Mali et Afrique, quelle politique pour la France ?
La France ne sait plus quelle politique mener en Afrique et en particulier en Afrique Sahélienne. Les opérations Serval (visant en 2013 à repousser les islamistes du Mali) et Barkhane (visant depuis 2014 à contenir les islamistes dans la zone sahélienne) arrivent à bout de souffle et avec 56 morts depuis le début, l’on peut désormais se demander si notre engagement sur ce continent se justifie encore. D’autant plus que l’explosion démographique qu’il connait limite notre capacité à influer sur son avenir.
Tout d’abord un rappel, les pays de la zone sahélienne ont encore un taux de fécondité parmi les plus fort du monde : Mali (5,8 enfants par femme), Niger (6,8), Burkina Faso (5,1), Tchad (5,6), Mauritanie (4,5), en 2019. Leur population a donc fortement augmenté et va continuer à le faire : Mali (20,2 millions d’habitants en 2020 et 43,6 en 2050), Niger (24,2 millions en 2020 et 65,6 en 2050), Burkina Faso (20,9 millions en 2020 et 43,4 en 2050), Tchad (16,4 millions en 2020 et 44 en 2050), Mauritanie (4,6 millions en 2020 et 9,1 en 2050). La population sur la zone sahélienne passerait donc de 86,3 millions en 2020 à 205,7 millions en 2050. Ceci dans une zone semi-aride qui aura le plus grand mal à nourrir la population en question (https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/projections-mondiales/projections-par-pays/ ).
Ce problème est valable d’ailleurs pour le reste de l’Afrique francophone : la RDC (ex-Zaïre) sera passée de 47 millions d’habitants en 2000, à 89 M en 2020 et à 194,5 M en 2050 (soit une multiplication par 4 en 50 ans).
La réalité est simple : nous sommes devant 60 ans d’échec. Les indépendances du début des années 1960 n’ont pas permis de créer de véritables états viables. Les dirigeants de ces pays ne pensent qu’à leur intérêt personnel et à celui de leur clan ou ethnie. Les tensions entre groupes ethniques ou religieux sont croissantes. Et surtout dans la zone Sahel, la pression des islamistes devient de plus en plus forte.
Comment dans ces conditions pouvons-nous maintenir un engagement fort aussi bien du point de vue des interventions militaires que des aides financières ? Alors même que nous avons tant de problèmes internes ? Nous ne le pouvons pas, nous devons revoir intégralement notre stratégie en fonction de nos intérêts de long terme et de nos moyens réels.
Les interventions militaires doivent cesser, en particulier Barkhane : nous ne faisons plus face à une intrusion islamiste extérieure mais bien à un début de guerre civile intérieure entre musulmans modérés et islamistes radicaux. Ceci est désormais une affaire intérieure qui ne correspond plus aux accords de défense signés avec ces pays.
Plus largement, il est temps pour la France de se désengager de ces interventions militaires qui aboutissent à une impasse sur le long terme.
Il faut aussi limiter et revoir fortement l’aide au développement : cette dernière doit être strictement tracée et suivi directement, elle doit surtout suivre les objectifs clairs qui seront les nôtres. La priorité est bien sûr la baisse de la fécondité et des naissances : toute aide doit être conditionnée à cet objectif.
Nous avons versé 12,5 milliards d’Euros d’Aide Publique au Développement en 2020, essentiellement aux pays francophones. Cette aide doit être réorientée vers des politiques de contraception massives (en fournissant directement le matériel médical et en s’assurant de sa bonne distribution) et le reste de l’aide doit être conditionnée à cet objectif.
Sinon, nous continuerons uniquement à alimenter un tonneau des Danaïdes complétement inutile.
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