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Washington retombe dans le piège iranien  ?

L’accord nucléaire connu sous le nom de JCPOA, signé par le G5+1 avec l’Iran en 2015, est intervenu, comme on le sait, après près d’une décennie de négociations intermittentes dont le coup d’envoi a été donné en 2006.

Les négociations visant à relancer l’accord, qui patine depuis le retrait de l’ancien président Donald Trump en 2018, semblent renaître grâce aux mêmes expériences et circonstances que le deal initial.

La principale raison de la prolongation des négociations dans les deux cas a été la capacité de la partie iranienne à s’engager dans des cycles marathon de discussions, ou ce que certains observateurs appellent la stratégie du tapissier iranien, en étant implacablement patient sur de longues périodes.

Les États-Unis et leurs partenaires occidentaux ne semblent pas avoir très bien retenu la leçon de 2015, même si de nombreux membres de l’équipe de négociation américaine avaient participé à des négociations antérieures. Ils ont une expérience et une connaissance approfondies de l’approche et de la psychologie des négociateurs iraniens.

Aujourd’hui, le fait est qu’après environ 10 cycles de négociations dans la capitale autrichienne de Vienne, aucun accord final n’a été conclu. L’opinion publique mondiale a été surprise par le nouveau cycle de Doha, car elle s’attendait à ce qu’il y ait un accord sur les questions controversées dont on parle souvent dans les médias.

Cependant, le cycle de Doha a connu le même sort que ses prédécesseurs, même si Téhéran l’a qualifié de positif. Cela reflète le point de vue iranien sur les négociations, dans le sens où leur convocation même est un objectif et une réussite en soi. À la fin des pourparlers de 2015, l’Iran a réussi à mettre l’ancien président Barack Obama sur la sellette à un moment critique.

Il n’avait d’autre choix que d’accepter n’importe quelle formule, quel que soit le coût stratégique catastrophique non seulement pour les intérêts de son pays, mais aussi pour ses alliés du Golfe et du Moyen-Orient, comme Israël. L’Iran semble travailler à entraîner l’actuel président Joe Biden dans le même scénario. Le temps presse.

Des mois et des années de négociations signifient que les pieds de Joe Biden sont de plus en plus enfoncés dans les sables mouvants du dossier nucléaire iranien, et plus le temps passe, plus l’Iran a de chances d’obtenir de sérieuses concessions de la part de la Maison Blanche.

Il est important de souligner que l’imposition de conditions paralysantes est l’un des éléments de la stratégie iranienne pour gagner du temps. On pense ici à la demande de retirer le Corps des gardiens de la révolution islamique de la liste des terroristes américains. C’est une demande que Téhéran sait déjà qu’elle sera difficile à satisfaire.

Elle est bien consciente des difficultés à satisfaire cette demande, qui s’apparenterait davantage à un suicide politique de la part du président.

Cette proposition ne vise donc qu’à maximiser la pression dans les négociations et à gagner du temps pour ouvrir la voie à d’autres gains stratégiques à mettre sur la table des négociations en compensation de la non-satisfaction de la demande impliquant le CGRI stratocrate.

Ce qui aide Téhéran dans le contexte international actuel, c’est le besoin des pays européens en pétrole et en gaz iraniens pour faire baisser les prix de l’énergie et mettre en œuvre les plans de sevrage du gaz russe.

Cela explique les visites répétées et les grands efforts d’Enrique Mora, le coordinateur européen des négociations nucléaires avec l’Iran, pour résoudre la situation des négociations et trouver une issue à l’impasse actuelle.

Téhéran tente actuellement par différents moyens d’obtenir sa véritable demande  : un engagement écrit des États-Unis à ne pas se retirer ultérieurement de tout accord nucléaire conclu. Cet engagement est très difficile à vérifier étant donné les mécanismes du système politique américain.

La prochaine visite du Président Biden au Moyen-Orient, qui inclura l’Arabie Saoudite et Israël, pourrait aider à freiner les manœuvres de négociation de l’Iran. Il est clair que Téhéran attend attentivement les résultats de cette visite. La visite devrait révéler quelque chose sur les intentions de Washington pour le Moyen-Orient dans la période à venir.

Affirmer le rôle central des États-Unis dans la région et redessiner les cartes régionales avec un allié américain pourrait être un élément de pression sur l’Iran, qui cherche à tirer profit des fruits de son expansion stratégique régionale et à transformer son influence militaire dans plusieurs pays de la région en gains stratégiques reconnus au niveau international.

Si l’Iran tarde à renégocier l’accord nucléaire, l’absence d’une option militaire parmi les alternatives stratégiques discutées par les décideurs américains est un obstacle majeur qui ne disparaîtra que si Téhéran sent que l’administration Biden s’impatiente et se retirera des négociations.


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2 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 16 juillet 2022 15:00

    Parlez-nous du piège Saoudien au Yémen.


    • moderatus moderatus 17 juillet 2022 13:34

      Bonne analyse qui prouve la médiocrité des aptitudes de l’occident à la négociation

      la négociation avec l’orient est particulière, notion du temps , des priorités.

      résultat ils ont un bloc solide contre eux 

      le BRICS auquel va se joindre la Turquie.

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