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Poitiers les ayatollahs écolo font des émules

 À propos de l’obligation de tenir les portes des commerces fermées s’il y a usage de la climatisation, dans une interview parue le 12 août dans le journal Centre Presse (édition de la Vienne), le président de l’association des commerçants « Poitiers le Centre » déclarait : « Effectivement, on réfléchit à des systèmes de compensation de la porte fermée. Ça pourrait être de réduire le prix, voire de rendre gratuite l’occupation du domaine public sur certaines périodes, de cette manière les magasins pourraient mettre des panneaux pour améliorer leur visibilité. » Cette déclaration amène deux commentaires : l’un concerne le principe de la gratuité de l’occupation du domaine public, l’autre l’augmentation des surfaces occupées. En outre cela voudrait dire que les clients, qui sont informés des directives ministérielles, sont suffisamment stupides pour ne pas penser à pousser une porte de magasin s’ils souhaitaient y faire des achats ou même simplement pour regarder et s’informer ! Une affichette ne suffirait-elle pas à confirmer aux clients que le magasin est ouvert : « On a reçu un mail de la direction juste après les annonces de la ministre. Ils nous ont fourni une affichette pour mettre sur la devanture. » déclare une vendeuse d’un magasin dans l’article qui précède l’interview citée.

 L’idée de « réduire le prix, voire de rendre gratuite l’occupation du domaine public sur certaines périodes » amène à demander au citoyen contribuable de financer une activité commerciale privée en ôtant aux finances municipales la perception d’une taxe. Donc il faudrait que la Ville compense ce manque à gagner soit en augmentant un autre impôt : la taxe foncière par exemple ce qui de facto amène le consommateur à payer un surcroît d’impôt en plus du prix de vente des produits ou à renoncer à certains investissements ce qui prive le contribuable de son « investissement impôt » qui de surcroît paiera deux fois le produit acheté : le prix de vente et le coût de la subvention déguisée. Où est le pigeon ?

 L’augmentation des surfaces occupées réduirait les espaces de circulation déjà bien occupés quand ce n’est pas totalement occupés par les terrasses des débits de boissons, renvoyant la déambulation des piétons vers la chaussée. C’est un moindre mal car la plupart des rues concernées sont interdites à la circulation automobile sauf les bus, les taxis, les livreurs, les vélos et autres trottinettes…, moindre mal si toutefois on peut regagner le trottoir lorsqu’un véhicule surgit. Cela vaut bien sûr pour les personnes valides, les personnes à mobilité réduite ne sont pas concernées, on a l’impression qu’à Poitiers tout est fait, tant pas la municipalité que par certains commerçants, pour leur signifier de rester chez elles ! Si beaucoup de commerçants ont fait des efforts importants et notoires pour rendre leur boutique accessible, ce n’est pas toujours le cas pour les débits de boissons et les restaurants.

