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Commentaire de Nemo

sur Sortie d'hibernation pour l'ours Russe


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Nemo 18 septembre 2007 10:57

@ l’auteur,

J’adhère en grande partie à votre analyse des récents développements des relations internationales et de la montée en puissance des démonstrations de force russes. J’aimerai y apporter cependant l’une ou l’autre nuance.

Les « intimidations typiques à l’approche d’élections » ne sont pas à balayer d’un simple revers de la main. Leur importance est tout à fait significative. Le ressort est chez nous connu, à savoir assécher les thèmes de l’extrême-droite et s’ouvrir au centre. A ceci près qu’il s’agit là de l’extrême-droite et du centre russe, dont les thèmes sont quelque peu différents des nôtres. Mais on est en plein dans cette stratégie.

Les gesticulations de ces dernières semaines n’ont ceci de nouveau que leur large exploitation médiatique, dont la montée en puissance d’ailleurs correspond à la chute de la créditibilité des Etats-Unis comme défenseur des libertés et de la démocratie. Mais l’influence politique économique et militaire dans les anciennes Républiques de l’URSS sont tout sauf neuves.

Ce n’est devenu un secret pour personne, les Etats-Unis ont tombé le masque. Ils sont, comme n’importe quel Etat sur cette planète, y compris la France et les autres Etats européens, gouvernés par la recherche de la puissance. La seule différence avec les autres Etats réside dans leur capacité d’intervention sur l’ensemble du globe.

Il semblait exister, jusqu’au début des années 2000, un tacite partage des zones d’influence entre les Etats-Unis et la Russie. La « chasse gardée » de la Russie était constituée des anciennes Républiques de l’URSS, à l’exception des pays baltes, et les Etats-Unis se chargaient du reste du monde.

Sauf qu’à la « faveur » de l’effondrement du WTC (le terme me revolte mais il n’y en a pas d’autre), les Etats-Unis se sont précipités en Asie centrale pour briser ce partage (bases en Ouzbékistan,...) et tenter de prendre pied à proximité des importantes réserves de gaz de cette région. Et si l’on regarde le déroulement chronologique de la montée en charge des démonstrations de puissance russe, c’est là où cela a vraiment commencé.

Les Etats-Unis jouent à ce sujet un habile jeu du pompier pyromane. En soufflant sur les braises grâce à leur idée de génie de radar et de missiles anti-missiles en Pologne et République Tchèque, ils obligent la Russie à répliquer fermement. Sur le plan intérieur, les russes ne comprendraient pas pourquoi leur pays doit s’incliner devant les Etats-Unis qui viennent les provoquer juste sous leur nez. Et sur le plan international, si la Russie accepte ce projet sans rien dire, cela veut dire qu’elle n’a pas la force pour s’y opposer.

La conséquence de cette montée en tension est d’obliger les européens à prendre parti. Et, pour l’instant encore, à choisir entre les Etats-Unis et la Russie, les européens choisissent à tous les coups les Etats-Unis. D’une pierre deux coups : les Etats-Unis isolent quelque peu la Russie du point de vue international - car, malgré l’évidence, ce sont les russes qui passent pour un danger dans cette affaire - et les européens sont obligés de faire marche arrière dans leur rapprochement avec la Russie.

Et c’est là où je m’éloigne légèrement de votre analyse. Là où vous voyez une volonté de la Russie de peser sur les questions internationales, je n’y vois que la défense de leur « pré carré », défense sciemment provoquée par les Etats-Unis que cette tension arrange.

Enfin, sur la question du Kosovo, je n’y vois pas comme vous la continuité de la politique panslaviste russe, mais un reliquat de celle-ci utilisé comme chantage par rapport aux zones séparatistes en Géorgie. La question est la suivante : Si le Kosovo, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, devait pouvoir accéder à l’indépendance suite à un référendum, pour quelles raisons un processus similaire serait-il refusé à l’Abkhazie et à l’Ossétie du Sud ?

Mais en tout cas, merci pour votre article de qualité.


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