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Les voisins des mollahs et le sort de l’accord nucléaire

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Au milieu de la préoccupation du monde pour les développements rapides sur le sol afghan depuis que les talibans ont pris le contrôle de la capitale Kaboul, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié un rapport indiquant que l’Iran a accéléré l’enrichissement de l’uranium à un ratio proche de celui nécessaire pour fabriquer des armes nucléaires.

A cette fin, Téhéran a eu recours à deux séries de centrifugeuses avancées, dont l’une enrichit l’uranium à une pureté de 60 %, a précisé l’agence. L’Iran utilisait un groupe de 164 centrifugeuses IR-6 pour enrichir jusqu’à 60 % un réacteur en surface à Natanz, indique l’agence dans son rapport.

L’agence a confirmé qu’elle avait vérifié que l’Iran utilisait désormais ce groupe et un autre groupe de 153 dispositifs IR-4 dans le même but. Les États-Unis, pour leur part, ont réagi au rapport de l’AIEA en appelant le régime des mollahs iraniens à cesser l’escalade nucléaire, à revenir aux négociations et à respecter pleinement l’accord nucléaire.

Le développement n’est sans doute pas entièrement surprenant pour les observateurs à la lumière de la fréquence des violations iraniennes des termes de l’accord nucléaire ces derniers temps. Il y a aussi son affrontement avec l’AIEA et le refus de l’Iran de fournir aux inspecteurs de l’AIEA les vidéos enregistrées par les caméras de surveillance sur les sites convenus ces derniers mois.

Il faut dire que le rapport de l’AIEA est en fait auto-exonérant de ce qui se passe au niveau du programme nucléaire iranien. Il est actuellement difficile pour l’AIEA de connaître le rythme réel de son développement, car elle ne parvient plus à suivre ce qui se passe sur le terrain.

Tout porte à croire que Washington a jeté un froid sur la question d’une réponse militaire à l’attaque de l’Iran contre le pétrolier israélien Mercer Street en mer d’Arabie fin juillet, afin d’augmenter les chances de succès des négociations de Vienne sur le retour à l’accord nucléaire signé en 2015. Mais le hic, c’est que les choses se compliquent.

Plusieurs données affaiblissent la position américaine au profit de celle de l’allié iranien. Au premier rang de ces données, le nouveau développement en Afghanistan.

Le retrait rapide des États-Unis et le contrôle du pays par les talibans en un temps record différent de celui prévu par les États-Unis est une autre pression sur l’administration Biden non seulement compte tenu de la faiblesse de l’administration Biden, confrontée à de vives critiques intérieures et extérieures pour ne pas avoir réussi à estimer un scénario post retrait et éviter les scènes confuses lorsque les forces américaines ont quitté l’Afghanistan.

De plus, les mollahs iraniens pourraient se sentir enhardis par le départ des forces américaines d’Irak et d’Afghanistan. Les mollahs iraniens pourraient voir dans ces développements le signe d’un déclin de l’influence américaine au niveau mondial, ce qui rendrait difficile l’obtention de concessions de leur part à la table des négociations de Vienne.

La ligne dure de l’Iran peut être soutenue et encouragée par d’autres grandes puissances qui veulent saper l’influence des États-Unis sur les questions internationales. Une autre pression forte sur le négociateur américain est la confusion stratégique de l’administration actuelle.

Cette dernière tarde peut-être à résoudre les dossiers en fonction de leurs priorités et de leur impact sur les intérêts américains. Il s’est retrouvé face à des problèmes accumulés qui nécessitaient une résolution et qui étaient organiquement liés d’une manière ou d’une autre. Il n’y a pas de séparation entre l’évolution de la question afghane et le sort de l’accord sur le nucléaire iranien.

On ne peut pas non plus séparer la puissance des États-Unis que le président Biden a promis de restaurer des scènes de personnes tombant des avions américains à l’aéroport de Kaboul. De même, il est difficile de séparer le retrait des troupes américaines en Irak et en Afghanistan à des moments rapprochés et ce qui se passera dans tout futur cycle de négociations à Vienne.

Je pense que la réponse collective promise par les États-Unis à l’attaque iranienne contre le pétrolier israélien a été retardée et que la politique d’attente face aux violations du roi d’Iran va se poursuivre. Ce qui s’est passé en Afghanistan signifie qu’il y a maintenant deux régimes religieux durs voisins et l’échec du plan de démocratisation de la vie afghane.

