Bonjour Jack et merci pour cet excellent article. Je crois comme vous que le rêve semble bien rétablir l’équilibre entre les différents plans de notre personnalité. De même que nos rêves contribuent efficacement au processus de la création. A ce propos, j’aimerais vous citer quelques phrases de Gaston Bachelard qui a beaucoup écrit sur le rêve et la rêverie. Non seulement sur le rêve subi dans le sommeil, mais sur le rêve exalté et entretenu durant l’éveil.
La rêverie nous met en état d’âme naissante.
Les mots rêvent.
La rêverie poétique ranime le monde des premières paroles.
Il y a une eau dormante au fond de toute mémoire.
La main aussi a ses rêves.
Le rêve est une force de la nature.
L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
La lampe met en attente les songes qui vont nous envahir.Pour entrer dans les temps fabuleux, il faut être sérieux comme un enfanrt rêveur.
Le rêve peut avoir de la suite dans les idées.
Le monde est beau avant d’être vrai.
Toutes les nuits, le rêveur recommence le monde.
Ainsi Bachelard nous offre-t-il une séquence d’abandon fertile dont la rêverie est le fondement, l’heureuse origine. Le philosophe se méfiait de l’objectivité, lui préférant une démarche interne d’adhésion, où le subjectif, le passionnel, l’imaginaire recouvraient tous leurs droits. Ce rêveur des mots fut un rêveur heureux. Nombreux furent les confrères qui lui reprochèrent cette phénoménologie qui situe son champ d’action dans une étrange intemporalité. Alors qu’elle semble, au contraire, magnifier un présent perpétuel sans déperdition, ni usure. Permanence plus que durée, Bachelard l’appréhendait par le biais d’une mémoire endormie dans les objets familiers, toujours active dans une enfance redevenue présente. On sait également l’usage que Proust sut en faire, tant il est vrai qu’en chaque homme perdure une sorte de sanctuaire où l’esprit et les sens peuvent se recueillir, ou mieux - comme le disait Bachelard - se reposer.