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Commentaire de sisyphe

sur Le « trou de la Sécu »


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sisyphe sisyphe 8 juin 2008 11:49

Au premier abord, les chiffres du fameux déficit ont en effet de quoi effrayer. alors que la Sécurité sociale était revenue à l’équilibre sous le gouvernement Jospin (dès 1999, avec même des excédents en 2000 et 2001), les déficits cumulés de la sécu de 2002 à fin 2006 devraient dépasser les 50 milliards d’euros, selon les dernières prévisions de la Commission des comptes de la sécu.

Avec un record historique atteint en 2004, plus de 13 milliards d’euros de trou, et un déficit 2005 qui n’en est plus très loin à près de 12 milliards.

D’emblée, il faut pourtant relativiser l’ampleur de ces chiffres. Le fameux déficit de la sécu ne représente que le quart du déficit du budget de l’Etat, et surtout il ne correspond qu’à 3% du budget total de la sécu (0,7 % du PIB) là où le déficit de l’Etat représente 12% de son budget (environ 2,5% du PIB).

Pas de quoi crier à l’insolvabilité ou à la catastrophe... Sauf à en conclure que le budget de l’Etat dirigé par la droite est dans une situation bien plus critique encore.

Sommée de s’expliquer sur ces dérapages comptables, la droite prétend de son côté que les déficits sont mécaniquement liés à une moindre croissance et à la hausse du chômage. Outre qu’elle en est aussi largement responsable, le creusement des déficits résulte plus directement encore des décisions successives des gouvernements de droite.

L’assèchement délibéré des recettes

Derrière les dettes apparentes de la sécu se cachent des créances tout aussi considérables de celle-ci sur l’Etat et les entreprises. Depuis que la droite est au pouvoir, l’Etat a en effet pris l’habitude de ne plus reverser à la sécu toutes les taxes qu’il est censé lui attribuer en vertu de la loi (taxes sur les alcools et tabacs...)

En 2003 on atteignait ainsi 14 milliards d’euros de dette de l’Etat à la sécu, c’est à dire plus que le trou lui-même. En 2004, il manquait encore 9 milliards en fin d’année sur ce que l’Etat devait reverser... soit 75% du déficit de cette année.

Le trou de la sécu s’avère donc optique et le vrai déficit est plutôt celui de l’Etat, structurellement appauvri par les baisses d’impôts de la droite et incapable de tenir ses engagements.

Les entrprises elles-mêmes ont aussi pris la mauvaise habitude de payer en retard les cotisations employeurs qu’elles doivent à la sécu, à hauteur de 2 milliards d’impayés à fin 2004, soit 17% du déficit. Des retards d’autant plus intolérables que les patrons ont bénéficié depuis 10 ans de considérables allègements de leurs cotisations.

C’est d’ailleurs une autre source du déficit puisque sur 1994-2004, les allègements de charges patronales non compensés à la sécu ont représenté 24 milliards d’euros.

L’emballement organisé des dépenses

Sur le plan des dépenses, la droite a aussi tout fait pour mettre les comptes de la sécu dans le rouge. L’explosion la plus forte se concentre sur la branche maladie, et plus particulièrement sur la médecine de ville et le médicament. Deux secteurs choyés par les libéraux au détriment des assurés et du contribuable.

Alors que le revenu des médecins a augmenté en moyenne de 3,4% par an depuis 1990, c’est à dire beaucoup plus que l’ensemble de la population, le gouvernement Raffarin leur a distribué 2 milliards de revalorisations d’honoraires depuis 2002. L’équivalent, pour une simple augmentation de salaire, du revenu annuel total de 600 000 RMistes !

Quasi indécent quand on sait en plus queles médecins sont déjà largement bénéficiaires de la solidarité nationale qui finance l’essentiel de leurs propres cotisations d’assurance maladie (pour 2 milliards par an là aussi). Le tout sans aucune contrepartie contraignante puisque les engagements pris par les médecins libéraux en terme de maîtrise des prescriptions n’ont nullement été tenus.

Les patients apprécieront d’autant plus les efforts qui leur sont demandés, comme le fait de devoir désormais payer un euro non remboursable sur chaque acte médical.

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