Election présidentielle : surprenantes omissions aux débats des primaires « écologistes » !
La nouvelle révolution numérique avec ses avantages et ses inconvénients. La dette dont le remboursement se posera et ne sera guère aisé. La démographie qui ne cesse d’exploser, alors que notre impact environnemental dépend de note mode de vie multiplié par notre nombre. On peut dès lors regretter que ces thématiques ne préoccupent guère les candidat(e)s président(e)s...
Trois débats pour les primaires « écologistes », ni la démographie, la nouvelle révolution numérique ou la dette ne furent évoqués, ce qui augure mal pour les débats à venir des autres formations politiques
Un premier débat entre les cinq candidats à la primaire « écologiste » a eu lieu dimanche 12 septembre organisé par France info et France Inter avec Le Monde. Le second a eu lieu mercredi 8 Septembre organisé par LCI et le troisième vendredi 10 Septembre organisé par Médiapart. Le premier tour de la primaire aura lieu du 16 au 19 septembre. Participent à ces primaires : Yannick Jadot, Eric Piolle, Sandrine Rousseau des Verts, Delphine Batho de Génération écologie et Jean-Marc Governatori de Cap écologie ( AEI et Cap 21), le MEI d’Antoine Waechter n’y participait pas.
Lors du premier débat, comme au second ou au troisième, tous les candidat(e)s à ces primaires n’ont cessé de faire référence à l’écologie. Les cinq candidats ont tous tiré la sonnette d’alarme sur la situation écologique du pays et du monde, avec des propositions, lorsqu’elles étaient formulées, s’avérant parfois contradictoires, par exemple : s’ils sont tous d’accord pour sortir des énergies fossiles, dont le nucléaire fait partie avec l’uranium et veulent les remplacer par des « énergies renouvelables ». Or ces « énergies renouvelables » ne fonctionnent pas qu’avec le vent ou le soleil. Pour construire des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques, cela relève de l'industrie et de la technologie, avec usage des hydrocarbures, mais aussi des terres rares, qui ne le sont pas toutes, mais font partie des ressources fossiles, dont sont extraits les métaux rares. La production des « terres rares » est actuellement détenu à plus de 90 % par la Chine qui lorgne également le sous sol Afghan des Talibans. Ces ressources fossiles dont l’extraction se fait au détriment de la santé des salariés et des riverains, en défonçant les sol !! Sans compter l’entretien des installations qui a également un coût financier et énergétique…
Ces candidat(e)s « écologistes » devraient savoir qu’au niveau actuel de consommation qui s’accompagne d’une croissance démographique, les énergie dites « renouvelables » ne peuvent compenser les énergies fossiles et le nucléaire. Par exemple : La consommation mondiale d’électricité était en 2018 de 3130 kW heure par habitant. La population mondiale était de 7,6 milliards d’habitants, soit 3130 kW heure X 7,6 milliards d’habitants= 23 788 milliards de kW/heures.
Même si la consommation n’augmentait plus, avec la même consommation par habitant qu’en 2018, mais avec une population de 10 milliards d’habitants en 2050, cela ferait une consommation de 3130 kW/h X 10 milliards = 31 300 milliards de kW/heure, soit plus de 7 512 milliards de kW/heures. Ce qui signifie que pour fermer un réacteur nucléaire, aujourd’hui, il faudrait non seulement réduire d’autant la consommation, avec aux marges un recours au vent, au solaire ou à l’hydraulique, tout en amorçant d’urgence une baisse choisie de la population et qui soit la plus équitable possible. L’éducation et le planning familial étant les meilleurs outils dans ce domaine.
