La région du Golfe et la guerre en Ukraine
Il est inévitable que la guerre en Ukraine ait des répercussions sur de nombreuses régions et secteurs à travers le monde. Outre les effets stratégiques de la crise, il y a des conséquences tout aussi importantes comme la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.
De nombreux pays, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, s’inquiètent de l’approvisionnement en denrées alimentaires telles que le blé et le maïs et suivent avec inquiétude les événements en Ukraine. Dans le contexte de l’éclatement du conflit militaire en Ukraine, de nombreuses questions ont été posées sur l’impact de cette crise sur les pays du CCG.
Dans ce contexte, les pays du CCG ont des intérêts stratégiques profonds avec la Russie d’une part et avec l’Occident, notamment les États-Unis, d’autre part, et on ne peut pas dire qu’ils puissent adopter une position en faveur de l’un ou de l’autre. En outre, les relations internationales sont aujourd’hui basées sur des intérêts mutuels et non sur des alliances ou des disputes.
Elles se caractérisent également par des changements structurels visibles et des bouleversements profonds difficiles à négliger, compliquant la construction de positions potentiellement plus coûteuses que bénéfiques. La stratégie de diversification des partenariats et d’établissement de relations équilibrées avec toutes les puissances internationales a débuté aux EAU il y a quelques années.
Il ne s’agit pas d’un produit de circonstance. Il existe un partenariat stratégique qui lie l’État aux trois grandes puissances qui tentent de « redessiner » les règles de l’ordre mondial - la Chine, la Russie et les États-Unis.
Le point de vue et la position des EAU sur cette crise sont bien entendu conformes à leur politique étrangère, qui est liée à leurs intérêts et à leurs relations solides avec toutes les parties. Il s’agit d’une vision du développement durable qui ne résulte pas de calculs temporaires ou de crises passagères.
Les Émirats arabes unis ont même récemment annoncé leur intention d’acheter des chasseurs chinois L-15 Falcon afin de diversifier leurs sources d’approvisionnement en armes et d’améliorer les capacités opérationnelles des forces armées émiriennes, sans pour autant compromettre le partenariat étroit entre les EAU et les États-Unis.
Les pays du CCG ne ressentent pas le besoin de parler d’une alliance militaire, même de support verbale, étant donné qu’ils ont des intérêts et des investissements importants en Russie, aux États-Unis et en Ukraine et qu’ils poursuivent généralement des objectifs de développement. La priorité est donnée à l’économie, aux investissements et aux intérêts communs avec tous les pays du monde.
Cela a été clairement indiqué dans un document des Principes des 50, qui définit l’orientation des EAU, du moins pour la période à venir. Je pense que cela se reflète dans la politique de nombreux autres pays du Moyen-Orient ainsi que dans celle des pays du CCG.
En outre, les alliés des États-Unis, comme Israël, sont plus préoccupés par leurs relations très étroites avec la partie américaine qu’avec la Russie. On ne peut nier que la situation est délicate pour la région du Golfe dans le contexte de la crise ukrainienne.
L’Arabie saoudite est le plus grand producteur de pétrole de l’OPEP et les EAU sont le troisième plus grand exportateur de pétrole de la région. Le Qatar dispose des plus grandes réserves de gaz naturel et a été proposé à plusieurs reprises en Europe comme alternative pour pallier les interruptions de l’approvisionnement en gaz russe.
Les positions et les politiques dans ce sens sont donc délicates. Personne ne veut prendre part à la polarisation et aux conflits internationaux dans cette crise comme dans d’autres. L’ensemble de l’ordre mondial est en train de changer et de s’organiser selon de nouvelles règles, de nouveaux critères et de nouveaux équilibres.
Il est dans l’intérêt des moyennes et petites puissances de se tenir à l’écart des impulsions stratégiques, du moins jusqu’à ce que la fumée se dissipe, et de rester autant que possible dans la zone grise. . L’élaboration de politiques et la prise de décisions dans un environnement stratégique international aussi complexe ne sont jamais des tâches faciles.
. Elle exige une énorme quantité d’informations, d’analyses, de jugement, de raison et de sagesse. . Parier sur des actions ou des scénarios précipités sans calcul adéquat peut entraîner des pertes colossales. . L’attitude des pays du CCG face à la crise ukrainienne doit être comprise sous cet angle.
. Mais il est plus important de se concentrer sur ce qui adviendra. . Même si l’hypothèse d’une intervention militaire directe de l’OTAN a pu être relativement écartée, la suite de la crise est encore totalement incertaine.
. Il faut toutefois tenir compte des actions d’autres puissances régionales et internationales et de l’impact sur la gestion de la crise dans d’autres parties du monde, comme dans le cas du Moyen-Orient. . Face à un scénario soudain, une coordination semble indispensable pour protéger la sécurité et la stabilité des puissances régionales, y compris d’Israël.
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