Demandez le programme !
L’AGIMO a proposé un gouvernement provisoire des organisations ouvrières pour faire écho au mot d’ordre des gilets-jaunes : « Macron démission ». Nous indiquions ainsi la voie à suivre pour remplacer Macron et son gouvernement : gouvernement PC/PS/LFI… La question reste d’actualité. Elle est posée maintenant à la fois dans les mouvements sociaux et dans le débat qui se fait jour dans le mouvement ouvrier à la suite de l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Cette candidature apparait comme un acte de division. Les milliardaires qui possèdent les grands médias ne s’y trompent pas. Ils se sont empressés de donner micros et caméras à tous ceux qui veulent annoncer leur candidature. C’est pour eux la voie royale pour assurer le succès de leur candidat. Après Mélenchon, se fut Montebourg… Que ceux qui veulent avoir un instant de succès médiatique veulent bien se donner la peine de se présenter au portillon. Ils seront tous dignement accueillis. Déjà, en 2017, nous savons que s’il y avait eu un seul candidat à la place de Hamon et Mélenchon il aurait été élu.
Les irréductibles militants de la LFI cherchent à justifier la candidature de Jean-Luc Mélenchon en nous parlant de son programme. Ils nous reprochent de ne pas avoir de programme puisque nous sommes prêts à accepter n’importe quel candidat du mouvement ouvrier pourvu qu’il n’y en ait qu’un. Nous allons donc préciser notre programme. Il est exact que nous ne posons aucune condition restrictive pour assurer notre soutien à un candidat unique. La meilleure méthode nous semble être de faire des primaires pour tout le mouvement ouvrier et non pas seulement pour le PS comme en 2017. Nous ne demandons pas aux candidats d’exhiber leur programme. D’ailleurs, s’ils faisaient des promesses, nous ne leur ferions pas confiance. Alors ! Que proposons-nous ?
Après l'élection d'un candidat unique du mouvement ouvrier nous demanderons (exigerons) un référendum pour sortir de l'UE. Nous en connaissons l'issue. Donc, ensuite, pendant les quelques mois nécessaires pour réaliser le Frexit, en tenant compte de ce qui s'est fait pour le Brexit, nous demanderons l'application d'une première série de revendications :
• Une seule école pour tous : l'école laïque. Nous demandons l'adoption, comme première réforme de l’enseignement, de la loi Savary qui avait été refusée par Mitterrand.
• La suppression des camps de rétention. Les règles françaises pour les migrants ne doivent pas être plus répressives que celles des anglais. Les migrants ne devraient pas chercher à n'importe quel prix à passer en Angleterre. Réforme des règles actuelles. Si nécessaire, la France devra quitter l’espace Schengen.
• Indemnisation pour les manifestants estropiés notamment lors des manifestations des gilets-jaunes. Amnistie pour tous les manifestants condamnés. Remboursement des amendes.
• Suppression des forces de polices compromises dans la répression et les brutalités contre les manifestants. Remplacement par des brigades de sécurité composées de civils volontaires. Celles-ci seront placées sous l'autorité des directions syndicales.
• Répudiation de la dette. Nous ne devons rien.
• Nationalisation sans indemnités ni rachat de tous les grands médias (télés, radios, journaux, revues) qui sont dans les mains d'une dizaine de milliardaires.
• Réforme de toutes les règles concernant l'information en s'inspirant du programme du CNR et de ce qui a été acquis en Argentine mais en allant beaucoup plus loin pour en finir avec les dogmes imposés et le système de pensée unique. Garantir la liberté d'expression et la possibilité pour chaque courant d'avoir des canaux d'information en respectant des règles de proportionnalité et d'équité.
• Abrogation de toutes les lois liberticides notamment celles de Macron :
-La loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.
-La loi asile et immigration du 10 septembre 2018.
-La loi dite anticasseurs publiée au J.O. le 10 avril 2019.
-La loi « sécurité globale ».
Les réseaux sociaux ne doivent faire aucune censure politique.
• Réforme fiscale. Suppression de la CSG. Plus forte progressivité pour les impôts sur le revenu. Impôts sur la fortune avec forte progressivité. 6 taux de TVA : 0% pour les produits de première nécessité, taux réduit de 5%, taux intermédiaire de 10%, taux normal de 20%, taux pour produits de luxe de 35%, taux pour produits de grand luxe de 50%.
• Retour à la limitation de vitesse à 90 km/h au lieu des 80 km/h… Il ne faut rien garder de ce qu’ont amené Macron et ses milliardaires.
L'étape suivante sera la convocation d'une assemblée constituante et, quand on est démocrate, on ne dit pas à l'avance que cette assemblée décidera de mettre en place une 6ème république. Les travailleurs décideront eux-mêmes. Ils voudront peut-être une république des conseils ouvriers...