En se bornant essentiellement à des constats, certes justifiés, mais sans faire des propositions détaillées et réellement chiffrées, bien qu’il y ait eu une approche de ce coté là au cours du troisième débat, les participant(e)s à ces primaire, se sont souvent illustrés par des déclarations plutôt incantatoires, surtout lors du premier débat, telles que : « Nous sommes dans une situation d’urgence dont il faut tirer les conséquences », a assuré Delphine Batho, en précisant toutefois sur le coût financier : « oui, il y a des leviers et des marges pour trouver de l'argent. Ce qui creuse l'endettement aujourd'hui, c'est l'obsession pour la croissance économique » !... Alors que Jean-marc Governatori renchérissait :« Ce dont on parle, c’est la survie de l’espèce humaine et l’habitabilité de notre planète »… Yannick Jadot rajoute. « On est tous concernés par la situation écologique » et de poursuivre « J’appelle les Français à s’emparer de cette primaire, à s’emparer de l’écologie, C’est le seul logiciel qui nous permet de faire face au futur ». Pour Eric Piolle il faut : « Retrouver notre harmonie avec la nature, et notre harmonie entre nous, dès l'arrivée à l'Elysée, nous agirons pour vous. Pour la première fois, il peut y avoir une présidence écologique ». Sandrine Rousseau qui est la plus à gauche et mène surtout un combat féministe, notamment, en se référant à un texte de Virginie Despente « appelle toutes celles qui se lèvent et se cassent à revenir dans le jeu démocratique ».
Bon ! Mais avec cela, ça ne nous éclaire guère sur les mesures à prendre et combien ça va coûter.
Malgré des différences affichées par les candidat(e)s lors de ces trois débats, il y a eut unanimité pour ne pas évoquer la démographie, la dette et la révolution numérique…
Pour rappel, il n'y a pas d'écologie de combat, positive ou négative, urbaine, de campagne ou sociale. L'écologie, au sens premier du terme est une discipline scientifique dont l'objet est l'étude de la biodiversité, c'est à dire des interactions des êtres vivants avec leur environnement et entre eux au sein de cet environnement. le tout étant désigné par le terme "écosystème". L'écologie Science est d’abord une discipline pratiquée par des scientifiques que l'on nomme écologues.
Par extension politique, l'écologie est une démarche militante qui tente de définir un projet de l'organisation sociétale humaine, présente et à venir pour répondre aux urgences écologiques et climatiques, en se référant aux enseignements de l'écologie science. parmi ces enseignements faut-il rappeler et rappeler encore qu’aucune espèce ne peut se développer indéfiniment au détriment des autres espèces, comme le fait l’homme, sans se mettre elle même en danger et disparaître à son tour. Autre enseignement : dans la nature, le territoire et la vitesse sont garants de la survie. Le prédateur doit disposer d’un territoire le plus vaste possible et courir très vite s’il veut attraper sa proie et la proie avoir un territoire encore plus large et courir encore plus vite pour lui échapper et "sauver sa peau".
Certes, si l’homme en tant que seul animal culturel au sommet de la pyramide des espèces peut s’adapter à différentes situations, et par sa capacité créative de la recherche en médecine échapper aux lois de la sélection naturelle, il n’a pas besoin de vitesse, mais il doit toutefois disposer d’un espace territorial vital minimum. En France, à force de densifier les zones urbaines, pour accepter toujours plus d’habitants que l’on concentre dans un espace qui ne cesse de se réduire, outre l’étalement périphérique qui en découle et affecte les zones agricoles qui sont sacrifiées sur l’hôtel des promoteurs immobiliers, on peut aujourd’hui déplorer les impacts et la violence qui peut en découler…
Vu l’impact démographique sur le climat et ses effets migratoires, qui est aussi source de conflits entre pays touchés par ces calamités, auxquelles s’ajoutent les problèmes d’accès à l’eau, ne pas intégrer la problématique démographique lors des élections présidentielles de 2022, à fortiori pour des candidat(e)s se réclamant de l’écologie est une hérésie !
