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Commentaire de Krokodilo

sur La France a encore une guerre de retard !


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Krokodilo Krokodilo 20 avril 2008 16:34

Cricri,

 

Vous pourriez commenter le sujet de l’article lui-même, avant de dévier sur d’autres aspects, dont nous avons déjà plusieurs fois débattu : « Bon, Krokodilo, vous perdez votre temps a essayer de demontrer l’ *inutilite de l’anglais* ou l *utilite de l’esperanto*. Seuls les faits pourront convaincre les gens. »
J’en déduis que vous n’avez rien à dire sur l’anglicisation de l’enseignement supérieur, sur le fait que les pays qui sont allés le plus loin dans cette voie en perçoivent maintenant les effets secondaires néfastes et s’interrogent sur l’avenir de leur langue.

 

Je vous rappelle qu’on apprend pas l’anglais uniquement parce qu’on le veut, mais parce qu’il est imposé à l’école primaire depuis 3 ou 4 ans, parce que le choix des langues en 6e en LV1 se réduit de plus en plus, jusqu’à être cette année limité à l’anglais dans de nombreux établissements ! La notion de choix des langues est moribonde en France . De là, nos dirigeants en déduisent avec la plus grande mauvaise foi que c’est le « choix » des parents... Beaucoup l’auraient choisi, en effet, mais personne ne sait combien auraient pris italien ou espagnol, ou allemand près de chacun de ces trois pays, par exemple.

 

« c’est une competence absolument necessaire pour travailler en tant qu’ingenieur ou commercial d’entreprise. »

 

C’est faux : pour vendre en Russie ou en Chine, postulez avec un bon niveau en russe ou en chinois, vous verrez, un profil atypique a aussi ses atouts, surtout quand un niveau passable en anglais ne fait plus la différence, puisque « tout le monde » parle un anglais médiocre.

 

« Vous voulez promouvoir la langue francaise et la renforcer par rapport en anglais ? Ecrivez le prochain *Harry Potter* en francais, creez une silicone valley francaise dans votre quartier... »

 

Harry Potter, sommet de la littérature ? C’est une blague ? C’est bien foutu, dynamique, ça a marché, tant mieux pour l’auteure, mais puisque vous connaissez l’Asie, lisez plutôt « Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb, c’est quand même autre chose, et elle aussi est mondialement connue. Le succès d’un livre anglo-saxon dépend aussi de facteurs commerciaux, du « buzz », d’une concordance d’intérêts divers, de pub et de critiques de journaux, etc. En clair, un bon polar étatsunien a infiniment plus de chances de devenir un mégasuccès qu’un bon polar, mettons, au hasard, tchèque, égyptien, russe ou même chinois.

 

Pour le reste, le TGV, Airbus, Ariane, la France première destination touristique, etc, ça vous dit quelque chose ? La France est déjà un pays naturellement attractif, mais pour attirer des cerveaux et les inciter à travailler des années chez nous, mieux vaudrait leur offrir des facilités de logement, une garantie d’aide administrative pour leurs démarches d’insertion, etc. plutôt que leur organiser des cours en anglais pendant 6 mois, car cela leur permettra surtout d’aller faire leur post-doc en GB ou aux USA... Notre situation est très différente de celle des petits pays qui, eux, peuvent effectivement y trouver un intérêt, alors que France et Allemagne ont tout à perdre à angliciser leur enseignement supérieur.

 

Puisque vous tenez tellement à dévier le débat sur l’espéranto, c’est la même situation que lorsque les premiers écolos militants se faisaient moquer ; aujourd’hui, les entreprises elle-même ont piqué la notion de développement durable ! Eh bien, l’anglais, c’est l’utilité à court terme (le refrain : les ingénieurs s’en servent tous les jours, etc.), et l’espéranto le développement durable, les deux ne sont pas incompatibles, et nombre d’espérantophones sont polyglottes.

 

Mais, je le rappelle, cet article s’interroge sur l’intérêt pour la France à développer des cursus anglophones, alors que les pays nordiques se rendent maintenant compte que leurs langues meurent à petit feu.


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