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Commentaire de Tristan Valmour

sur Violences policières au lycée Paul-Bert, le 2 juin à Paris


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Tristan Valmour 3 juin 2008 13:06

 

Bonsoir,

 

Il faudrait d’abord se souvenir si ces incidents sont une spécificité de la mandature Sarkozy ou s’ils se sont produits sous celles de ses prédécesseurs. Répondre par l’affirmative incriminerait notre président, et par la négative, le disculperait. Ceci afin d’évacuer la question politique.

 

Je note ensuite que votre slogan « On veut étudier, pour pas finir policiers ! », que vous reprenez à votre compte augure bien de la disposition initiale des manifestants à l’encontre des forces de l’ordre, d’une hostilité au moins dans la pensée à défaut de s’exprimer dans les actes. Il s’agit là d’un premier point de friction, d’un détonateur. Je ne dirai naturellement pas que les policiers passent des concours et sont nombreux a avoir poursuivi des études supérieures, ce qui invalide le slogan.

 

Enfin, si le point de vue des lycéens a été abordé, il faudrait également énoncer celui des forces de l’ordre, de leur méthode de travail. Nous savons tous qu’un groupe agit différemment d’un individu et l’émotion emporte la raison. Un groupe est toujours plus dangereux que l’ensemble des individus qui le composent. Les forces de l’ordre ont reçu une formation et un entraînement à la gestion de ces crises, et s’il en avait été différemment, les dégâts auraient été nettement plus importants. Qu’il y ait des comportements individuels inacceptables de la part de certains policiers ne remet pas en question les méthodes de la police. Prenons également en compte que le groupe des policiers est moins important en nombre que celui des lycéens, c’est une donnée capitale pour l’impact psychologique dans la gestion de crise. Les policiers doivent avoir l’initiative. Le groupe des lycéens est donc plus important et plus imprévisible puisque les individus qui le composent n’ont pas reçu de formation ni d’entraînement. Tout groupe, même pacifique, est par définition menaçant puisqu’il suffit d’une étincelle, d’une émotion, pour altérer la perception du réel et le groupe peut alors devenir une menace. Un lycéen tombe tout seul, et le groupe aura l’impression qu’il a été bousculé par un policier. Un policier se tord violemment de douleur et ses collègues croiront qu’il a été touché par un lycéen, alors que les causes sont autres. Et la situation dérape, ça va vite.  Chacun pourra faire l’expérience de la menace psychologique potentielle provoquée par un groupe, puisque nous changeons de trottoir lorsque nous en rencontrons un dans la rue, même si celui-ci ne compte que 4 personnes ! Imaginons un groupe de centaines de personnes.

 

Mon propos ici n’est pas de prendre parti mais d’expliquer pourquoi ces phénomènes arrivent. Si l’on avait opposé deux groupes de civils, la situation aurait été nettement pire. C’est bien la formation des policiers et leur méthode d’engagement, la prise en compte de la psychologie des groupes, qui a permis à la situation de ne pas trop se dégrader, malgré les images et le texte de cet article qui trahissent un état émotionnel. On peut cependant appeler les forces de l’ordre à faire preuve de davantage de retenue, et les lycéens à changer leur perception initiale de la situation, notamment les clichés qu’ils véhiculent sur la police. Peut-être les uns pourraient-ils manifester tranquillement, et les autres assister en spectateurs. Tout le monde aurait à y gagner. Mais au vu de la nature humaine, ce sera un vœu pieu.

 

 


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