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Commentaire de FYI

sur Travailler moins pour vivre mieux : du début à la fin du Travail


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FYI FYI 28 décembre 2007 11:15

Je me permets de vous retransmettre l’écrit d’un internante qui résume pertinamment l’état du bon peuple de France :

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Ne vous y trompez pas : derrière le cirque médiatique permanent et insupportable à la tête de notre Principauté (le Canard titre ce matin “Après la Libye, la libido !”) se cache un phénomène rampant, beaucoup plus grave et difficilement réversible. Non, pas le réchauffement climatique : la droitisation politique.

Comme le réchauffement climatique, on en est conscient, mais on n’y prête pas une grande attention tant qu’on n’est pas directement atteint dans sa vie de tous les jours. Pourtant, comme le réchauffement climatique, la droitisation s’accélère dangereusement. Et depuis le 6 mai dernier, c’est même un emballement !

La banquise fond et les ours polaires vont disparaître ? “Bah, on s’en fout de la banquise tant qu’on peut aller au ski, bouffer une glace chez Nardone, et aller voir l’ours polaire au zoo d’Amnéville !”

On traque les clandestins avec un zèle qui rappelle sinistrement d’autres périodes de notre histoire ? “M’en fous, je suis français bien blanc, d’ailleurs ceux qui sont en règle n’ont rien à craindre, je ne vois pas pourquoi on ne reconduirait pas chez eux ceux qui sont chez nous dans l’illégalité“.

Madame Alliot-Marie a récemment annoncé dans l’indifférence quasi-générale le triplement de son salaire du nombre de caméras de vidéosurveillance. “Et alors ? Elles n’emmerdent que ceux sont qui ont quelque chose à se reprocher. Moi, je m’en fous !”

Sarkozy fait actuellement le forcing pour pousser au travail du dimanche : “Vu qu’on travaille la semaine on n’a jamais le temps de faire toutes les courses le samedi. Comme ça au pourra aller au Leroy Merlin le dimanche, c’est pratique“. C’est ça, Ducon, tu ne mesureras l’étendue de ta connerie que le jour où tu devras toi-même aller bosser le dimanche !

Les “35 heures”, opération psychédélique menée par Jospin n’ont jamais autant été stigmatisées et accusées de tous les maux. Les énormes contreparties obtenues par les patrons (”flexibilisation”, par exemple) vont rester, mais le salarié devra travailler plus. Pour ne rien gagner plus, comme on le constatera dans quelques années. “Oui, mais c’est à cause des 35 heures que c’est le bordel partout ! T’as qu’à voir dans les hôpitaux ! Et dans les magasins y’a tout qu’augmente, alors gagner un peu plus moi je dis pas non !”

Toutes ces expressions entre guillemets, en apparence frappées au coin du bon sens, vous les avez sûrement entendues plus d’une fois. Elles émanent en général d’individus que l’on pourrait qualifier de “bons cons de droite”. Pas forcément méchants, politiquement incultes, ils ne voient guère plus loin que le bout de leur télécommande. Toujours prêts à gober les messages (publicitaires comme politiques) qu’on leur envoie par l’intermédiaire des écrans de télé, et à s’en faire les propagandistes zélés en les relayant après de leur entourage.

Ce virage idéologique à droite, la classe politique ne s’y est pas trompée est s’est adaptée, plus souple de l’échine qu’un ours polaire. Quel glissement !

Le Pen n’existe plus, remplacé par Sarkozy. Du coup. tous les autres se sont approprié l’espace devenu vacant par ce mouvement de droitisation.

Dans ce trou s’entassent désormais :
- le “nouveau centre”, qui pense comme Bayrou, mais l’a trahi pour la soupe Sarkozyste
- Bayrou et son Modem, qui a été lâché par la quasi totalité de ses troupes, mais se croit toujours investi d’une mission.
- Le parti faussement intitulé “socialiste”, dont le virage a droite (rebaptisé “modernité”) a été acté par la tentative désespérée autant qu’improvisée de Marie Ségolène Royal de récupérer Bayrou entre les deux tours de la présidentielle pour en faire son premier ministre. Ce virage est aussi symbolisée par ces désastreux ralliements à Sarkozy de la part de carriéristes minables et sans conviction.
- Et je vous passe tous les groupuscules qui grouillent eux aussi dans ce bouillon d’onze heures.

A Gauche, c’est le silence dans les ruines. Le PC moribond s’accroche au P”S” et à ses municipalités. Les écologistes se sont fait couper les cordes vocales par Sarkozy. Seul Besancenot et la LCR semblent en mesure de renaître. Un jour. Peut-être.

J’ai été élevé dans un schéma simple, voire simpliste, mais réaliste : la droite, c’est pour faire la politique des riches et des bourgeois, la gauche celle des pauvres et des ouvriers. Même s’il y a aujourd’hui plus de chômeurs et de laissés pour compte de toute sorte que d’ouvriers, ce schéma est selon moi toujours d’actualité ! Pourtant, le parti “socialiste” a délibérément décidé de faire lui aussi la politique prônée par madame Parisot, sur l’air hélas trop connu de “La croissance, blablabla”, et “There Is No Alternative”.