Ne pas évoquer la problématique démographique avec des propositions réalistes et objectives pour amorcer en urgence une décroissance, choisie et la plus équitable possible, avec en France, où 80% de la population est urbaine, un réaménagement économique et de l'habitat territorial. Cela passe par une déconcentration des zones urbaines, afin de mieux les répartir dans les zones rurales actuellement délaissées, grâce au télétravail. Dans le cas contraire, toutes les mesures envisagées pour le climat n'auront que peu d'effets, sinon aucun à terme. Comment ne pas s'interroger des risques quand en 30 ans ( l'espace d'une génération) de 1990 à 2020 on passe de 5,3 milliards d’habitants dans le monde à 7,6 milliards. On peut toujours disserter sur le PIB et sa redéfinition en citant l’exemple des catastrophes diverses et leur cohorte de victimes, ainsi que les accidents de la route qui vont faire croître le PIB, ce qui est vrai, mais n’est-ce pas un arbuste qui cacherait la forêt ? Par cette métaphore, la forêt étant ici l’importante proportionnalité existant entre PIB/habitant et empreinte écologique/habitant. A lire également : https://blogs.mediapart.fr/danielmartin137588/blog/010921/election-presidentielle-2022-encore-une-campagne-electorale-des-annees-7080 mais aussi : https://blogs.mediapart.fr/danielmartin137588/blog/140620/la-bombe-demographique-un-peril-majeur-pour-la-planete ou encore : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/post-decroissance-entreprise-4-0-217670
La dette abyssale qui ne cesse d’augmenter, autre dossier absent du débat de ces primaires « écologistes »
Depuis 2020, non seulement la dette Française est exceptionnelle, mais elle ne cesse d’augmenter : toujours selon les estimations de l'Insee, cette dernière est passée de 2379,5 milliards d'euros soit 97,6% du PIB, fin 2019, à plus de 2739 milliards à la fin du premier trimestre 2021. Un bond spectaculaire, et qui devrait se poursuivre. De son côté, dans son projet de loi de finances rectificatif pour 2021, le gouvernement prévoit une dette atteignant 117,2% du PIB à la fin de l'année et qui devrait se poursuive. Au total, la dette a bondi de 1000 milliards d'euros en dix ans : elle atteignait 1745,1 milliards d'euros au premier trimestre 2011 ( https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-dette-publique-francaise-grimpe-a-118-2-du-pib-a-la-fin-du-premier-trimestre-2021-annonce-l-insee-20210625 ).
Plutôt que de l’effleurer rapidement lors du troisième débat, on aurait pu espérer que ce dossier soit évoqué plus largement avec des suggestions faites pour son remboursement, car il faudra rembourser, d’une manière ou l’autre… Ne pas rembourser la dette et sortir de l'euros pour reprendre le franc, comme certains le suggèrent, serait la pire des réponses à apporter...
- Pourrons-nous le faire sur une période beaucoup longue que celle prévue actuellement, éventuellement renégocier et abandonner une partie de la dette et comment l’imposer aux marchés financiers ? Ce qui ne peut que se faire qu’avec les autres pays de l’UE et est-ce possible ?
- Comment imposer une redéfinition, par exemple, des taux d’emprunt, mais aussi revoir l'article 123 du traité de Lisbonne qui interdit que la Banque Centrale Européenne (BCE) et les banques centrales nationales n’accordent de découvert ou tout autre type de crédits aux institutions, organes ou organisme de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales, aux autres organismes, en particuliers aux Etats de l’UE ?… Autrement dit un Etat comme la France va emprunter, par exemple 200 milliards d’euros à 0,50 % d’intérêt, via les marchés financiers à des banques privées qui auront emprunté à taux zéro, voire négatif auprès de la BCE.
A noter que les seuls intérêts d’emprunt « frôlent » les 50 milliards d’euros par an et l’État est contraint de se plier à une forme de « cavalerie » financière des emprunts pour rembourser l’endettement d’une année sur l’autre…
Il est incroyable que ce dossier fut presque totalement absent du débat de ces primaires écologiste !
Autre omission et pas des moindres avec la nouvelle révolution numérique et ses perspectives entre avantages et inconvénients
Après la machine à vapeur, la production d’électricité et l’invention du moteur électrique, suivi du moteur à explosion et de l’ordinateur, avec une modification en profondeur du rapport au travail, des déplacements, des relations sociales et du rôle de la femme, chacune de ces découvertes avaient chaque fois provoqué une mutation anthropologique qui déterminait tour à tour les trois révolutions industrielles. Aujourd’hui avec la nouvelle révolution numérique, nous vivons une nouvelle mutation anthropologique, mais aussi une quatrième révolution industrielle, ainsi définie par les experts du forum économique mondial de Davos qui n’excluent pas, par ailleurs, 5 millions de chômeurs supplémentaires au sein de l’UE en 2025 et dont il est aisé d’imaginer le vécu à terme… Certes, comme nous ne pouvions imaginer au début des années 80 l’émergence des plateformes numériques actuelles, de nouvelle activités que l’on ne peut encore imaginer vont apparaître, mais cela risque fort de ne pas compenser pour autant les déficits d’intervention humaine dans l’entreprise de demain.
