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Commentaire de Tristan Valmour

sur Le service minimum ou la fin de la grève


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Tristan Valmour 7 mai 2008 12:01

 

@ Caleb Irri

 

Ce que je vais énoncer va sans doute surprendre un certain nombre de lecteurs, mais il faut être lucide.

 

La grève est l’expression d’un conflit entre des employeurs et des employés. C’est le résultat d’une négociation qui a échoué ou d’une absence de négociation. La grève est donc parfaitement légitime puisqu’on ne saurait contraindre un travailleur à tout accepter de ses employeurs, même si le contrat de travail oblige à travailler dans des conditions encadrées par le Droit du travail et les conventions privées. Le présent gouvernement – que je ne soutiens absolument pas – ne remet pas en question le droit de grève, mais sa portée.

 

En effet, vous l’avez souligné, la pression exercée par les grévistes est diminuée par la possibilité de recourir à une main d’œuvre abondante et bon marché, mais seulement pour des emplois qui ne nécessitent pas de compétences et qualifications pointues, ni d’une expérience nécessaire. J’imagine ainsi mal un ingénieur gréviste d’une centrale nucléaire être remplacé par l’individu lambda. Pour le cas qui nous intéresse, le personnel qui remplacera les enseignants grévistes n’assurera pas les cours mais un accueil. Et il existe un personnel réserviste qui a passé les concours adéquats, ça s’appelle la liste complémentaire. La loi sur le service minimum a donc elle-même une portée limitée. Mais elle me paraît également légitime car il faut une continuité dans la mission de service public.

 

On observe donc une opposition entre la légitimité des mouvements de grève et la légitimité d’une continuité dans la mission de service public. Je précise également que les mouvements violents (déverser des produits chimiques dans les fleuves, bloquer des voies d’accès…) ne me paraissent pas légitimes.

 

La question posée est donc : comment dépasser cette contradiction pour faire entendre la voix des travailleurs dans un cadre pacifique et républicain ? Vous l’avez également souligné, les médias sont corrompus. Le Parlement, vu sa composition sociologique (plus que politique) ne saurait leur porter secours non plus. Que reste-t-il donc ?

 

J’entrevois deux solutions. La première, la démission en masse. La seconde, le boycott de cibles précises. Vous (les mécontents) ciblez une grande entreprise (une marque d’hypermarché, par exemple), puis envoyez une lettre à notre cher président précisant votre attention, pour une durée initialement limitée à une semaine. J’imagine volontiers qu’un boycott exercé par plusieurs dizaines de milliers de mécontents contraindra les dirigeants et principaux actionnaires de cette enseigne à obtenir rapidement un rendez-vous avec notre présipotent dans l’objectif de trouver une issue au conflit.

 

La grève appartient au passé mais il existe des solutions pour faire entendre vos revendications.


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