Chacun voit certes midi à sa porte et minuit à sa fenêtre...Question de mise en perspective, de représentation, voire de biais perceptif.
Cela paraît évident, mais reconnaissons que nous sommes parfois estomaqués de nous apercevoir que peu de gens sont capables de se mettre à la place de l’autre. Ils ne savent pas se décentrer de leur cadre et manifester un minimum d’empathie.
Or si nous étions plus souvent capables de ce changement de perspective, certains conflits abrupts reposant sur une incompréhension foncière seraient sans doute sinon évités, du moins adoucis.
Toute affaire de « piston » est fort déplaisante, car elle relève de l’injustice. Ceux qui n’ont pas la chance d’avoir dans leur entourage des personnes influentes sont désavantagées.
Lorsque l’affaire intervient au plus haut niveau de l’État, l’injustice est d’autant plus inélégante et criante. Il est donc normal qu’elle soit dénoncée. A force de tout accepter, nous finirions par bêler.
Ici ce n’est pas une « grosse » affaire, certes, mais s’il s’avère que l’Elysée est intervenu, c’est une expression de népotisme. Une de plus...
J’ai souvenance de travaux de criminologues belges, qui montraient que ce n’était pas le fait de « Surveiller et punir » (comme l’avait écrit Foucault ) qui permettait de combattre en profondeur la criminalité. C’était le fait d’amener le criminel à analyser par quels mécanismes il était passé pour aboutir à l’objectivation suprême qu’est le meurtre d’autrui. L’autre, dans le meurtre, n’est plus l’autre en soi, mais l’autre uniquement pour soi.
Bien-sûr, nous procédons chaque jour à ces modes d’objectivation de l’autre. Le meurtrier n’est pas radicalement différent de nous. Mais les seuils du mal fait à l’autre sont évidemment différents lorsque l’on se moque de quelqu’un, ou qu’on le tue.
Le système pénal devrait pouvoir prendre en compte la souffrance engendrée chez la victime (en cas de viol) ou ses proches (en cas de meurtre) et, s’écartant de la notion de « vengeance », sanctionner l’objectivation en rouvrant au sujet criminel le chemin de l’autre...
On est très loin de cette logique aujourd’hui, hélas.
La castration chimique est une réponse aberrante, dans la droite logique de l’idéologie naturaliste. Cette idéologie pose que le viol est un acte sexuel, commis par une personne sous le coup d’une pulsion purement physiologique, d’une montée d’hormones. « Coupez les hormones, vous empêchez l’acte » : une équation d’une totale absurdité.
Car le viol est un acte de violence qui mime l’acte sexuel. Il fait partie du « Mal » que l’on peut infliger à autrui, dont la forme extrême est le meurtre. Objectiver l’autre ne requiert pas de pulsions spécifiques, mais une fantasmagorie où l’autre se perd totalement pour devenir le pur objet.
C’est la perte du sens de l’altérité qui produit le viol, les hormones n’étant qu’un épiphénomène, un colorant, un booster.
Eh bien alors, c’est parfait : débattons de ces propositions au-delà des clivages politiciens... Et sans nous focaliser sur les bouches qui les émettent.
Les idées viennent d’un pot commun où les uns et les autres puisent.