Tout ça est dans l’intérêt des mollahs iraniens et augmente leurs chances d’obtenir des concessions majeures de la part de la Maison Blanche, qui cherche par tous les moyens une réalisation qualitative majeure qui détourne l’attention des échecs en Afghanistan et en Irak.

À la lumière de ce qui précède et des variables stratégiques critiques qui ont résulté de la proximité des mollahs afghans et iraniens, on peut dire que toute concession substantielle des États-Unis aux mollahs iraniens dans la prochaine phase aura un impact négatif sérieux sur la réputation et la position mondiale des États-Unis.

Ça sera perçu au niveau mondial comme une nouvelle défaite américaine. Et ça pousse le monde dans une nouvelle phase de conflits polaires visant à combler le vide créé par la retraite américaine. Ça nourrira les ambitions des puissances régionales et leur capacité à propager davantage de chaos et de troubles.

Et ça pourrait aussi accélérer une guerre irano-israélienne, surtout si le gouvernement de Naftali Bennett est certain que l’Iran est en fait proche de posséder la bombe. L’allié américain ne les punira pas pour leurs violations, mais leur fera de nouvelles concessions afin d’obtenir un résultat politique qui compte pour l’administration Biden.

 


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7 réactions à cet article    


  • Samy Levrai samy Levrai 27 août 2021 16:49

    Mais qui donc a mis fin à l’accord sur le nucléaire iranien ?


    • tonimarus45 28 août 2021 16:34

      @samy Levrai le tartuffe auteur de l’article n’a pas l’air de le savoir ??????????


    • Mellipheme Mellipheme 27 août 2021 17:28

      Article intéressant.

      Il confirme ce que je ressens : nous sommes dans un monde instable, la probabilité de conflits majeurs augmente d’année en année, principalement du fait de la stupidité de la politique américaine depuis au moins 20 ans et du suivisme béat de l’UE (deuxième guerre d’Irak, guerre de Libye, guerre d’Afghanistan, menaces contre-productives à l’égard de la Russie et de la Chine, etc.)

      Dans votre tour d’horizon géo-stratégique vous semblez oublier la Turquie ?


      • amiaplacidus amiaplacidus 27 août 2021 18:13

        @Mellipheme
        « Il confirme ce que je ressens : nous sommes dans un monde instable, ... »

        Vous pourriez ajouter un autre cliché : l’avenir est plus incertain que le présent.


      • Mellipheme Mellipheme 27 août 2021 21:42

        @amiaplacidus
         smiley  smiley  smiley


      • Effondré remonté Effondré remonté 28 août 2021 16:44

        Je crois que l’Iran a viré sa cuti (y’a encore des d’jeuns pour utiliser l’expression ?) depuis lurette et serait au moins aussi responsable qu’Israël pour l’emploi éventuel de ces armes... c’est-à-dire ..euh....pas extrêmement quand on connaît la folie victimaire renversée en paranoïa d’exactions de l’entité sioniste, depuis sa très douteuse création !

        En tout cas, cela rétablirait un équilibre de la terreur dans cette partie du monde : déjà Israël est désormais totalement interdite de Liban-Sud grâce à la myriade de missiles du Hezbollah et ne pourra plus jamais passer ses nerfs en rasant tel ou tel quartier chiite de Beyrouth sous peine de rétributions à proportion...

        Non, s’il y a bien un pays de plus en plus problématique en matière de possession d’armes nucléaires, c’est bien  outre les USA qui ne savent même plus les entretenir ainsi que leurs vecteurs mais sont les seuls à les avoir déjà utilisées et sont prêts, rampante doctrine officielle, à les réutiliser en première frappe  le Pakistan en voie de talibanisation, en passe de se faire dévorer par ses créatures (les Talibans sont, pour les deux tiers, soit des Pakis issus des zones tribales et manipulés par l’ISI, les services pas si secrets du Pakistan, soit des Afghans radicalisés passés par les madrasas et autres écoles du terrorisme pakis) à mesure que ce pays de 212 M s’effondre sous tous les plans : économique, politique, social et culturel...


        • Aimable 28 août 2021 21:11

          les voies de la politique et la diplomatie sont comme celles du seigneur , c’est a dire impénétrables et les tentative de compréhension vouées a l’échec .

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