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Commentaire de Syrius

sur Affaire Rudy, une justice aux ordres communautaires ?


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Syrius Syrius 26 juin 2008 15:54

Très franchement Allard, je pense que de guerre lasse je vais voguer vers des sujets qui me prendront moins de temps, des sujets dépassionnés. Le retour du chaud ( c’est l’été), les vacances au bord de la mer, la défense des cultures traditionnelles, ce genre de truc dont on parle pour passer le temps. Non que je sois à court d’argument, vous le savez je ne désarme pas. Mais au final, les intervenants de ce site ne veulent pas réfléchir réellement, dans le sens avoir l’ouverture d’esprit nécessaire à la compréhension de l’autre partie.

Ce faisant, j’ai bien aimé votre texte sur the shoah must go on., bien que le titre m’ait perturbé de prime abord C’est intéressant, ca donne un nouveau visage des juifs vus de l’extérieur, un nouvel éclairage. Vous vous posez quand même bien trop souvent la question de savoir si vous aimez ou non les juifs ; c’est d’ailleurs ce qui vous perd (à mon seul sens ; j’espère bien que vous répondrez à l’observation qui suit, dans mon seul et égoiste intérêt, je l’avoue) dans l’ensemble de votre raisonnement.

Je ne vous crois pas antisémite et c’est aussi pour ça que j’ai finalement renoncé à vous agresser. Pour surfer sur la vague actuelle, je crois votre texte antisémite par incidence. Je pense que c’est votre raisonnement qui pêche parceque vous avez envie d’intégrer l’affect dans votre relation avec l’humanité(ce que je trouve étrange pour un juriste, 7 ans de droit ont suffit pour faire de moi une pure machine rationelle). Et ça, ça vous donne envie de vous identifier, de prendre partie. Le fait pourtant, c est que vous ne vous identifiez pas, ou ne prenez pas partie pour une personne, mais pour une collectivité auxquels vous servez certaines qualités et défauts. C’est ce qui vous conduit à faire payer les uns pour les défauts des autres. Cette hypothèse se vérifie, que vous parliez des juifs comme des victimes, des bourreaux, des complices ou des collaborateurs, rejoignant finalement votre certitude que l’on aime bien les juifs quand ils sont de vraies victimes. Je crois votre compassion sincère pour les déplacés de Gaza, bien que l’évacuation de Gaza ait été une nécessité pour l’établissement d’une future paix. Je pense aussi que vous ressentez sincèrement la douleur authentique du peuple palestinien, sans terre, brisé, humilié par l’occupant comme par les pays l’entourant, avec ses enfants sacrifiés par leurs leader ou tombant sous les balles israéliennes. C’est aussi ainsi que vous perdez la mesure et que vous en arrivez à dire n’importe quoi. Vous n’enlèverez pas aux juifs leur attachement à Israël. Pas plus que vous n’enlèverez leur fierté à aucune représentation nationale ou communautaire. Il n’y a pas de solution dans l’abandon unilatéral, il n’y a pas de solution dans une défaite, il y a une solution dans la propagation de "l’esprit de paix". Quelque chose que vous appelerez morgue ou lassitude, et qui à moi m’a sauvé la vie. C etait il y a quelques années, j’étais comme vous. Je ressentais physiquement la douleur des autres. Des palestiniens dans un premier temps. Toute discussion avec moi était devenue impossible, c etait l intifada à la maison tous les jours. Et puis je sais pas, un jour j’ai accepté d’accompagner mes parents à une conférence. Et puis j’ai vu mes ptits gars, mes héros, torturer un mec à 10, lui sortir les trippes et les faire circuler dans la foule avant de torturer, massacrer et exhiber en place publique des "traîtres". Impossible de continuer à soutenir des tortionnaires. Pour une raison que je ne peux toujours pas expliquer aujourd’hui, je me suis mis à soutenir l’autre camp, avec la même énergie. Et puis après une bonne rencontre, plus rien. Il n y avait plus que des gens d’un côté et une logique guerrière de l’autre. Il n y avait plus de palestiniens ou d israeliens, mais des gens qui alimentaient un conflit et s’en repaissaient et d’autres qui en souffrent. Et ils sont des deux côtés. En ce sens, ceux qui aiment Israel chez les juifs aujourd’hui aiment il est vrai tant ce qu’Israel est que ce que Israel fait. Et je condamne bien sûr ceux qui en France soutiennent une activité mortièfre. Ils ont cependant le droit de le faire. Et je condamne avec la même énergie ceux qui s’acharnent à déshumaniser les israeliens. A n’en faire des froids tueurs d’enfants, ou des exploiteurs, des colons, des monstres qu’il faut abattre ou chasser. Ils ont le droit de penser pourtant.

Vivre et laisser vivre, mon nouveau credo ? On verra bien.

Cordiaux adieux pour une brève rencontre, Allard


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