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Commentaire de haddock

sur Coup de blues passager au comptoir


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haddock 8 février 2008 19:49

danNationale 7

Voyage à quatre roues au bout de notre mémoire collective. Petite chronique politiquement incorrecte sur le temps qui passe.

L’autre jour, vaguement agacé par les pluies et tempêtes incessantes sur le plat pays, je décidais d’honorer l’invitation d’un vieux copain de lycée à passer quelques jours dans sa vieille bastide du Lubéron. C’est-à-dire regarder le soleil descendre derrière les cyprès, en faisant tinter le glaçon dans le verre de rosé frais, tant qu’il y a des soleils couchant, des cyprès et du rosé en vente libre.

Peu enclin à supporter six heures durant un voisin catarrheux ou pétomane, je décidais de snober les flèches bleu argenté de la SNCF, comme les carlingues orangées des low-cost qui tentent de refaire une virginité au transport aérien. Pas envie de me retrouver à Roissy au lieu de Bruxelles pour cause de brouillard persistant, pas preneur de la voix suave et sensuelle qui vous susurre, sur le quai de gare, qu’"en raison d’une grève surprise de certaines catégories de personnels", votre TGV n’ira pas plus loin que Le Creusot.

Mauvais citoyen, je décidais donc de prendre ma belle berline à 8 Air Bag et 5 étoiles au test EuroNcap. Berline allemande, qui plus est, mais puisque les Allemands achètent nos maisons dans le Lubéron, pourquoi n’achèterions-nous pas leurs autos ?

Au début, ça allait.

Je glissais silencieusement sur l’autoroute, avec un vieux Bruce Springsteen en sourdine. J’étais prudent. Déjà semi-ruiné par un trader fou qui s’en était pris à mes noisettes péniblement épargnées chez l’écureuil, je décidais de ne pas aggraver mon cas avec les cabines des radars. Au début, je les prenais pour des frigos. Mais, à y regarder de plus près, c’étaient plutôt des Photomaton, des bandits manchots directement reliés à Bercy par réseau numérique, et qui vous débitaient votre compte et votre permis rose en moins de temps qu’il n’en faut à l’éjaculateur précoce pour prendre congé de Laetitia Casta.

Les autres aussi, roulaient doucement. Calés au régulateur de vitesse dans leurs monospaces, ils sirotaient un soda en téléphonant à leur belle-mère, pendant que les enfants regardaient des jeux vidéo dans les appuie-tête. Bref, tout le monde dormait et zigzaguait, mais à vitesse légale...

J’allais moi-même m’assoupir, quand, sur le morne plateau de Langres, un bolide japonais de la maréchaussée, tous gyrophares dehors, me doubla à un bon 220 au compteur, à la poursuite d’on ne sait quoi. Sans doute d’un vautour ou d’un de ces plans Epervier qui n’ont jamais arrêté personne.

Le coin m’a paru malsain : j’ai aussitôt décidé de quitter l’autoroute pour prendre la Nationale 7. Ah, la Nationale 7... Toute une époque, mon bon Monsieur ! DS, R8 Gordini, vieilles publicités peintes pour Byrr ou Avia, dont la rouille coulait sur les murs des maisons.

Trenet, Montand.

Tout émoustillé, je mettais la radio. Alain Bashung


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