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Commentaire de Marie

sur Irak - « Ici, l'interprète est l'homme à abattre » !


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Marie 12 août 2007 21:20

à propos de la situation interne en Iran :

« Laisser agir l’Iran, c’est accepter l’apartheid », par Ramin Parham, intellectuel iranien, président Comité franco-iranien pour la démocratie en Iran.

La nouvelle n’a plus rien de nouveau mais, noire et alarmante, elle l’est toujours autant : une violente et nouvelle vague de répression, torture, exécutions en série, lapidation, aveux politiques télévisés, arrestations arbitraires et enlèvements, s’abat sur les quatre coins de l’Iran, berceau de la « révolution islamique permanente ». Elle révèle, par sa brutalité même, la dialectique conflictuelle des deux volontés antinomiques de liberté et de soumission en Iran.

Un clin d’oeil sinistre à la noirceur de la situation dite “sécuritaire” en Iran, proclamé par les théocrates au pouvoir comme une « démocratie religieuse stable et pérenne » !, montre l’étendue de cette « stabilité » fallacieuse :

Mai 2007, Ahmad Qasabian, Moqdad Khalilpour, Pooya Mahmoudian, Majid Tavakkoli et Majid Sheikhpour, de l’Université Polytechnique Amir Kabir de Téhéran, sont arrêtés suite à la parution d’un journal de campus jugé « insultant au caractère sacré de l’Islam » par les autorités judiciaires. Depuis le 26 juin dernier, 400 à 500 personnes ont été arrêtées dès le lendemain de l’explosion la colère urbaine dans plusieurs grandes villes, y compris dans la capitale, provoquée par le rationnement de l’essence dans un pays ayant engrangé plus de 400 milliard de dollars de revenue pétrolier ces neuf dernières années. Le 5 juillet, Jafar Kiana, accusé d’adultère, est lapidé dans la province de Qazvin, à l’est de Téhéran, tandis que son coaccusée, Mokarrameh Ebrahimi, arrêtée il y a onze ans, languit en prion avec ses deux enfants, en attendant d’être lapidée à son tour.

Le 9 juillet, seize militants du mouvement étudiant sont arrêtés durant la huitième commémoration annuelle de la violente répression du soulèvement estudiantin de juillet 1999, parmi lesquels Mohammad Hashemi, Ali Nikou Nesbati, Mehdi Arabshahi, Hanif Yazdani, Ali Vafaqi, Abdollah Momeni et Mojtaba Bayat. Le 11 juillet, ont été arrêtés Behareh Hedayat et Amir Yaghoub-Ali, militants des droits civiques et membres de la Campagne pour l’Égalité, pétition connue sous le nom d’ « un million de signatures » et réclamant la fin de l’apartheid sexuel en Iran.

Les 9 avril et 10 juillet, sont arrêtés et transférés à la prison d’Évin, au nord ouest de Téhéran, Mahmud Salehi et Mansour Osanloo, respectivement militant du mouvement ouvrier et leader d’une organisation syndicale des transports forte de plus de 17000 membres. Les 18 et 19 juillet, la télévision d’État diffuse les aveux forcés de trois universitaires, dont deux de nationalité américaine et languissant toujours à Évin, accusés d’être les maillons locaux d’un complot américain visant à provoquer une « révolution de velours » en Iran. Le 22 juillet dernier, Saeed Mortazavi, le procureur islamique de Téhéran, annonce l’exécution par pendaison de seize « bandits » et en promet dix-sept autres.

Depuis plusieurs mois, la police islamique des mœurs poursuit sa campagne dite de « sécurité sociale » contre celles et ceux accusés d’être « les panneaux publicitaires ambulants pour la déviation sexuelle occidentale » ou les avant-gardes de « l’offensive culturelle de l’occident ». Parmi les vagues incessantes d’oppression visant à museler la dissidence ethnique en Iran, une déferlante balaie la province du Kurdistan où Abdolwahed Hiwa Butimar, arrêté le 26 décembre 2006 et son cousin journaliste Adnan Hassanpoor, arrêté le 25 janvier 2007, tous deux accusé de « combat contre Allah », Moharebeh en jurisprudence islamique, attendent la peine de mort et où d’autres opposants ont récemment entamé une grève de la faim, tandis que la vie de Mansour Tayfouri, journaliste et traducteur, est également en danger.

La liste noire des exactions du régime islamique peut ainsi être allongée bien davantage, des atteintes aux Droits de l’Homme à l’aventurisme atomique et au terrorisme, utilisés comme instruments géopolitiques. Rien d’étonnant à tout cela malheureusement. Ce qui, par contre, est ahurissant, est l’approche candide et parfois complice du monde extérieur. Tandis que le régime islamique gravit les marches, pas à pas, vers le point de non retour dans son défi à la communauté internationale sur la question nucléaire, continuant pendant ce temps à bâillonner son peuple avec tout le conseil et la technologie que le marché mondial met à sa disposition, il est en effet ahurissant de voir les mêmes apologistes chevronnés des deux rives de l’Atlantique, prêcher pour plus de « dialogue », plus d’échanges commerciaux et moins de sanctions ciblées ! Cependant, la campagne étatique de terreur menée contre le peuple iranien se passe de commentaire : acculés à la perspective de voir les actes jusqu’ici éparses de désobéissance civile s’articuler dans un vaste mouvement de Solidarité à l’iranienne, soutenue par la communauté internationale, les théocrates iraniens sont plus vulnérables que jamais.

Dissidents iraniens de l’intérieur comme de l’extérieur, nous rappelons au monde entier que la crise actuelle a ses racines dans une dialectique des volontés irréconciliables : celle du fascisme contre celle de la liberté. C’est pourquoi, nous demandons à l’Organisation des Nations Unies, à l’Union Européenne et à toutes les institutions internationales de faire pression pour des actions coordonnées et ciblées à l’encontre de la République Islamique d’Iran sur le même modèle qui fut naguère appliqué avec succès contre le régime d’apartheid racial d’Afrique du Sud. Signataires de cet appel collectif, nous rappelons au monde libre que dans une telle dialectique, la défaite n’est tout simplement pas une option envisageable.

[Ce texte est soutenu par plusieurs dizaines de dissidents, intellectuels et artistes. Parmi les signataires, S. Ahy, K. Roosta, H. Zarezadeh Ardeshir, K. Sanjari, M. Irani, F. Saberi, V. Azad, Sh. Abqari, S. Abqari, M. Maqsoodnia, D. Golriz, H. Narenji, A. Mahdavi, E. Ahanian, T. Ahrami (Membres du comité de coordination de Solidarité Iran, constitué à Paris le 17 juin 2007) ; M. Taqipoor (actrice, dramaturge et réalisatrice de théâtre) ; M. Mohammadi et K. Seyhati (respectivement membre dirigeant et militant du mouvement étudiant) ; mais aussi des militants des mouvements des femmes, ouvriers, étudiants, et organisations civiles des avocats, médecins, et journalistes, ainsi que des familles de prisonniers politiques iraniens. Tous les noms des signataires actuellement en Iran ont été omis pour raison de sécurité. ]


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