 Cette idée d’accaparer les espaces publics (déjà bien occupés comme le montre la photo - on peut accéder aux photo sur mon blog https://politiqueethumanite.over-blog.com/ ), si on entend espace public comme place et rue, rejoint la démarche idéologique de la municipalité actuelle telle qu’elle l’évoquait dans son projet électoral en 2020 : « Ce que nous constatons, c’est que ces espaces publics, à Poitiers, ont tendance à être désaffectés par les habitants et par les activités sociales : la vie étudiante jugée trop bruyante au centre-ville, la pauvreté balayée hors du centre-ville, la vie culturelle très contrôlée à l’intérieur de bâtiments ou de grands événements, la disparition de lieux qui étaient mobilisés pour les activités des nombreuses associations de notre territoire (ancien CRIJ, plan B, disparition annoncée de la Maison du Peuple) On a voulu faire de Poitiers une ville vitrine, et une ville tranquille, plutôt qu’une ville ouverte et où la vie s’exprime librement. Les lieux publics sont souvent « mono-fonction », et ne sont pas ouverts sur la ville (écoles, TAP…). » Profitant de la volonté du président de la République d’autoriser l’extension des terrasses des débits de boissons et des restaurants pendant la crise sanitaire, les municipalités (déjà la municipalité sortante avait fait des déclarations en ce sens) ont permis l’extension des terrasses sans se préoccuper des personnes à mobilité réduite comme le montre la photo de ce restaurant place Charles de Gaulle qui occupe la totalité de la surface du trottoir : l’espace libre qui mesure à peine un mètre ne permet pas le passage d’un fauteuil roulant ni d’une poussette et il est très difficilement praticable par quelqu’un qui marche avec difficulté ; le pire concernant cet établissement est qu’il faut arriver à son niveau pour s’apercevoir de l’impossibilité de passer et qu’il n’est pas possible de descendre du trottoir qui n’est pas aux normes dont la hauteur de la marche rend impossible d’en descendre, la personne à mobilité réduite n’a pas d’autre choix que de repartir vers l’extrémité du trottoir ! Et surtout ne faites pas de remarque au propriétaire qui vous recevrait sans délicatesse, j’en ai fait l’expérience. D’autres laissent un espace suffisant pour la déambulation … tant qu’il n’y a pas de client attablé, une fois le quidam installé c’est autre chose d’autant que certains ne mettent aucune bonne volonté à laisser le passage durant un temps court à une personne à mobilité réduite qui ne peut pas circuler sur les pavés ; parfois un passage est laissé entre deux rangées de tables : quel plaisir pour circuler et pour se restaurer ! Une fois élue la municipalité actuelle a rendu pérenne cette occupation des trottoirs, au moins en ne s’y opposant pas, comme elle rend « normal » le tapage nocturne en ne prenant aucune mesure contrairement à ce que la loi lui impose, voire elle l’encourage, comme l’indiquait déjà cet extrait de son projet lors des élections de 2020 : « En concertation avec les acteurs du centre-ville, envisager de revenir sur l’arrêté municipal interdisant la vente d’alcool dans l’espace public, dans le cadre d’événements publics. » Mais cela est cohérent avec l’idée qu’ont ces élus du centre-ville qui, pour eux, n’est pas un lieu de résidence mais un lieu de fête et de beuverie comme l’a montré l’autorisation d’une fête tous les jours de 13h à 01h en août place Lepetit : « Envisager l’extinction nocturne dans les zones résidentielles, sur la base d’une concertation avec les habitants. » Le centre-ville ne bénéficie d’aucune extinction nocturne puisque les bars et les discothèques doivent tirer avantage d’une ville où l’éclairage public, financé par les contribuables qu’on prive de sommeil, doit leur permettre de drainer des clients vers eux.

 Toutefois, pour revenir sur la question de l’occupation du domaine public, en excluant les personnes âgées et celles à mobilité réduite du centre‑ville, la municipalité donne dans l’incohérence par rapport à ce qui était écrit dans son projet électoral : « Placer les droits culturels au centre de la politique culturelle “Toute personne doit (…) pouvoir s’exprimer, créer et diffuser ses œuvres (…) ; toute personne a le droit à une éducation et une formation de qualité qui respectent pleinement son identité culturelle ; toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles.” (Déclaration universelle sur la diversité culturelle de l’UNESCO de 2001) ». Comme le montre la photo d’un spectacle organisé devant le Palais Aliénor d’Aquitaine où aucunes chaises n’avaient été prévues pour les personnes pour lesquelles la station debout est pénible. Quoi de surprenant pour des élus qui dans les 56 pages de leur projet électoral n’ont pas écrit une seule fois le mot « handicap ». Ainsi, à Poitiers il n’y a plus de conseiller municipal chargé de « l’accessibilité » mais il y en a un chargé du « bien-être animal », on ne met pas les trottoirs aux normes mais on plante des arbres, on fait de la démocratie participative mais on n’invite jamais les associations représentantes des personnes en situation de handicap dans les débats où sont présentés les projets d’aménagement…

 

 Ainsi on voit que les commerçants de Poitiers Centre trouvent une place de choix dans l’idéologie développée par la municipalité et ne rencontrent sans doute aucune difficulté à se positionner comme émules des ayatollahs écolo de Poitiers.

 


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17 réactions à cet article    


  • Clark Kent Philippulus 23 août 2022 16:40

    A Rouen, la rue du Gros Horloge (à un bout, mais de la Grosse Horloge à l’autre bout) a été une des premières « rues piétonnes » en France.

    Les commerçants de la rue craignaient de perdre leurs clients s’ils ne pouvaient plus s’arrêter en voiture devant leur magasin en double file et avaient créé un « Comité de défense contre la voie piétonne » pour faire du lobbying et empêcher la mise en place des équipements prévus.

    Leurs chiffres d’affaires ayant doublé dans l’année qui a suivi, l’association a été rebaptisée « Comité de défense contre la voie piétonne » pour faire du lobbying et exiger la mise en place d’équipements complémentaires.

    On ne parlait pas encore des écolos, mais depuis, la formule a fait des émules.


    • Clark Kent Philippulus 23 août 2022 20:12

      @Philippulus

      corr :

       l’association a été rebaptisée « Comité de défense de la voie piétonne » pour faire du lobbying et exiger la mise en place d’équipements complémentaires.


    • Fergus Fergus 24 août 2022 09:36

      Bonjour, Philippulus

      Il s’est passé grosso modo le même processus partout où les municipalités ont voulu piétonniser leur rue commerçante ou bien créer une rocade pour désengorger le centre-ville. Dans un premier temps les commerçants ont été vent debout avant d’en devenir de fervents défenseurs au vu de l’évolution de leur chiffre d’affaires.


    • Aristide Aristide 24 août 2022 09:59

      @Fergus

      Sauf que si la clientèle à bien augmenté, il s’agit en gros de transformer un espace public en galerie marchande.

      Seuls les commerces de « vêtements » ont subsisté dans ces espaces, des troquets et des restaurants ont remplacés les anciens commerces de bouche. Plus de boucher ou de charcutier, encore moins d’épicier ou de traiteurs, ...

      Je sais que c’est une évolution impossible a arrêter, les grandes surfaces pour remplacer tous ces commerces de bouche disparus des centre-ville, et même des quartiers, et l’espace public transformé en galerie commerciale à ciel ouvert.

      Toutes les villes sont concernées, et un autre concept de ces espaces commerciaux à ciel ouvert apparait depuis quelques années, des imitations de zone piétonne urbaine crées en périphérie des villes. Et pour attirer le chaland hors des centres villes, des parkings gratuits et des prix remisés.

      C’est une transformation fondamentale du modèle de la ville ...


    • Fergus Fergus 24 août 2022 10:11

      Bonjour, Aristide

      Vous avez globalement raison (même si, dans certaines villes, les rues piétonnes ont gardé, au moins partiellement, leurs commerces de bouche).
      Le point positif, c’est quand même la disparition de la circulation automobile et de ses nuisances.


    • Aristide Aristide 24 août 2022 10:51

      @Fergus

      Les villes suivent un processus de gentrification généralisé des plus évident.

      Cela a commencé avec la fin de toutes les activités de production artisanales et industrielles, suivies par les activités administratives des entreprises et de l’Etat, renvoyés dans les quartiers périphériques ou les quartiers fait seulement pour cela.

      La disparition, la raréfaction disons, des commerces de « bouche » est largement entamée. Les supers et hypers ont remplacés ces milliers de petits commerces.

      La piétonisation est un leurre qui joue son rôle pour aider à cette migration de toutes activités économiques. Demain ces mêmes zones piétonnes en ville seront expatriés dans ces nouveaux types de galerie marchande à ciel ouvert.

      Il ne restera que des sièges sociaux, des administration centrales et encore, et surtout tout ce qui est culturel : les musées, les théâtres, les salles de spectacles, les commerces de luxe, les restaurants, .. Même les cinémas sont envoyés dans les multiplex.

      Ce phénomène a amplifié la gentrification des centres villes, ils deviennent des espaces ou le petit peuple est exclu au bénéfice des écolos bobos. La démonstration en est faite par les résultats des élections municipales de ces grandes villes.

      Subsistent dans ces villes des zones de non droit, d’habitat en état déplorable, ...mais cela ne va pas durer, il s’agit de rester entre soi, et le prix de l’immobilier est le meilleur outil de sélection sociale. La loi SRU permet de conserver des habitats pour ceux qui œuvrent dans les services à la personne de la population écolo-bobo : il faut bien faire le ménage et la cuisine et surtout garder les enfants pendant que leurs employeurs sont au spectacle ou au restaurant.

      Sur cela :

      Le point positif, c’est quand même la disparition de la circulation automobile et de ses nuisances.

      Non pas disparu, déplacée en banlieue et amplifiée par tout un tas de mesure rendant la circulation urbaine impossible, les déplacements sont encore plus longs pour aller faire ses courses ... Mais pour les bobos, on a inventé Uber et les livraisons à domicile.

      PS : Il ne s’agit pas bien sur d’un complot, mais d’une logique qui alimente les mêmes décisions qui vont dans son sens. Bon, je sais je force un peu beaucoup le trait mais tout de même ....


