          La raison de la diffusion de Windows vous est donnée dans l’article : Linux étant gratuit n’a pas les ressources financières . . . pour distribuer des chèques aux responsables politiques entre autre.

          .


        • pemile pemile 6 janvier 2021 23:35

          @Attila « donnent à des personnes novices des systèmes Linux et elles n’ont aucun problème d’apprentissage. »

          Je confirme (et même avec des novices de 80 ans !)


        • Attila Attila 7 janvier 2021 09:31

          @ㄈϤ尺Цら
          Linux Mint est très bien, je l’ai sur un portable. Mais il peut être déjà trop lourd en terme de ressources pour un vieil ordi déclassé ou un appareil minimal : j’ai voulu le mettre sur un netbook et ça ramais dur, j’ai dû me rabattre sur Lubuntu.

          .


        • Attila Attila 7 janvier 2021 09:36

          @HELIOS
          «  Quand vous comprendrez que Linux a « raté » son évolution, car il aurait pu eliminer Windows »
          On n’en demande pas tant. Le vrai problème est que l’utilisateur lambda n’a pas le choix : c’est windows imposé épicétou.

          .


        • HELIOS HELIOS 7 janvier 2021 15:52

          @Attila et @pemile

          ... attendez, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas ! Linux (comme Unix, CentOS etc) etaient suffisament bons....
          Ce que j’exprime c’est :

          Quand on n’est pas le premier, on s’aligne d’abord sur le premier, et ensuite on evolue si cela marche ! 

          On s’aligne parce que l’investissement fait par les autres a couté et donc personne ne va le jeter comme cela, juste pour un nom et apparement même pas pour un systeme captif ?.

          Et... votre exemple du vieux qui s’adapte facilement a Linux en est l’exemple car ce vieux là, il n’a rien investi avant sur Windows !

          Autre exemple, vous vous souvenez de ces voitures qui avaient la 1ere vitesse vers le bas (comme la 2nde actuellement) des Volvo peut-etre, les conducteurs s’en plaignaient et aujourd’hui de nouvelles habitudes sont en train de naitre. Celui qui dominera sera celui qui fera apprendre au plus grand nombre son ergonomie. Volvo en son temps avait modifié ses BV.

          Quand je dis que Linux a raté, c’est qu’il n’a pas su imposer sa propre ergonomie car elle a buté sur celle de Windows. point. ... et le pire, c’est qu’il persiste, ce n’est pas une question d’argent, juste un entetement inutile.

          En fait, les Linuxphiles n’ont pas compris que ce n’est pas Linux qui est rejeté mais tous ces Kde,Mate, Gnome et autres Cinnamon tous differents entre eux et surtout differents de celui qui est le plus diffusé quelqu’en soit la raison, car c’est l’utilisateur qui a raison, le vendeur vend ce qui se demande, vous le savez bien.
          Qui demande du Linux qu’aucun fils, petit cousin ou petit fils, voisin n’est capable d’utiliser ?


        • Angelle 17 janvier 2021 17:47

          Merci pour ce contenue qui résume bien le monde numérique en France. c’est une technique qui me permet a moi d’avoir des employés un peu partout dans le monde. C’est vraiment efficace pour ceux dont leur vie dépend des sites de comparateurs de prix, boutique d’e-commerce etc., mais pour les autres types d’entreprise je ne pense pas que le rendement soit le même. Le numérique prend un grand part en France et nous devons nous y conformer   

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