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Accueil du site > Tribune Libre > Économie & éthique : deux facteurs à concilier pour résoudre la crise (...)

Économie & éthique : deux facteurs à concilier pour résoudre la crise sanitaire et écologique

La solution à la crise sanitaire que l’on vit actuellement se trouve dans la conciliation institutionnelle entre économie et éthique. C’est seulement ainsi qu’on parviendra à une intelligence cohérente avec les enjeux sociaux avance Luca V. Bagiella, doctorant et coordinateur du réseau consciences-citoYennes.

Au sein de la société contemporaine, nous pouvons distinguer, de manière très schématique, deux types de personnes fortunées. Il y a d’abord les personnes fortunées qui ont su, par des investissements, un esprit utilitariste et un sens aigu du réseautage, rentabiliser durablement leurs avoirs. Puis il y a les autres, c’est-à-dire des personnes qui ont eu une grande fortune, puis qui l’ont dépensée ou dont la richesse s’est, au cours de deux ou trois générations, dispersée. Or, dans une société où le système de valeurs est dominé par la possession d’argent, l’intelligence consisterait à avoir pour idéal le premier type. C’est là que se séparent intelligence et éthique. Car pour rentabiliser les avoirs, il faut acquérir une certaine intelligence. 

Avant de développer les caractéristiques de cette intelligence spécifique, il nous faut nous arrêter aux significations et conséquences d’une société où l’immoralité est poussée à l’extrême. Aussi simple que cet exercice de pensée puisse paraitre, il doit nous permettre de conscientiser le fait que l’éthique n’est pas juste une affaire de bonnes sœurs, mais qu’il s’agit d’un facteur déterminant en matière de cohésion sociale. En premier lieu, dans une société sans morale, chacun fait comme il l’entend et s’occupe de soi. La confiance et le respect n’existent qu’en apparence. Les relations sont, le plus souvent, des rapports de force dans lesquels la communication et l’écoute n’ont que peu d’importance. Dans une telle société, la minorité économiquement favorisée pousse l’État à renforcer sa protection en multipliant les mesures de contrôle. La paranoïa et le narcissisme se justifient en tant que mécanismes de défense contre ces autres qu’on ne connait plus. 

À l’inverse, une société qui prétend être un État démocratique doit avoir la justice comme référentiel universel. C’est sur la base de cette justice institutionnalisée que les citoyennes et citoyens peuvent reconnaitre l’autorité, la respecter et avoir confiance en elle. Autrement dit, sans celle-ci et à part les cas où la discipline citoyenne est le résultat de la violence d’État via notamment le chantage à l’argent, le conditionnement ou la manipulation de masse, le citoyen n’a aucune raison de respecter l’organisation sociale qu’on lui impose. Or, il faut le souligner : c’est à l’avantage de tout le monde si la société garantit à ses concitoyens une justice sociale, car l’injustice génère l’injustice et, avec elle, tous les maux imaginables. En effet, comment prétendre au respect alors que la société promeut l’accumulation de capitaux au détriment du bien commun ? Dans ces conditions peut-on s’étonner de l’apathie, du cynisme et de la méfiance en politique ?  

Ayant cela à esprit, nous pouvons continuer et revenir à quoi consiste l’intelligence chez le premier type de personne. En premier lieu, on peut constater qu’au sein de nos sociétés cette intelligence est partagée par de plus en plus de personnes qui se veulent pragmatiques. Or, en peu de mots, derrière cette intelligence, il y a cet idéal qui consiste à faire travailler les autres pour soi. Je ne vise pas ici les directeurs ou les entrepreneurs qui travaillent autant sinon plus que leurs collaborateurs. Je parle des rentiers (à l’exception des invalides au sens large) et des actionnaires. Sur ce, nul besoin de long discours pour soutenir que cette intelligence est parfaitement immorale et que si l’on tend tous à ce type d’intelligence alors on arrive vraiment à la société que je viens de décrire rapidement. La question qu’on peut se poser c’est si l’on souhaite vraiment que ce soit ce type d’intelligence qui nous oriente ? 

La réponse à cette question semble évidente ; cependant, ceux qui cultivent ce type d’intelligence sont tellement valorisés socialement qu’il n’y a aucun intérêt pour eux, individuellement, à changer leur comportement destructeur. En conclusion à cet article, je voudrais soutenir que ce devrait être le devoir et la fonction première des institutions de faire en sorte que, entre autres, la richesse soit uniquement le fruit du travail. Car c’est seulement ainsi – en ayant toujours la justice sociale en ligne de mire – que les autorités pourront trouver la cohésion sociale indispensable à la résolution urgente de la crise sanitaire et écologique. 


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3 réactions à cet article    


  • Durand Durand 19 septembre 2021 09:25

    Tant que s’enrichir, fut-ce par son travail, ne servira qu’à consommer d’avantage pour son plaisir personnel et quand bien même ce plaisir ne serait réserver qu’à la caste marchande qui nous dirige, seule une catastrophe économique et/ou sociale et/ou écologique et/ou sanitaire a quelque chance de sidérer suffisamment l’humanité pour qu’elle change de cap. Et encore, ce n’est pas certain !

    ..


    • Montagnais .. FRIDA Montagnais 20 septembre 2021 12:40

      Le spectre de « millions d’Américains à court de cash »

      ..

      Vous trouverez facile ..

      ..

      Et la France ?


      • eddofr eddofr 20 septembre 2021 13:01

        Profit et éthique sont incompatibles. Du moins tant que l’économie sera fondée sur le profit, l’éthique n’y aura sa place que de façon extrêmement marginale.

        Ceci n’est pas un jugement de valeur, c’est juste un constat.

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