Depuis le début des années 2010, La nouvelle révolution numérique qui se traduit par un système interconnecté reliant machines et méthode de gestion par des robots avec une nouvelle forme « d’intelligence artificielle » qui leur fait changer de statut, en particulier avec l’émergence de « l’entreprise 4.0 » qui peut fonctionner pratiquement sans intervention humaine (gestion, production, transport). Certaines entreprises de la grande distribution ont déjà inauguré partiellement ce type d’organisation « 4.0 ». Il n’y a pas que les entreprises de la grande distribution qui peuvent et vont adopter la formule de « gestion et de production 4.0 ». Avec le développement inévitable de la 5G et l’informatique quantique, nul doute qu’un nombre sans cesse croissant d’entreprises fonctionneront sans très peu d’intervention humaine, laissant ainsi sur le « carreau » de nombreux salariés peu qualifiés. Certes, comme nous ne pouvions imaginer au début des années 80 l’émergence des plateformes numériques actuelles, de nouvelle activités que l’on ne peut encore imaginer vont apparaître, mais cela risque fort de ne pas compenser pour autant les déficits d’intervention humaine dans l’entreprise de demain… Et que penser de l’arrivée inévitable des véhicules sans chauffeur ou sans pilote ( automobiles, camions, taxis drones, voire des avions ) qui vont modifier en profondeur notre rapport à ces objets, en particulier pour l’usage de l’automobile qui devrait remettre en cause la notion de propriété individuelle au profit d’usages collectifs.
Entre avantages et inconvénients
La nouvelle révolution numérique va offrir des avantages concernant, notamment, la réduction des mobilités avec la mise en place et le développement souhaité d’espace « coworkings » en toujours plus grand nombre pour une pratique plus aisée et plus importante du télétravail. C’est aussi avec la fin des bureaux attitrés une autre réponse aux nouveaux modes de travail, notamment grâce au « Flex Office ». Le « flex office » n’est pas une simple tendance mais une véritable évolution. car ces espaces individuels dans un ensemble collectif au plus près du domicile offrent les avantages de sociabilité du travail en entreprise et supprime les inconvénients du télétravail à domicile.
On peut comprendre aussi que cette nouvelle révolution numérique suscite des craintes justifiées, tant sur le plan économique et sociétal, voire culturel, ainsi que sur le plan environnemental et énergétique. On ne peut faire l’impasse, avec des risques déjà visibles, d'une société pouvant présenter certains aspects à celle décrite dans « 1984 » de George Orwell... Aujourd’hui, il est très difficile à un individu d’échapper au fichage numérique, téléphone, ordinateurs, cartes bancaires, phénomène qui ne peut que s’amplifier avec les nouvelles habitudes d’achats en ligne, mais aussi des déplacements… N’oublions pas également que les terres rares, dont sont issus les métaux rares indispensables aux intelligences artificielles, mais aussi à l’éolien et au photovoltaïque, ou à la voiture électrique, dont la production de la majorité de ces véhicules relève d’une aberration, sans compter l’usage quotidien des ordinateurs, smarphone, télévision, appareils ménagers etc. sont une ressource fossile qui n’est pas inépuisable.
Pour conclure
Le débat des primaires « écologistes » pour l’élection présidentielle, en faisant l’impasse sur trois problématiques majeures de notre temps (démographie, dette, nouvelle révolution numérique) augure mal des débats qui vont avoir lieu, tant aux primaires d’autres formations politiques que lors de la campagne officielle entre les différents candidat(e)s. On peut craindre que si certain(e)s candidat(e)s évoquent superficiellement la dette, la problématique démographique et celle la nouvelle révolution numérique soient mises aux « oubliettes » de la campagne électorale, comme en 2012 et 2017…
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