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Comment la crise ukrainienne affecte le Moyen-Orient  ?

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Il ne fait aucun doute que ce qui se passe en Ukraine aura un impact au-delà de la zone géographique de l’Europe de l’Est. L’événement aura des conséquences et des effets d’une grande portée - un véritable séisme géostratégique mondial. Il va sans dire que ces événements seront suivis de près par tous, tant sur le plan militaire que politique.

Il faut s’attendre à ce que la phase actuelle d’instabilité soit exploitée par certaines parties régionales pour atteindre certains objectifs.

L’une des questions qui nous intéressent dans la région est de savoir comment la crise en Ukraine affectera la situation au Moyen-Orient, notamment en ce qui concerne les négociations sur l’accord nucléaire iranien, comment elles peuvent être affectées par ces développements, et quelles sont les limites de leur impact.

Dans ce contexte, il convient de noter que l’Iran a devancé l’invasion russe en Ukraine en utilisant un nouveau prétexte ou une bouée de sauvetage que le Conseil de la Choura a transmis au président iranien Ibrahim Raisi dans une lettre signée par 250 (sur un total de 290) membres du Conseil.

Ils lui ont donné six assurances qu’il accepterait de signer une formule pour relancer l’accord nucléaire, y compris un engagement que les États-Unis ne se retireraient pas de tout accord qui serait conclu et que le Snapback ne serait pas utilisé. Ce mécanisme alternatif de dissuasion de l’Iran, contenu dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015, permet de réimposer toute sanction contre l’Iran selon les procédures du Conseil de sécurité de l’ONU que la Chine et la Russie ne peuvent empêcher.

Les députés ont demandé au gouvernement iranien de faire rapport au Conseil sur le respect de leurs obligations par les parties à l’accord nucléaire. Ce message est l’exemple même du jeu d’inversion des rôles que les agents des coulisses du régime iranien ont maîtrisé. La lettre est l’expression explicite des positions et de la position récemment annoncées par le Guide suprême.

Elle s’inscrit désormais dans le cadre du soutien à un gouvernement majeur et non plus dans l’autre sens (faire pression sur lui). La délégation iranienne aux négociations fournit des prétextes pour adopter une position plus ferme dans la dernière partie des négociations en insistant sur ses positions et en ne faisant pas de concessions. Le moment de la libération n’est pas éloigné de ce qui se passe dans le monde.

Le gouvernement iranien a pris son temps pour élaborer une nouvelle stratégie de négociation avant le début des négociations à Vienne. Il y a un accord et un consensus proactif sur les lignes rouges entre le gouvernement et le parlement (contrôlé par les conservateurs), donc l’ambassade fait pression sur l’atmosphère de négociation plutôt que sur le négociateur iranien.

L’Iran est certainement conscient que ce qui se passe en Ukraine est dans son intérêt, non seulement par l’exacerbation du différend mais aussi par le conflit entre la Russie et la Chine d’une part et les autres puissances internationales d’autre part.

Mais les développements en Ukraine peuvent aussi déséquilibrer le calcul du négociateur américain et aider l’Iran à faire des concessions plus rapidement, non seulement pour parvenir à une forme d’accord, mais aussi pour relever des défis plus importants et plus graves du point de vue américain. Du point de vue américain, cependant, il y a une mise en garde  : l’Iran pourrait rejoindre une alliance russo-chinoise dirigée contre les États-Unis.

Le principal impact sur les négociations de Vienne sera les circonstances différentes pour la Russie et les représentants de l’UE (France, Royaume-Uni et Allemagne), et surtout, ce développement intervient à un moment très critique et à une étape cruciale où les négociations sont dans une impasse. On ne s’attend pas à ce que la Russie continue à jouer un rôle de conciliateur ou à maintenir une atmosphère normale parmi les délégués.

Cet environnement de négociation est exacerbé par le fait que la délégation iranienne est susceptible d’adopter une ligne plus dure en fonction d’autres circonstances et données. En d’autres termes, la nouvelle évaluation de l’Iran pourrait préférer ne pas faire de concessions pour parvenir à un accord, ou du moins s’en tenir à ses conditions afin que l’accord, s’il est conclu, soit honoré.

