Dans un pays comme la France, le
service annuel de la dette publique atteint aujourd’hui les 50
milliards d’euros, soit 15% des recettes fiscales. L’opinion
publique est souvent abusée par certains hommes politiques et
experts qui assimilent ce montant d’intérêts au produit de
l’impôt sur le revenu. Comme 50% des ménages français sont
exonérés de cet impôt, ils pourraient penser qu’ils ne
supportent pas les charges d’intérêts de l’État et que seuls
ceux qui paient l’impôt sur le revenu pourraient être concernés.
Or, ce n’est pas le cas. Dans presque tous les pays du monde, les
règles budgétaires stipulent que les intérêts de la dette sont
prélevés, d’une part, en priorité, et, d’autre part, sur
l’ensemble des recettes de l’État. Dans le cas français, si 15%
des recettes fiscales sont consacrées aux paiements des intérêts
de la dette, ceci veut dire que 15% de la TVA comme 15% de la taxe
sur les produits pétroliers ou 15% de l’impôt sur le revenu y
sont affectés. Concrètement, sur chaque litre de carburant acheté
en France, le consommateur, riche ou pauvre, acquitte 85 centimes à
l’État dont 13 sont reversés aux créanciers. Chaque adulte
acquitte annuellement 1250 euros pour payer les intérêts de la
dette d’État (hors dette des collectivités locales et de la
sécurité sociale). Le plus pauvre des consommateurs dans l’endroit
le plus reculé du pays acquitte sa contribution à cette rente.
L’État prélève sur tout le monde pour redistribuer aux
titulaires de capitaux placés en bons d’État. L’État devient
délégataire de ces rentiers qui, par ce mode de capture, évitent
de s’engager dans des investissements productifs.