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Commentaire de Argoul

sur L'enseignement supérieur français, une illusion d'excellence ?


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Argoul Argoul 24 novembre 2007 12:01

1/ J’aime l’université, j’en suis sorti, j’y enseigne parfois. Je déplore en effet que, depuis Napoléon, l’Etat (les élites) ait laissé l’université à l’abandon (à l’époque, elle était « libérale », c’est-à-dire de gauche contre l’empire). La création des grandes écoles a donc été volontairement élitiste - une caste d’Etat.

2/ Ce que je trouve intéressant, dans le regard du professeur d’université qu’est M. Gouadain (dont je ne fais que résumer les propos iconoclastes), est le regard du monde extérieur. Si « nous » sommes mal classé parmi les établissement supérieurs du MONDE ENTIER, n’y aurait-il pas quelque « problème » à notre cocoricotante suffisance à croire que « nous sommes les meilleurs » ? Socrate est tout à fait bienvenu dans cette remise en cause. Relisez donc Socrate via Platon.

3/ Ce qui est en cause n’est pas l’élitisme en soi - de toutes façons il a lieu et il faut bien sélectionner les meilleurs d’une façon ou d’une autre. Que ce soit par concours, tout à fait « démocratiques », j’en suis d’accord (mais alors, pourquoi ne pas l’étendre aux mastères des universités si c’est si bien que ça ?). Que ce soit par sélection au fil des années universitaires (50% laissent tomber avant la licence...) Que ce soit plus atrd, à l’entrée dans la vie active : concours pour la fonction publique, entretiens d’embauche pour le privé.

4/ Ce qui est en cause est l’élitisme spécifiquement « par les maths », et depuis tout petit (la Seconde valant orientation). Qui n’est pas matheux est considéré comme « inférieur » - alors qu’il peut être brillant en lettres, en relationnel, en débrouillardise. On manque de commerciaux justement, on manque d’artisans, on manque de gens capables de se débrouiller à l’étranger. Pourquoi vilipender ceux qui ne sont pas « maths d’abord » ? Nota : j’ai passé le bac philo et je ne regrette rien.

5/ L’auteur (comme moi) ne prône en rien une « professionalisation » de l’université : il y a des écoles ou des DESS spécialisés (comme leur nom l’indique) pour ça. L’abstraction est utile, si elle sert à la recherche. mais l’abstraction mathématique dès la 6ème pour la sélection par les maths, Polytechnique étant le plus « valorisé », ce n’est pas le signe d’une société « normale », démocratique et comme les autres. Ce n’est pas la meilleure façon de nouer des relations de travail avec les autres, ni de répondre aux besoins de « client ». Et c’est surtout le signe d’une société de castes, élitiste dès 15 ans (à l’orientation en Seconde, préparée en 3ème) qui vous marque à vie. Rien à voir avec ce qui s’acquiert par l’expérience professionnelle en Allemagne et en Suisse, ou par la débrouillardise aux Etats-Unis ou en Hollande. La soi-disant « démocratie » française a de furieux relents de Cour de Louis XIV...

6/ En ce sens, donner plus d’autonomie aux universités, à condition de garder aux diplômes une portée nationale, ne peut que faire du bien. Rien n’empêche d’ouvrir des filières pour la culture générale (sans passage de diplômes), ou de participer à la formation tout au long de la vie (avec équivalences et validations de diplômes). Mais c’est trop timide en France parce que cela reste trop centralisé au ministère. Il y a à réfléchir, à débattre, mais certainement pas à bloquer ! La démocratie exige « un continuum de citoyens convenablement formés, satisfaits de leur sort et devant lesquels s’ouvrent de raisonnables perspectives de promotion, y compris jusqu’au sommet » (dernière phrase de l’article).


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