Il est vrai que les délégations américaine et russe ont coopéré, communiqué et travaillé ensemble avec succès lors des précédents cycles de négociations à Vienne. Nous nous sommes fait l’écho des remarques positives du négociateur en chef de la Russie, Mikhaïl Ulyanov, qui a parlé de manière positive du rôle de son pays dans la résolution du différend. Il a évoqué les discussions avec son homologue américain Rob Malley.

Mais les récents événements en Ukraine pourraient assombrir l’atmosphère des négociations. La crise est devenue un défi pour l’expérience et la capacité des diplomates impliqués à neutraliser ces circonstances. L’impact le plus grave de la crise ukrainienne sur le Moyen-Orient, à mon avis, ne se limitera pas à déterminer le sort de l’accord sur le nucléaire iranien. Elle pourrait toutefois avoir un impact sur le comportement de l’Iran.

On peut craindre que ces conditions soient utilisées pour renforcer l’influence de l’Iran et accroître la pression sécuritaire et les menaces sur les pays voisins en utilisant l’armée des milices pour renforcer leurs positions et arracher des concessions lors des négociations ultérieures. Ceci est d’autant plus vrai que tout le monde ressent le besoin d’apaiser les tensions régionales et de réduire la dépendance au soutien de la défense américaine pour protéger la sécurité des pays de la région alors que des crises majeures et des défis stratégiques menacent le pôle américain.

Dans cette atmosphère enflammée, l’Iran ne prendra pas le risque de s’approcher des lignes rouges régionales, comme attaquer Israël directement ou indirectement ou attaquer à plusieurs reprises les EAU depuis ses milices. Téhéran est bien conscient que la Maison Blanche est très bouleversée et profondément embarrassée par ce qui se passe en Ukraine et que toutes les options de réponse lui sont désormais ouvertes.

Il devient relativement peu probable que l’Iran choisisse le pire moment possible pour obtenir des avantages supplémentaires. Mais il étudiera certainement en détail le comportement de la Russie à l’égard de l’Ukraine et suivra de près les réactions internationales pour planifier ses actions futures concernant son rôle dans la région, ce qu’il peut faire.

C’est l’étape la plus sérieuse et la plus influente, car elle peut contribuer à orienter le comportement de l’Iran dans la région dans une direction négative, Téhéran étant conscient de l’incapacité des puissances occidentales à trouver des réponses adéquates aux crises successives. Cette perception peut conduire l’Iran à se comporter dans la région de manière plus impulsive et imprudente qu’actuellement. Toutefois, pas au plus fort de la crise actuelle.


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3 réactions à cet article    


  • sophie 1er mars 2022 18:35

    gazobulles


    • Samy Levrai samy Levrai 1er mars 2022 21:26

      Négocier avec un Empire qui prend l’eau de toute part ne sera surement pas pris en compte par ces iraniens si bêtes et si peu habiles en négociation.

      Ils vont surement croire que ce n’est pas le moment de mettre la pression sur ceux qui les menacent, je pense même qu’ils vont les aider et accepter toutes les conditions adverses par solidarité avec le droit naturel des américains de mettre bases et armes où ils veulent et soutien fraternel aux ukronazis qu’ils admirent.

      N’est ce pas dormir tout sa vie que de croire à ses rêves, comme disent les chinois ?


      • vachefolle vachefolle 4 mars 2022 07:31

        POUTINE BOMBARDE LA CENTRALE DE Zaporizhzhia en plein Sud-Est de l’ukraine. Il n’y a qu’une seule solution, il est FOU.

        C’est quasi la plus grosse centrale d’Europe.

        Il veut récupérer la Crimée et le Donbass, mais est pret a irradier toute la zone y compris une partie de son propre pays ?

        Est-ce qu’Il veut rendre l’Ukraine y compris la Crimée et le Donbass inhabitable pendant 20000 ans ?

        Une seule conclusion POUTINE est fou.

        Si ca pete il faudra evacuer tout le Sud-Est de l’Ukaine, ainsi qu’une partie de la Russie elle-même.

        POUTINE est fou, arretez le.

        Si vous voulez encore une crimée et un donbass avec des habitants, arretez Poutine

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