• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « En attendant Godot » André Marcon & Gilles Privat Le duo de Françon (...)

« En attendant Godot » André Marcon & Gilles Privat Le duo de Françon qui signe L’excellence

En proposant à La Scala la pièce de Beckett, Alain Françon donne un accès direct et factuel à ce texte de 1948 où les échanges verbaux se lisent aisément au premier degré ou plus exactement à travers le prisme de la candeur.

 

JPEG - 71.6 ko
EN ATTENDANT GODOT
© Jean-Louis Fernandez

  

Si donc Estragon et Vladimir attendent Godot, il n'y a aucune raison de remettre en question leur décision commune... même si en prenant, eux-mêmes, le risque de se lasser, il pourrait leur venir l'envie de s'éloigner le plus possible de ce lieu, peu hospitalier, calculé a minima dans les didascalies :

Un rocher à jardin ainsi qu’un arbre sec à cour et voici donc le décor désormais planté jusqu'à la fin des temps.

Bien qu'il ne s'agisse point à proprement parler de métaphysique appliquée, André Marcon et Gilles Privat sont au taquet pour effectuer cette partie de dualité tennistique où ils semblent se renvoyer la balle avec une assiduité constante dans le rôle spécifique qui leur est à chacun dévolu :

 

JPEG - 82.2 ko
EN ATTENDANT GODOT
© Jean-Louis Fernandez

  

C’est-à-dire en dépressif fataliste pour Estragon et en optimiste opiniâtre pour Vladimir, leurs échanges verbaux pourraient ainsi durer ad vitam aeternam puisqu'ils apparaissent programmés pour assurer leurs fonctions dans une récurrence infinie.

Qu'ils soient, par deux fois, interrompus par Pozzo et Lucky dans leur débat méta-réaliste, importe peu en définitive puisque, de fait, ils sont branchés sur pilote automatique.

Que le « jeune garçon » (Antoine Heuillet) vienne leur répéter le même message d’importance, également à deux reprises, cela ne changera guère davantage l'ordonnancement de leur emploi du temps.

 

JPEG - 138 ko
EN ATTENDANT GODOT
© Jean-Louis Fernandez

  

D'accord, ils ont compris que Godot ne viendra pas aujourd'hui mais ils peuvent prendre leurs dispositions pour l'attendre demain. Ce ne sera donc que partie remise.

Sans doute, seront-ils plus ou moins impactés par la relation d'aliénation extrême exposée par le maître Pozzo et l'esclave Lucky, mais passé l’effet - dialectique hégélien - de surprise, et puisqu’au demeurant, les humains s'habituent à tout, ce tableau consternant sera plutôt perçu par eux sous forme d’originalité burlesque plutôt que comme injustice insupportable.

Bref au royaume de Didi et Gogo, tout s'enchaîne à merveille jusqu'aux motifs de l'ennui sans cesse renouvelés rien que pour pouvoir faire diversion.

 

JPEG - 60.2 ko
EN ATTENDANT GODOT
© Thomas O’Brien

  

Comme toujours concernant cette pièce, il faut de grandes pointures pour assurer la crédibilité de ces personnages sortis tout droit du réalisme le plus tangible.

André Marcon & Gilles Privat assurent avec une complicité haut de gamme ce dialogue cadencé par Alain Françon à la manière d’un métronome qui, à certains moments, s'emballerait juste pour le plaisir de mettre du piment dans cette vie essentiellement réitérative.

C'est dans ce dessein que Pozzo, Philippe Duquesne et Lucky, Eric Berger vont également collaborer en tant qu’êtres télécommandés par leurs instincts de survie, l'un par abus de pouvoir et l'autre par excès de soumission mais tous les deux super focalisés dans la perfection du geste à réaliser.

 

JPEG - 99.2 ko
EN ATTENDANT GODOT
© Theothea.com

  

Cette mise en scène sur fond d'écran où lune et nuit noire se relaient parmi les nuages comme pour en signifier l'hyperréalisme, garantit au mieux, à l’égard du spectateur, la lecture de Samuel Beckett au plus proche des intentions de l'auteur... qui lui, sans vergogne, ne craint pas de laisser, au final, ses personnages dans le même état qu'il les avait accueillis au départ non sans affirmer, par ailleurs, qu'il est définitivement quitte avec eux.

Voici donc, de fait, un grand moment de Théâtre à part entière qu'Alain Françon aura su, de surcroît, orchestrer avec belle distance humoristique.

  
photos 1 à 3 © Jean-Louis Fernandez
photo 4 © Thomas O'Brien
photos 5 & 6 © Theothea.com
 
EN ATTENDANT GODOT - **** Theothea.com - de Samuel Beckett - mise en scène Alain Françon - avec Gilles Privat, André Marcon, Philippe Duquesne, Eric Berger & Antoine Heuillet - Théâtre La Scala

 

  

JPEG - 66.6 ko
EN ATTENDANT GODOT
© Theothea.com

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (18 votes)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité