Cette agitation est surtout très intéressante pour l’étude des moeurs du microcosme universitaire en période électorale, c’est-à-dire quant à l’application de la loi Pécresse. L’agrégation, c’est la seule voie qui échappe au véto du président de l’université dans le cadre de la loi Pécresse. Au veto, c’est-à-dire au localisme renforcé, ce que tout le monde, y compris le président de l’université de Poitiers, sait parfaitement. Et se présente l’occasion rêvée d’un agrégé qui choisit Poitiers, et dont l’affectation suscite des remous, en raison de son passé qu’on sait maintenant qu’il a renié publiquement. Que croyez-vous qu’il se passe : le président, et son équipe avec lui, joue les vierges effarouchées, en surfant sur une agitation locale, pour tonner contre le fait qu’on ne lui a pas donné la capacité de refuser l’affectation d’un collègue. Et le tour est joué : pendant que les étudiants s’occupent de B. Fleury, ils ne s’occupent pas de la loi LRU, c’est toujours ça de gagné. Encore mieux : ils ne pourront pas venir protester contre un président qui s’est fendu d’une lettre si émouvante au président de la République...
Ah, j’allais oublier. Les juristes, parmi lesquels un historien du droit (mais était-il présent lors de ce fameux CA : on espère pouvoir en douter), ont voté comme un seul homme la "motion" "refusant" la nomination de BF. Evidemment, quand il y a un renouvellement de CA en perspective très prochaine, toujours dans le cadre de la loi LRU, et que les places sont chères sur les listes présidentielles, ce n’est pas le moment de se démarquer de la masse, fut-elle incompétente, parce qu’elle est guidée par le distributeur de postes (et de fonds).
Bref, la monarchie universitaire a de beaux jours devant elle, et on ne peut que remercier Benoît Fleury, dont la thèse portait, sauf erreur, sur l’abdication, d’avoir contribué à celle des juristes devant la bêtise (ou, au choix, la veulerie et/ou le machiavélisme) de l’administration universitaire...