    • damocles damocles 24 août 2022 11:45

      @Fergus
      Demandez aux habitants de ces quartiers si les nuisances ont diminuées ! ...elles ont changé de nature , c’est tout !


    • Fergus Fergus 24 août 2022 13:14

      Bonjour, damocles

      Pas partout : c’est vrai lorsque sont implantés des bars et des restaurants ; cela n’est pas vérifié dans le cas contraire.


    • titi titi 23 août 2022 18:32

      Je veux bien voir le conseil municipal, faire le parcours gare SNCF => mairie en vélo...

      Oui j’aimerais bien voir.


      • Fergus Fergus 24 août 2022 09:31

        Bonjour, titi

         ??? A vue de nez, il y a au maximum 1 km entre la gare et la mairie, soit un quart d’heure de marche. Cela ne vaut même pas le coup de prendre le vélo !


      • titi titi 24 août 2022 19:02

        @Fergus

        Visiblement vous ne connaissez pas Poitiers.

        Ce qui est interressant sur le trajet Gare SNCF => Mairie, ce n’est pas la distance, mais le dénivelé.


      • Fergus Fergus 25 août 2022 09:36

        Bonjour, titi

        Heu... si, je connais Poitiers.
        La dernière fois que j’y suis allé (pour y faire étape entre les côte d’Armor et le Cantal), j’étais logé en chambre d’hôtes du côté du parc de Blossac, grosso modo la même distance de la mairie que depuis la gare.
        Oui, il y a un « dénivelé », mais de quelques dizaines de mètres tout au plus entre la gare et l’hôte-de-ville. Et ce n’est pas plus facile en vélo, sauf à utiliser une assistance électrique.


      • véronique 26 août 2022 10:29

        @Fergus

        Quelques dizaines de mètres sur une distance courte rendent la marche éprouvante. En vélo c’est quasi-impraticable, sauf si le vélo est électrique.
        En plus le parcours gare hôtel de ville à Poitiers n’est pas particulièrement agréable. Et le parc de Blossac est déjà nettement plus haut que la gare.


      • Clark Kent Philippulus 23 août 2022 18:58

        J’ai cru lire quelque part que les agriculteurs de Poitiers ont arrêté la culture du sarrasin. Mais j’ai peut-être mal lu.


        • troletbuse troletbuse 24 août 2022 11:51

          Grace à la diabolisation de la voiture et au prix exorbitant des parkings, les centres de ville sont désertés. Il n’y reste plus que les agences de voyage, quelques banques et quelques commerces de bouches.

          Les commerçants ont investis dans les centres commerciaux où le prix des cellules est également très élevé et beaucoup ne tiennent plus d’une année. Je vois des magasins de vêtements avec au moins 4 employés vu les horaires et jamais un client. Comment sont-ils rentables ? Mystère.

          En ce moment grâce à la manipulation du climat et à l’ensemencent de poison dans tous les cieux, nous avons la canicule et le temps chaud. Les restaurants sont complets. Qu’en sera-t-il quand les pénuries vont arriver dans 1 ou 2 mois ?

          Électricité, gaz, nourriture.

          L’agenda 2030 se déroule et les maladies participeront au génocide mondial dont les escrologistes sont de fervents alliés.

          Petite vidéo ’12 mn) où beaucoup de complots sont dénoncés. mais les mougeons aveuglés par le masque sur les yeux et fainéants comme des couleuvres (dit-on) croit toujours que la classe politique complétement pourrie, nous veut du bien

          https://crowdbunker.com/v/9WpKOktafGQ


          • jymb 24 août 2022 12:44

            Dans les quelques villes que je pourrais fréquenter le constat est accablant. Les centres villes sont inaccessibles, le bouchonnage organisé archi polluant est la règle, même les parkings relais sont à des tarifs supersonique ; dés que le dernier magasin ( les mêmes enseignes partout ..) ferme le soir, ces centres villes deviennent des zones sans vie, sans habitants, hantées par des clodos et des junkies aggressifs..échec absolu de radicalisés autophobes et populophobes

            Quel bonheur de revoir ces scènes de film des années 70/80 avec des rues vivantes, grouillantes d’activités variées, d’habitants vrais, de tout profil


            • zygzornifle zygzornifle 25 août 2022 10:59

              Les écolos sont une secte comme tous les partis politiques ....

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