Le climat de droite, c’est aussi “L’Europe l’Europe l’Europe !”. L’Europe du pognon. Avec ce chef d’oeuvre de mépris qu’est la ratification au pas de charge par des députés béni-oui-oui du traité retoqué dans les urnes il y a à peine plus de 2 ans.

Mais pourquoi ai-je fait ce billet aujourd’hui ? Parce qu’hier s’est produit un événement symptomatique de ce phénomène de droitisation. Un recul social dont le mouvement semble désormais irréversible. Le trend s’est retourné, comme disent les boursicoteurs. Depuis le début de l’ère industrielle (c’était au 19ème siècle), les rapports entre patrons et salariés ont toujours été houleux, émaillés de revendications, de grèves, de luttes (pour reprendre ce vocable communiste délicieusement suranné). Le bon con de droite a oublié que s’il peut aujourd’hui aller dépenser le pognon de ses heures sup à La Plagne ou à Palavas (ou à Agadir, c’est moins cher et on est sûr d’avoir le soleil !”), il le doit uniquement à ces sales gauchistes qui ont osé s’opposer aux dominants.

La tendance a toujours été la même jusqu’au début des années 1990 : baisse du temps de travail, augmentation de la durée des congés, lois protectrices pour les salariés.

Le retournement ne s’est pas vu immédiatement. La marée haute reste étale un certain temps avant de descendre. Depuis la dérégulation forcenée des marchés (ce qu’on a désigné sous le terme générique de “mondialisation”) sous les coups de boutoirs des lobbies libéraux, la dynamique a sournoisement changé de camp. Le salarié occidental vit désormais sous la menace permanente de la délocalisation, du chômage, de la précarité et de la misère, étendards que son patron, qui n’est souvent plus qu’un pantin soumis aux exigences de plus en plus décomplexées de ses actionnaires, agite pour le faire se tenir à carreau et accepter l’inacceptable.

Stressés par cette ambiance délétère, les salariés ont commencé à se bouffer entre eux, ceux du privé stigmatisant ces salauds de fonctionnaires “privilégiés”, comme ses salauds de chômeurs et RMistes “assistés”. Pendant ce temps, patrons, politiciens et actionnaires se gondolent.

Avez-vous remarqué la facilité avec laquelle Sarkozy a niqué les syndicats des transports et cassé la grève ? Comment a-t-il pu réussir aussi facilement là ou Juppé en 1995 et même Villepin en 2006 se sont cassé les dents ? Là encore, c’est le climat de droite. Une conjonction des diktats de Parisot, qui peut désormais se permettre de brailler ses insanités sans craindre de réaction, du torrent nauséabond de désinformation et de propagande libérale déversé par TF1 et la quasi totalité de la presse des multinationales, et de la souveraine connerie des idées du bon con de droite sus-évoqué.

Hier donc, à Sarreguemines en Lorraine, dans l’usine de pneus Continental, les 1500 salariés ont eux-mêmes décidé, à une forte majorité (près de 75%), de renoncer aux 35 heures, d’augmenter leur temps de travail, contre une poignée d’euros en plus qui ne doit même pas compenser le gel des salaires depuis de nombreuses années. Et ce malgré un fort taux (80%) de syndicalisation. Un délégué syndical parlait ce matin à la radio de “résignation”. Les salariés ont été conditionnés, victimes de cette atmosphère de droite, em plus d’un odieux chantage qui n’ose pas dire son nom (du style si vous refusez l’usine sera délocalisée, on n’est pas compétitifs, There Is No Alternative). Avec le souvenir récent d’une autre usine de pneus lorraine (Michelin à Toul), délocalisée en Espagne.

Qui leur dira, à ces pauvres gens, que leur geste désespéré ne les sauvera même pas ! Qu’ils continueront à vivre dans la peur, que la direction continuera à les culpabiliser sur leur “non-compétitivité”, avant de décider quand elle le voudra de fermer l’usine ou de la délocaliser dans un pays à bas salaire... D’autant que l’avenir du secteur automobile est derrière lui !

Sarkozy, qui ne veut à aucun prix laisser tomber la pression et profiter au maximum de ce climat de droite, fixe aujourd’hui son “agenda social” qui contiendra son lot de saloperies dans la poursuite de la casse du code et du contrat de travail, du recul de l’âge de la retraite, des “allègements de charges”... etc (voir le programme du MEDEF pour plus de précisions)

La situation est grave. Le rouleau compresseur est implacable. A part hurler dans le désert sous les moqueries du “bon con de droite” triomphant, il semble qu’on ne puisse rien faire d’efficace. Pourtant, une réaction idéologique forte s’impose, sans quoi nous allons rapidement nous retrouver en slip !

et quand on lit ça, hein, franchement, on a envie de prendre son fusil :

Je résume ce pamphlet : Après le PS, le peuple de France pourrait être qualifié de “bons cons de néo-droite”.


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