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Commentaire de Pierre Arrighi

sur La rénovation de la politique : le mauvais exemple de certains députés UDF


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Pierre Arrighi Pierre Arrighi 30 avril 2007 12:30

Bonjour, je trouve votre article pertinent et intéressant. Mais il me semble aussi qu’il y a, chez Bayrou, un manque de projet qui devient très inquiétant. Je crois que le projet Sarkozy est cohérent et que, contrairement à ce que dit Bayrou, sa politique va de pair avec son économie. Idem pour Royal, son projet aussi est cohérent. D’ailleurs le projet de Sarkozy est celui de Raffarin, à peu de choses près. Et celui de Royal celui de Jospin, à peu de choses près. On ne peut pas alors dire, je prends l’économie de celui-là et la politique de celui-ci. Ça n’est plus cohérent. Car le problème ce n’est pas de s’occuper différemment de la politique ou de l’economie en restant toujours dans la verticalité actuelle, mais de s’occuper de la société, qui n’est pas le centre, mais qui est l’énergie fondatrice, la base, et qui étouffe. Quand Bayrou parle de « la société », de la « créativité de la société », il y a là quelque chose d’intéressant mais de pas développé. Il y a une intuition. Mais ça reste des mots encore vides. Et le politique doit transformer ce sentiment en projet précis. C’est sur « le blocage de la société » que les électeurs de gauche et de droite se sont retrouvés pour un vote « décalé » sur Bayrou. Sarkozy, qui tape sur mai 68, a bien compris cet enjeu. Et pour ne pas « débloquer la société » il ramène tout « aux valeurs », à l’ordre vertical dont on étouffe, ce qui n’est pas pragmatique et qui est de mauvais augure, ce qui augmente la méfiance là où on devrait mettre de la confiance. Ce n’est pas de valeurs qu’il s’agit, mais de changements concrets dans la société de manière à ce que la verticalité (du projet de droite et du projet de gauche, de l’entreprise et de l’Etat) trouve le contre-poids dans la « libération » de la société, dans la créativité des gens, des enfants, des ados, des chercheurs, des ingénieurs, des ouvriers. Même si cela ne fait pas des employés et des ouvriers soumis et dociles. La société a besoin d’ouvriers et d’employés créatifs aussi et surtout. Et non d’une chaîne de petits chefs. Cette troisième composante, « la société », qui commence à l’école, à la maison, qui est la vie des gens et la source créatrice d’un pays, c’est elle que l’on bloque, c’est elle qui est arrêtée net par des structures verticales réglementées pour ça, avec une verticalité très bien explicité, visible et descriptible au quotidien, parfaitement détectable. Dans ce sens, le diagnostic de Bayrou n’y est pas. Diversifier ne suffit pas si des contenus nouveaux n’apparaissent pas. Où sont les problèmes et quelles sont les solutions ? A cela il n’y a toujours pas de réponse. Il ne reste que l’attente et aussi l’exemple de pays voisins plus ouverts, libéraux ou sociaux-démocrates peu importe, mais qui accordent la confiance aux personnes, et qui, ce n’est donc pas un hasard, peuvent créer plus de richesse parce qu’ils sont plus à la créer, qu’ils sont poussés à le faire, formés pour le faire, récompensés quand ils le font. On ne peut plus séparer société, culture, économie et politique. La vitalité et la confiance du tissu social, depuis l’enfance, la place accordée à son énergie « naturelle », c’est cela qui fait les chercheurs, les idées, la vitalité d’un pays, qui augmente la création de richesses et ramène le chômage à des niveaux et des formes acceptables de mobilité. Cordialement, Pierre Arrighi


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