J’espère avoir ainsi rassuré ceux qui disent que nous n’avons pas de programme et j’espère que nos propositions vont dans le sens souhaité par les militants de la France Insoumise et des autres partis de la classe ouvrière.
Il faut maintenant être plus précis. Le programme en quelques étapes dont nous venons de tracer les grandes lignes correspond à ce que les militants appellent de longue date le programme minimum. Le programme maximum étant la réalisation du socialisme. Mais, en fait, notre programme est le « programme de transition » de Trotsky. Celui-ci fait tomber la barrière entre programme minimum et programme maximum. Les revendications que nous avançons ouvrent la voie au socialisme car nous savons très bien qu’il est impossible de marier l’eau et le feu. Nous savons très bien que les milliardaires qui ont réussi en 2017 leur énorme arnaque contre les travailleurs n’accepteront pas, de leur plein gré, de rendre tout ce qu’ils ont pris que ce soit en ce qui concerne les libertés qu’ils nous ont confisquées que les avantages matériels ou le monopole de l’information-désinformation.
Ceux qui laissent entendre qu’ils auraient la formule miracle pour satisfaire les revendications des travailleurs avec l’accord, entre hommes de bonne volonté, tout à la fois des milliardaires français, de la finance internationale et de l’impérialisme américain qui a créé l’UE vous mentent. Ceux qui, comme Tsipras, ont fait croire au peuple grec qu’il pourrait gagner quelque chose sans quitter l’UE mentent.
Nous ferons tout ce que nous pouvons pour qu’il y ait un candidat unique du mouvement ouvrier. Nous avons la certitude, si nous y arrivons, que ce candidat, quel qu’il soit, remportera l’élection présidentielle car l’unité « emporte tout sur son passage » : l’enthousiasme populaire, le ralliement des classes moyennes, la mobilisation des énergies… Comme le dit Jean-Luc Mélenchon : « l’aspiration populaire à l’unité est tellement puissante qu’elle déchiquette ceux qui se mettent en travers de son chemin » (Cf. Bilan raisonné de 1981… 26mn44s). Nous savons que ce ne sera pas notre victoire mais celle de tous ceux qui aspirent à cette unité et ils sont nombreux dans des partis politiques très différents. Nous savons qu’une telle victoire sera source d’espoir pour tous les exploités qui se réjouiront. Nous serons de tout cœur avec eux mais nous ne ferons pas la fête… Nous préparerons les lendemains en sachant que rien ne sera obtenu sans mobilisation ouvrière constante.
Nous savons aussi que si nous ne gagnons pas cette étape, s’il y a comme en 2017 plusieurs candidats des organisations ouvrières, alors les travailleurs subiront une terrible défaite. Nous ne sommes plus dans un régime démocratique. Nous ne sommes même plus dans un régime de type bonapartiste comme l’était la 5ème république créée par De Gaulle. Macron n’a rien d’un Bonaparte. Nous sommes déjà entrés dans un régime de dictature. Les quatre lois liberticides mises en place depuis l’investiture de Macron en sont l’aspect le plus visible. Mais cela ne suffit pas aux capitalistes qui doivent maintenant interdire toute contestation de leur politique. Ils doivent museler la classe ouvrière. La crise sanitaire du Covid masque encore en grande partie la terrible crise dans laquelle nous sommes d’ores et déjà entrés. C’est une terrible misère qui s’abat sur le pays et les puissants veulent être en mesure de mâter toute révolte. Les enjeux de ces élections sont de première importance autant que les mouvements de protestation contre toutes les mesures dictatoriales qui se mettent en place.
L’AGIMO entend jouer pleinement son rôle dans cette situation. Nous avons expliqué qu’il n’y a plus de trotskistes en France. C’est dire que nous-mêmes ne nous considérions pas comme trotskistes. Mais l’AGIMO est actuellement en pleine mutation. Nous voulons reprendre le combat pour la construction d’un parti révolutionnaire qui ne peut être qu’un parti mondial de la révolution. C’est tout l’héritage de Marx, Engels, Lénine et Trotsky qu’il faut reprendre. Nous avons donc décidé de prendre contact avec plusieurs organisations internationales dans cette perspective. Nous en reparlerons. Nous voulons nous lancer dans cette démarche sans aucun sectarisme. Beaucoup d’autres militants se sont posés les mêmes questions que nous dans diverses organisations. Nous voulons discuter avec tous. La politique qui est la nôtre au niveau national, avec ce combat pour un candidat unique du mouvement ouvrier, est un point essentiel de notre programme. Nous espérons que ce combat sera repris par un grand nombre de militants dans de nombreuses organisations.
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