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La soi-disant vengeance iranienne : quelle stratégie ?

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On lit souvent dans les journaux quotidiens des menaces incessantes de la part des têtes dirigeantes du régime iranien et l’intention des mollahs à user de représailles contre les Etats-Unis d’Amérique. Mais la réalité dément ces menaces. Ce ne sont que des déclarations creuses visant à absorber la colère des alliés et des partisans des mollahs devant les coups successifs qu’ils reçoivent.

De plus, il y a les effets de la politique de sanctions sévères du président Trump sur les mollahs il y a plus de deux ans. Le grand écart entre les menaces des mollahs et la réalité de leur comportement hautement calculé est une stratégie bien pensée. Elle est basée sur la patience pour obtenir une victoire politique morale sans aventurer dans la confrontation directe avec le camp américain dominant et capable de résoudre tout conflit militaire limité ou général avec le régime des mollahs.

Depuis la révolution de Khomeini en 1979, il apparaît que les intérêts et la survie du régime priment sur ses calculs et ses normes. En témoignent les nombreuses positions fondées sur le principe de la taqiya politique, que les dirigeants du régime appliquent à bon escient. Le régime avait déjà fait face aux vents violents de la colère américaine en 2011, lorsque les États-Unis ont décidé de punir les talibans afghans pour avoir hébergé des dirigeants et des agents d’Al-Qaïda dans leur pays.

Le même comportement a été observé en 2003 lors de la guerre américaine contre le régime de Saddam Hussein. Dans les deux cas, les mollahs ont fourni tout le soutien et les installations nécessaires aux forces américaines par crainte de subir la colère de Washington.

Il y a aussi la fameuse déclaration de Khomeini. En 1988, il a accepté la résolution 598 de l’ONU sur un cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre Iran-Irak, comparant son geste à boir «  une coupe de poison.  »

Je me souviens très bien qu’à la mi-2003, quelque 127 parlementaires iraniens ont adressé une note au Guide suprême Ali Khamenei lui demandant de faire comme son prédécesseur Khomeini qui, contre son gré, a accepté ladite résolution du CSNU. Lui aussi devrait boire le calice jusqu’à la lie «  si nécessaire pour défendre les piliers du régime et l’indépendance du pays.  »

Donc, c’est pas rare dans les comportements politiques des mollahs, qui font passer les intérêts du régime avant toute autre chose. On peut affirmer que le régime des mollahs fonde ses positions escalatoires actuelles sur une stratégie à objectifs de long terme, notamment le désir de pousser les Etats-Unis à prendre une décision historique de retirer toutes leurs troupes stationnées dans la région du Golfe.

Un tel jugement suppose que les intérêts américains sont fondés sur le contrôle des ressources pétrolières et la garantie de la sécurité des alliés, notamment d’Israël, ainsi que sur une diminution de la dépendance américaine du pétrole du Golfe.

Il manque, en revanche, d’autres données significatives à cette évaluation. La supériorité stratégique des États-Unis sur les autres acteurs de l’ordre mondial actuel dépend entièrement de l’étendue de son influence dans les zones sensibles aux économies des adversaires et concurrents, comme la région du Golfe.

La présence militaire américaine ne dépend donc pas seulement des besoins en pétrole du Golfe. Elle doit aussi permettre de prendre pied dans des zones vitales pour les concurrents ou, en d’autres termes, de disposer des moyens de pression requis pour influer sur les positions et les politiques des adversaires si nécessaire.

Tout compte fait, les déclarations insistantes des dirigeants des mollahs que leur objectif d’«  expulser les forces américaines d’Irak et du Golfe  » est en train de se réaliser sont tout à fait incrédibles. Les derniers épisodes de ces déclarations rêveuses ont été faits par le président iranien.

Hassan Rouhani a récemment déclaré que «  la vengeance de l’Iran pour l’assassinat de Qassem Soleimani ne prendra fin que lorsque le pied américain de cette région sera coupé. Téhéran coupera le pied de Washington de cette région, en échange de couper la main de Qassem Soleimani.  »

Les États-Unis, avec toutes leurs vastes ressources et capacités militaires, sont capables de protéger leurs forces partout dans le monde. Il reste alors envisageable de déployer et de redéployer ses forces en fonction des procédures de protection de son personnel par exemple. Mais elle ne se retirera pas complètement de la région du Golfe comme le suggèrent les mollahs.

De telles déclarations deviennent donc de simples jacassements qui reflètent le peu d’horizon des mollahs, et leur désir de trouver une issue pour sauver la face après avoir subi de longues défaites et coups successifs à l’intérieur comme à l’extérieur.

Là encore, l’objectivité exige de dire que les mollahs peuvent réussir à toucher un objectif très vital pour eux grâce à cette stratégie de patience. Ils pourront garder leur régime en vie. C’est un but inavoué qu’ils ont. Mais dans les calculs du régime, il est plus important que tout autre objectif qu’ils poursuivent, comme «  expulser les forces américaines de la région  » ou défendre la cause palestinienne.

Tout bien réfléchi, on peut bien comprendre les déclarations et les menaces des dirigeants du régime au sujet de venger la mort du général Qassem Soleimani ou du scientifique nucléaire Mohsen Fakhrzadeh, ou d’autres événements qui ont éclaté au cœur des villes iraniennes sans que l’on découvre les causes et l’identité des protagonistes.

Tous leurs discours alarmistes ne font que jeter de la poudre aux yeux, gagner du temps et de la sympathie, sans se fonder sur des faits ou des gestes concrets. Le seul cas où cela serait possible est si le sort du régime des mollahs était assuré et non concerné par une quelconque réaction négative si l’une de ces menaces était mise à exécution. Mais un tel cas est irréaliste compte tenu de l’isolement des mollahs et de l’hostilité profonde qui les entoure en Iran et à l’étranger.


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2 réactions à cet article    


  • Samy Levrai samy Levrai 6 janvier 2021 17:10

    J’ai un truc qui devrait intéresser les Emirats et qui explique pourquoi ça flippe chez tous les mamamouchis de l’Empire...

    https://southfront.org/analysis-of-the-iranian-missile-strikes-on-ayn-al-asad-airbase/

    Oui les Etats Unis ont une énorme puissance de frappe mais l’Empire prend l’eau et il ne peut plus soutenir ses politiques.


    • Jonas 7 janvier 2021 07:50

      Une fanfaronnade  , une de plus du régime criminel des mollahs, pour détourner l’attention du grand peuple iranien des difficultés économiques et sociales ainsi que l’incapacité de lutter contre la Covid-19 qui fait des ravages dans le pays. Les chiffres donnés par le régime , ne reflète nullement la réalité. 

      Plusieurs députés du régime criminel des mollahs ont présenté un projet de loi , invitant le gouvernement à rayer israël avant 2041. 

      Pourquoi 2041 et pas avant ?

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