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Commentaire de Patrick Adam

sur Fichier des expulsés et de leurs amis


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Patrick Adam Patrick Adam 22 août 2006 18:33

@ l’auteur

Vos jugements sont franchement à l’emporte-pièce. Dites moi donc un peu d’après vous à quoi sert la police ? A rien ? Alors, on la supprime quand ? Comment croyez-vous qu’on arrête des voleurs, des trafiquants, des dealers ? En faisant tourner la roue de la fortune des citoyens et en attendant de voir où elle va s’arrêter ?

Que vous le vouliez ou non, être sans-papier c’est commettre sciemment un délit. A quoi sert d’avoir des papiers alors ?

Je peux en parler en pleine connaissance de cause, j’ai moi-même fait entrer en France clandestinement un sans-papiers qui, aujourd’hui, y vit et y travaille. Il s’est marié et il a un un petit garçon adorable. Et vous ne pouvez savoir le plaisir que j’ai de le voir exhiber des papiers qui ont changé sa vie.

Mais j’ai parfaitement conscience d’avoir commis un acte délictueux et je l’ai fait à mes risques et périls. Si je m’étais fait attraper (du reste je suis peut-être encore sous le coup de la loi - je m’en fous) je ne m’en serais pris qu’à moi-même, jugeant que la loi, comme le disait Socrate, si on l’applique aux autres et qu’on essaie de s’y soustraire, il n’y a pas de quoi être fier.

Vous ne le savez peut-êre pas, mais vous devez être vous-même couché sur un bon matelas de fichiers : téléphone mobile, carte bleue, assurance, péages de parking ou d’autoroutes, etc... Sans parler de renseignements politiques. Vous êtes et vous serez de plus en plus filmé dans les lieux publics, que ça vous plaise ou non. Bien sûr on peut rêver d’une société vierge de toutes ces contraintes. Si elles vous pèsent trop allez donc vivre sur le Plateau des Mille Vaches, vous y serez peut-être plus pénard « dans la grand mare des canards ». La vie urbaine nous impose de plus en plus de contraintes. Trop tard pour reculer maintenant.

Bien sûr, il ne faut pas laisser faire n’importe quoi, mais souvenez-vous des premières réactions à la vidéo-surveillance. J’en ai été autant choqué que vous même parlant aujoud’hui de ce fameux fichier des sans-papiers et de ceux qui leur accordent leur aide. Mais n’avez-vous donc pas remarqué qu’à la longue, et menace aidant, on s’y fait.

Dernier point, mais je me demande si vous pouvez comprendre car vous semblez mettre un point d’honneur à vous voiler la face à propos de faits concrets qui sapent votre bel édifice : savez-vous combien rapporte un sans-papiers à la filiale mafieuse qui parvient à le faire passer en Europe ? Environ 5 000 €. Savez-vous à combien se négocie le mariage entre cousins du bled : 3 à 5 000 €. parfois plus. Voulez-vous que je vous parle des centaines de subsahariens abandonnés par leurs passeurs en plein désert après leur avoir fait passer la ligne de front du Polisario ? Savez-vous qu’en Afrique, mais aussi en amérique du sud et en Asie, des familles s’endettent pour la vie pour payer un tel voyage. Vous n’avez rien à redire ?... Surtout quand le « corps du délit » comme on dit est repêché entre deux eaux, au large des Canaries ou de Lampedusa. Vous pensez sérieusement qu’il faut que ça continue longtemps comme ça ? Sinistre.

Oui, si vous voulez aider un clandestin, vous allez prendre un risque. Mais assumez-le, Bon Dieu, et ne demandez pas à la société de le faire à votre place. Votre bonne conscience s’en trouvera sans doute raffermie.

Bien à vous. Patrick Adam


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