Les « sans-papiers », la dialectique et nous...
Dans une vie militante il y a toujours, pour tout révolutionnaire, une lancinante alternance entre ce qui est une certitude, une conviction, un axe en somme et, parfois, un doute, une interrogation, voire une fausse note, qui se glisse dans le discours et l'action militante.
Parmi mes convictions, il y avait et il y a toujours l'inébranlable point de vue que cette société capitaliste, basée sur l'exploitation de son voisin et sur l'enrichissement personnel des dirigeants d'un monde à la dérive, nous emmène au chaos social et à la guerre. Qu'en ce sens il est nécessaire de la combattre et de la transformer.
Parmi mes doutes, il y a eu certaines formulations de mon camp politique (pour faire court on emploiera le terme de marxiste-léniniste) telles que celle qui, aujourd'hui, rejoint l'actualité avec l'assassinat au nom de l'islam d'une policière par un tunisien "régularisé"... Cette formulation, sous forme de revendication centrale et répétée, c'est : "Régularisation sans conditions de tous les sans-papiers". J'ai souvent vu, entendu, parfois répété - peut-être - cette phrase dans notre journal, Informations Ouvrières, dans nos réunions, dans nos actions...
Mais, au fond, je n'ai jamais vraiment été d'accord avec cette revendication. Non pas, d'ailleurs, que je refuserais d'aider de pauvres bougres qui, fuyant leur pays de misère, aurait rejoint la famille des travailleurs français, cela, non, ne souffrait pas de ma part la moindre réticence, ni philosophique ni politique... Non... ce qui me gênait, c'étaient plutôt ces mots-là : "Tous" et "Sans conditions". Car englober tous les sans-papiers dans une seule unité désincarnée - celle des immigrés, des victimes en somme - même si la dialectique marxiste nous ordonne de considérer qu'il ne s'agit là que d'un mot d'ordre tactique, synthétique et unitaire donc mobilisateur - cela ne peut dissimuler, à terme, les contradictions, les problèmes que cela risquait d'engendrer... plus tard ! Evidemment, nous ne nous posions pas ces questions puisque l'essentiel était d'organiser la résistance contre ce système bourgeois pourrissant et que la perspective d'un lendemain réellement socialiste, même lointain, allait nécessairement résoudre ces questions. Nous n'avions tout simplement pas conscience - cela me paraît d'ailleurs totalement normal - qu'un jour les vies d'êtres humains partageant malgré tout, peu ou prou, nos valeurs démocratiques et républicaines, pourraient être menacées par précisément une partie de ceux dont nous demandions "sans conditions" la régularisation... Je dis que notre comportement était normal parce que dans la perspective qu'il était possible d'aboutir à un changement radical de système on ne peut évidemment pas se susurrer à l'esprit et à l'oreille que nous allions pendant longtemps devoir continuer à vivre dans ce système bourgeois pourrissant et que la perspective révolutionnaire s'éloignerait au point de ne plus même en apercevoir le reflet lointain ! C'est hélas le sentiment militant moyen actuel pour beaucoup de militants de base.
Quelque chose a bougé dialectiquement. Je le dis à mes camarades marxistes : hier n'est pas aujourd'hui ni demain, parce que ce qui a bougé et qui a fait , comme nous le répétions souvent, que la "quantité se change en qualité" c'est qu'aujourd'hui c'est notre peuple qui est attaqué et que, même si nous pouvons, le front haut et sans renier notre bagage politique, continuer de défendre tous les peuples de la terre et de mener un combat internationaliste, nous nous devons de combattre sans délai ni hésitation tout ce qui est contradictoire, antagonique, à notre classe et à notre peuple. Il n'y aura pas de changement social, de victoire du camp des exploités dans la persistance de cette sorte de déni crypto-stalinien consistant d'une part à ignorer le danger réel de l'islam pour notre pays et la menace sur la laïcité et, d'autre part, dans l'accusation systématique de certains dirigeants des positions philosophiques ou politiques de ceux qui combattent l'islam de conquête.
Régulariser tout le monde, le faire sans conditions... quels dégâts aujourd'hui ! ... Ces milliers de musulmans - et d'étrangers de tous pays et de toutes convictions - sont d'entrée de jeu confortés par les campagnes de "régularisation" dans leur attitude initiale de "hors-la-loi". Consciemment ou pas, ils vivent désormais chez nous, en France, dans le pays des gouvernants lâches et corrompus, avec l'idée que d'être en dehors des clous, de ne pas respecter les usages - démocratiques ou tout simplement légaux - de notre pays, et bien finalement c'est payant, c'est la bonne solution ! Ils ont raison : cela va dans le sens de leurs intérêts personnels et "communautaires".
Il en va de même pour tout ce qui n'est pas respecté dans les quartiers dits "défavorisés" : les incendies d'écoles, de véhicules, les attaques au mortier contre les pompiers, le trafic de drogue, les intimidations sexistes, etc. Il en va de même, oui, de tous ces actes commis par des "jeunes", disent-ils pour ne pas les qualifier au moins de voyous, qui narguent au quotidien la police et la population et qui savent à l'avance que l'impunité leur est quasiment intégralement acquise. Même si nous pouvons comprendre ce qu'est la "jeunesse" et ce que sont des quartiers de concentration communautaire.
Pendant ce temps-là, presque dans l'ombre, les véritables ennemis des travailleurs et de la population, à égalité avec les dirigeants de notre Cinquième République et leurs donneurs d'ordre - Union européenne, banquiers et grands patrons - posent un par un tous les pions de l'islam de conquête : les frères musulmans et leurs alliés turcs, les associations musulmanes et/ou racialistes sans oublier les "intellectuels" invités régulièrement sur les plateaux de télévision.
Régularisation de "tous", "sans conditions". Non ! Dix fois non ! Mais il ne s'agit pas seulement de dire non et de plonger soudainement un certain nombre d'immigrés dans le rejet total et donc la révolte. Il ne s'agit pas seulement de bloquer les passages clandestins à la frontière ni d'expulser, bien que ce soit un minimum pour un pays prétendant défendre son peuple contre les dérives meurtrières actuelles qui ne sont jamais que les conséquences, au même titre que les dérives économiques et sociales impulsées par l'U.E. et la "mondialisation", de plus de trente ans de politiques internationales complices.
Il s'agit aussi de défendre pied à pied la laïcité, toute la laïcité. Et d'imposer la République, toute la République. Il s'agit de reconstruire et non de déconstruire comme disent nos adversaires. Il va falloir balayer devant notre porte. Comme disent les irlandais révolutionnaires : "Nous, nous-mêmes" !
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