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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Kadhafi, une polémique à 10 milliards


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 12 décembre 2007 10:39

La politique internationale n’est pas la morale : les états entretiennent des relations d’intérêts qui ne valent que dans la mesure où ils contribuent à la pacification de leurs relations ; en cela elle n’est contraire à la morale que si l’on confond l’idéal avec la réalité, que si l’on fait du futur l’otage du passé.

Dès lors que cette visite peut permettre de réinsérer l’état lybien dans un processus de paix qui peut progressivement aboutir à détendre à l’extérieur et à l’intérieur la situation politique dans un sens favorable aux droits de l’homme et à la paix, elle est justifiée non du point de vue du passé mais de l’avenir et c’est l’avenir et non le passé qui dira si cette visite a été ou non positive pour l’état du monde, de l’Europe, de la France et l’évolution du régime lybien.

Le commerce a toujours, y compris des armes, un aspect pacificateur dès lors qu’il confère à chacun un droit de regard et donc un pouvoir sur l’usage qui est fait des produits vendus : les échanges peuvent être en effet interrompus si cet usage s’avère incompatible avec le paix. Il fait de l’intérêt mutuel le fondement des relations internationales de telle si sorte que nul ne peut sans dommage pour lui sortir d’un contrat dont il tire bénéfice.

En invitant kadhafi, NS a pris un risque calculé mais nécessaire pour faire reculer le terrorisme islamiste qui est, aujourd’hui, le danger principal pour la sécurité mondiale. Dans le mesure où l’état lybien peut contribuer à ce combat avec quelque efficacité, il est indispensable de l’y associer.

Aucune moralisation des relations humaines n’est possible dans la terreur ou l’exclusion définitive de qui y a eu recours (pensons aussi aux palestiniens et aux israéliens) ; si la politique n’est pas la morale elle peut et doit y contribuer par des échanges inclusifs qui prennent en compte l’évolution des états vis-à-vis du terrorisme. Expliquer le terrorisme comme l’a fait Kadhafi n’est pas le justifier et il vaut mieux savoir sur quelles inégalités il prospère pour pouvoir le vaincre aux yeux des populations dans lesquelles il recrute.

Il n’y a pas d’autre politique possible qu’une politique réaliste qui tente de faire usage des rapports des forces dans un sens favorable à la détente et à l’égalisation des échanges, conditions incontournables, pour voir progresser les droits de l’homme. Il n’est pas en ce sens immoral d’être réaliste en politique, sauf à refuser les conditions d’une possible, mais incertaine, moralisation des échanges.


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