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Accord sur le nucléaire iranien et stabilité au Moyen-Orient

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Des signaux et des allusions à une entente sur toutes les questions litigieuses liées à l’accord sur le nucléaire iranien ont récemment circulé, notamment après l’annonce de la «  satisfaction  » obtenue entre Washington et Moscou, ce dernier ayant exigé des Etats-Unis un engagement écrit à exclure ses échanges commerciaux avec l’Iran des sanctions américaines imposées à la Russie pour son invasion de l’Ukraine.

Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas vu de déclarations claires sur son sort. Les doutes sur la signature éventuelle de l’accord ont refait surface. Peu de déclarations iraniennes et américaines ont été rapportées.

La position iranienne actuelle se concentre sur l’accusation des États-Unis de retarder la signature de l’accord. «  Il y a plus d’une question en suspens, et les États-Unis sont responsables du retard de l’accord parce qu’ils sont lents à donner une réponse qui convienne à l’Iran,  » a récemment déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.

«  Si l’Iran souhaite une levée des sanctions qui va au-delà de l’accord, il doit négocier ces questions de bonne foi et de manière réciproque,  » a répondu le 18 avril le porte-parole du ministère des Affaires étrangères américain, Ned Price.

Cette déclaration est une référence implicite à l’inquiétude du gouvernement face aux demandes iraniennes qui dépassent le cadre des négociations de l’accord nucléaire. Cela fait notamment référence à la demande de retrait des Gardiens de la révolution iraniens de la liste américaine des organisations terroristes.

Ces deux déclarations indiquent que les négociations sont dans l’impasse  ; du moins, aucun accord n’est en vue dans les conditions actuelles. Il ne pourra pas être atteint si l’Iran persiste dans sa demande concernant les Gardiens de la révolution. Il est clair que la valse-hésitation du régime iranien avec les négociateurs américains se poursuit.

Téhéran mise sur le fait que le facteur temps est dans son intérêt. Il n’est pas dans l’intérêt du président Biden qui, après une série d’échecs en matière de politique étrangère, a désespérément besoin d’un exploit de politique étrangère à présenter à son opinion publique. La Maison Blanche est confrontée à un environnement politique américain moins réceptif à un accord avec l’Iran.

La crise ukrainienne a montré que les États-Unis pourraient être confrontés à d’importants défis et contraintes stratégiques s’ils ignoraient les préoccupations sécuritaires de leurs partenaires, en l’occurrence les pays du Golfe concernant l’Iran.

Retirer le CGRI de la liste terroriste à un stade précoce, au début de la crise ukrainienne, semblait être une décision probable de l’administration Biden. Cependant, les partenaires des pays du Golfe se sont montrés de plus en plus mécontents de l’attitude des États-Unis à leur égard.

Cela s’est traduit par le faible soutien des pays du Golfe aux plans de Washington visant à faire pression sur la Russie pour ses opérations militaires en Ukraine et, en particulier, par leur rejet de l’appel à une augmentation de la production de pétrole pour compenser la pression sur les exportations russes causée par les sanctions.

Il s’agissait d’un signal clair qui a conduit le président Biden à reconsidérer cette idée et peut-être à l’abandonner, car il craignait l’effondrement du partenariat des États-Unis avec certains pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Je pense que le sort des négociations de Vienne est actuellement incertain.

Ce qui se passe actuellement du côté iranien et américain, c’est une pression mutuelle pour faire le plus de concessions possible.

En outre, face au mécontentement croissant des républicains, qui soutiennent fortement l’allié israélien, et à leur avertissement constant que tout accord nucléaire avec l’Iran perdrait sa légitimité à la fin de son mandat, le président Biden est devenu plus prudent quant à la signature d’un éventuel «  deal  » avec l’Iran. Sur le plan intérieur, il existe un large mouvement de rejet de l’accord.

Une colère sans précédent s’exprime également parmi les partenaires et alliés au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe. L’accord est ainsi devenu une aventure politique sans conséquences assurées pour la Maison Blanche. Certains considèrent même la signature de l’accord comme un suicide politique pour les démocrates.

Nous devons souligner que l’expérience de l’administration du président Biden a déclassé les Houthis en tant qu’organisation terroriste, ce qui n’a fait qu’aggraver la crise au Yémen. La résolution ne servait pas les intérêts des États-Unis et ne remplissait pas l’objectif poursuivi par l’administration d’ouvrir une voie de négociation pour résoudre la crise au Yémen.

Cette expérience récente jette une ombre sur la demande de Téhéran de retirer le CGRI de la liste. Le spectre de répéter l’erreur et d’obtenir les mêmes résultats catastrophiques, ainsi que la forte probabilité d’une rupture des relations des États-Unis avec ses partenaires stratégiques dans la région du Golfe, assombrissent la situation.

Nous pensons que le rôle et la politique des États-Unis au Moyen-Orient doivent faire l’objet d’une révision complète afin de corriger les erreurs et de ne pas en ajouter de nouvelles. Une étape qui approfondit le différend avec les partenaires n’est pas ce qui doit se produire.

Mais plutôt des étapes visant à rétablir la confiance et à combler les fossés dans le sens d’un repositionnement stratégique des États-Unis. Tout nouveau couac coûterait cher aux intérêts américains.

Il ne s’agit pas seulement de donner officiellement à l’Iran un boulevard régional. Il s’agit également d’une occasion unique pour la Russie et la Chine de gagner sans effort du terrain dans cette région importante.

D’autre part, si beaucoup se félicitent des changements géostratégiques intervenus dans le monde à la suite des crises du coronavirus et de l’Ukraine, cela ne fait pas oublier que les États-Unis et les autres puissances occidentales doivent jouer un rôle fort pour diriger la scene mondiale.

Le déclin de ce rôle ne sert pas les intérêts du Moyen-Orient, et notamment des pays du Golfe, d’autant plus que les puissances régionales sont devenues trop influentes à mesure que la position de la région a glissé dans les priorités stratégiques américaines.

Tout bien considéré, l’équilibre des puissances internationales dans le cadre de la multipolarité devrait être l’équation la plus appropriée, préservant les intérêts, la sécurité et la stabilité de tous.


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1 réactions à cet article    


  • jacques 12 mai 2022 18:07

    Non mais arrêtez avec cela, vous n’avez pas compris ?

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