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La diplomatie anti-crise des EAU

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La diplomatie des EAU semble être la plus active, efficace et dynamique ces derniers temps, tant au niveau régional qu’international. Le rapprochement politique soudain des EAU avec la Turquie, l’Iran, et surtout la Syrie et le Qatar représente un changement qualitatif important dans le réseau de relations et d’alliances qui ont existé au Moyen-Orient au cours de la dernière décennie.

Certains observateurs et experts estiment que la diplomatie émirienne adopte une approche « zéro problème, » tandis que d’autres y voient une volonté de gérer les contradictions.

Cependant, la signification de ces démarches, qui dessinent une nouvelle carte géopolitique dans la région, va au-delà de toute caractérisation conceptuelle et nous oblige à examiner la nouvelle réalité géopolitique et les implications stratégiques attendues.

Ce qui est important dans ce qui se passe dans la région, à mon avis, c’est que les EAU, par leur efficacité et leur initiative, mènent un mouvement diplomatique de grande envergure pour établir leur position et leur poids stratégique régional et international en tant que décideur politique ayant un rôle stratégique actif dans la réalisation de la sécurité et de la stabilité régionales et internationales.

Le deuxième point est que la diplomatie des EAU est devenue un modèle d’efficacité en s’affranchissant des limitations et des calculs traditionnels qui empêchent de dégager l’air, de réduire les tensions et de refroidir les crises dans la région. Les EAU n’attendent plus de pouvoir répondre aux politiques des grandes puissances.

Ils sont plutôt prêts à être proactifs politiquement et diplomatiquement pour éviter les effets et les conséquences négatives des politiques, des décisions et des orientations de ces puissances.

Le troisième point est que la diplomatie des EAU a aujourd’hui le courage, l’efficacité et la conscience de traiter avec les États régionaux malgré des intérêts politiques ou idéologiques différents, et d’adopter une approche plus pragmatique pour réaliser les intérêts sécuritaires, économiques et stratégiques de l’État.

Cette approche est basée sur un inventaire réaliste des gains et des pertes dans les relations avec les autres parties régionales telles que la Turquie et l’Iran. Il est bien connu que la différence ne signifie pas nécessairement le désaccord.

C’est la base pour gérer les relations internationales d’aujourd’hui avec la complexité des intérêts qui se chevauchent sur certains sujets et questions et s’opposent sur d’autres. Par conséquent, il est difficile d’établir un consensus complet et absolu entre les pays sur les domaines généraux et les questions d’intérêt commun.

La rengaine bien connue que nous avions l’habitude d’entendre dans les déclarations officielles des pays arabes après les visites et les entretiens officiels, à savoir « la convergence complète des vues des deux pays, » appartient en effet au passé. Elle n’est plus vraiment évidente sur le terrain.

Le plus important à retenir des démarches diplomatiques des EAU, à mon avis, est qu’elles représentent la première tentative politique et diplomatique d’encadrer les relations régionales avec réalisme pour s’assurer que les intérêts communs de tous soient réalisés, malgré les contradictions, les différences et les chevauchements d’intérêts, de visions et d’orientations. L’approche des EAU est basée sur l’ouverture à tous sans exception, en s’appuyant sur les intérêts communs et en traitant les différences, selon le Dr Anwar Gargash, conseiller de Son Altesse le chef de l’État - une véritable pierre de touche pour les intentions des autres parties qui parlent de bonnes relations avec les pays voisins.

Les Émirats arabes unis n’ont jamais été définis par l’impasse, politiquement, économiquement ou stratégiquement. Il n’est donc pas surprenant qu’ils prennent leurs intérêts stratégiques là où ils se trouvent.

Les Émirats arabes unis, qui croient en la coexistence et l’ouverture et qui ont pu conclure il y a un an un accord de paix historique qui a galvanisé les relations israélo-arabes, avancent en accord avec leurs valeurs et leurs principes, qu’il s’agisse de la Turquie, de l’Iran, de la Syrie ou d’autres.

Au cours de ses cinquante premières années d’existence, les EAU ont adopté une approche stratégique motivée par les grandes réalisations en matière de développement, le statut et le poids dont jouit le pays dans la région et dans le monde. Ils tirent parti de tous les atouts de soft power qu’ils ont accumulés au cours des cinq dernières décennies.

Ils surmontent les obstacles traditionnels pour faire avancer les dossiers de crise en fonction de leurs intérêts stratégiques et à un rythme compatible avec les changements rapides dans le monde.

Ce qui est formidable avec cette nouvelle approche diplomatique, c’est qu’elle n’est pas affectée par les critiques et les campagnes programmées de certains qui veulent arrêter les progrès de la diplomatie émirienne. Ce que je veux dire, c’est que les EAU n’agissent pas pour le plaisir de faire des photos, mais parce qu’ils ont des intérêts communs avec tout le monde.

Par exemple, la paix qui a été faite avec Israël est basée sur des accords de coopération conjointe dans différents domaines malgré la « froideur » des relations israélo-arabes. Cela montre que les EAU n’ont pas signé l’accord d’Abraham pour plaire à qui que ce soit ou pour exercer des pressions, comme certains le prétendent.

Ils ont plutôt poursuivi certains intérêts stratégiques qui résultent de la réalité de la coopération avec la partie israélienne.

Cela explique pourquoi l’importante visite de Son Altesse Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, prince héritier d’Abu Dhabi et commandant suprême adjoint des forces armées, en Turquie et la rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan ont occupé la politique internationale et les médias.

Cela a mis fin à un désaccord vieux de plusieurs décennies après avoir examiné les nouvelles données stratégiques régionales et les changements dans les modèles de politique régionale et les alliances.

Dans ce contexte, la visite de Son Altesse Cheikh Abdallah bin Zayed Al Nahyan, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, en Syrie et l’importante rencontre avec le président Bachar Al Assad est également une percée importante qui coupe court à la lente réintégration politique arabe de la Syrie dans la communauté arabe.

Il s’agit d’une étape que seule la diplomatie émirienne pouvait réaliser compte tenu des relations amicales, du respect et de l’appréciation dans toutes les capitales régionales et internationales.

Le dernier épisode dans les mouvements de la diplomatie active des EAU est la visite de Son Altesse Cheikh Tahnoun bin Zayed Al Nahyan, conseiller à la sécurité nationale en Iran, et la rencontre avec le président Ibrahim Raisi.

Le dialogue audacieux et sérieux des EAU avec l’Iran lors de cette visite reflète une volonté sincère de poursuivre une approche rassurante, de calmer les crises et de réduire les tensions des deux côtés du Golfe.

Toutes ces démarches dynamiques précédant l’exercice par les EAU de leur rôle de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU au cours de la nouvelle année garantissent une présence forte et active sur la scène internationale. Elles promettent que la présence des EAU dans ce forum onusien aura un impact qualitatif sur l’apaisement des tensions mondiales.

Tout cela confirme que les EAU disposent aujourd’hui d’un acteur politique et stratégique international à la hauteur de leur position et de leur leadership mondial dans les domaines du développement et de l’aide humanitaire.


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3 réactions à cet article    



    • zygzornifle zygzornifle 23 décembre 2021 09:08

      Ils ont mis de l’EAU dans leur vin ....


      • Jonas 23 décembre 2021 11:16

        L’auteur de l’article vante la politique réaliste et pragmatique des Emirats arabes unis et de leur souci d’avoir des bons rapports avec leurs voisins proches. 

        Est-ce que cela va jusqu’au renoncement de récupérer les Îlots d’Abu Moussa , de Grande Tombe et de petite Tombe envahis par l’Iran et occupés depuis 1971 ? 

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