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Commentaire de J Delors

sur l'énergie verte, une chance


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J Delors (---.---.101.53) 6 août 2006 19:39

Il n’est pas choquant que l’Etat subsidie une diversification stratégique des modes de production d’électricité ou de chaleur pour faire face aux bouleversements attendus en la matière.

Une énergie renouvelable ou durable ne doit pas etre subventionnée. On n’est pas en économie communiste ! L’argent qui va aux subventions serait bien mieux dépensé en recherche, notamment en géothermie, en biocarburant et biomasse (la techno éolienne a 500 ans, si elle n’a jamais percé, c’est qu’il y a bien une raison). Adopter une solution non rentable sur un critère de politiquement correct en oubliant les fondamentaux économique est la pire façon de dépenser l’argent public.

Je trouve d’ailleurs que la France place trop ses œufs dans le seul panier nucléaire. C’est imprudent car l’uranium dont seulement 2% provient de gisements européens est relativement rare sur la planète et pourrait être rapidement soumis aux mêmes aléas que les cours du pétrole ou du gaz. Mais le risque est plus grand encore qu’un problème majeur condamne l’usage du nucléaire ce qui priverait la France de plus de 80% de ses capacités de production.

Le problème du combustible nucléaire ne se posera pas de sitot. C’est un argument qui prete à sourire et seuls les contradicteurs du nucléaire l’avancent sans trop se renseigner avant. Juste un exemple, il y a 6 centrales en cours de construction dans le monde en 2005 et les programmes nucléaires reprennent de plus belle, que ce soit en Asie ou en Amérique, voire en Grande-Bretagne (Blair venait de déclarer « Nulear power is back with a revenge ». Une centrale a une durée de vie de 40 ans (maintenant portée à 60 ans). Croyez-vous qu’elles ont été planifiées pour etre en difficulté prochainement faute de combustible ? Il faut savoir que pendant 2 décennies, l’exploration de l’uranium a été car le combustible est tellement peu cher et abondant, surtout avec le programme Megaton to Megawatt qui reconvertit les matériaux fissiles des bombes russes en uranium civil ce qui a contribué à casser les prix. D’ailleurs, le minerai compte tellement peu dans le prix du kwh final comparé aux couts de main d’oeuvre qualifié, d’amortissement... que d’après le CEA, meme une multiplication par 10 ne ferait augmenter pas le prix du kwh de 1% ! Donc pas d’inquiétude à avoir avec la récente multiplication par 2 du prix du minerai jaune. Pour ce qui est des réserves, on pourrait filtrer l’eau de mer et obtenir de l’uranium en quantité illimitée à l’échelle humaine. Par ce procédé, les japonais arrivent avec la techno actuelle à des couts inférieurs à 1000 euros/lbl. Et je ne parle pas des surgénérateurs qui permettent de convertir les 93% d’uranium 298 du minerai en matériau fissile, ce qui permettrait des centaines de milliers d’autonomie et beaucoup moins de déchets à longue vie.

Le nucléaire est moins cher, c’est notamment parce que l’assurance tout risque n’est pas payée par les électriciens. En effet, bien qu’à les entendre, les centrales nucléaires ne présentent aucun risque, les compagnies d’assurance ne veulent pas le prendre malgré les primes énormes qu’elles pourraient encaisser.

Le nucléaire en France est tout Etat. Il n’est donc pas pris en charge par une assureur plus que les barrages hydrauliques ou les centrales thermiques. Aux USA où il est géré par des compagnies privées très prospères, les centrales sont assurées. Le nucléaire est tellement rentable que des demandes d’implantation aux USA sont meme demandées par Areva. Seulement, à cause des multiples oppositions administratives, les centrales n’ont pas pu se contruire ces dernières années. L’obstacle n’est ni technique, ni financier, ni sécuritaire mais politique.

Le nucléaire présente l’inconvénient d’être fort centralisé. Il ne permet pas la cogénération qui consiste à utiliser la chaleur produite par une centrale thermique dans un rayon de moins de 10 km.

Sans doute, mais vous ommettez d’en citer les avantages, ne serait qu’avec l’électricité, on peut installer des pompes à chaleur qui permettent un rendement thermique pouvant atteindre 300%, et ce avec un cout d’infrastructure bien moindre que d’installer des tuyaux d’eau chaude dans un rayon de 10 km, en double du réseau électrique, qui ne sert en plus que pour l’hiver. Avec une présentation tronquée des faits, on peut tout dire.

Enfin, je pense que la commission de régulation se trompe quand elle affirme que le prix de l’électricité augmenterait dramatiquement en subsidiant l’éolien ou d’autres énergies renouvelables. Le prix moyen payé par les français était de 91€ par MWh (hors taxe) en 2005 avec un prix de production nucléaire de 32€. Supposons que 20% de l’électricité provienne d’éoliennes et que la différence de prix, je dirais 30€, soit répercutée sur la facture du consommateur. Elle augmenterait donc 6€ par MWh, soit 97€ au lieu de 91€ ce qui reste bien inférieur à la moyenne européenne de 106€ et aux pauvres belges qui payent 110€ alors que leur électricité est principalement nucléaire. Surréaliste ?

Au contraire, je pense que vous vous trompez en prétendant que l’électricité éolienne est peu chère. Prenez l’exemple du Danemark, pionnier dans le domaine avec 20% d’électricité éolienne et des fermes offshores qui fonctionnent depuis longtemps. Pourtant, son électricité, meme très fortement subventionnée au niveau éolienne (le pays veut vendre beaucoup d’éoliennes... chez les autres) est 2x plus chère que celle en France. Pour vous citer un seul exemple de cout que vous oubliez, les éoliennes produisent de l’électricité de manière capricieuse à des endroits très divers, souvent excentrés, pour lesquels le réseau de transport d’EDF n’a pas été prévu. Les responsables d’EDF ont estimé en 2001 que l’adapter à une production éolienne de 12.000 MW coûterait 3,6 Mds euros, cout qui serait forcément répercuté dans le kwh final.


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