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Commentaire de krokodilo

sur La science comme bien commun


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krokodilo (---.---.62.47) 4 octobre 2006 15:59

Bravo ! Sujet plus important que beaucoup ne le pensent, mais vous montrez involontairement - en ne traduisant pas les extraits ni les expressions - qu’une des plus grandes menaces sur la science est l’hégémonie de l’anglais, lequel est une arme au service de la science anglo-saxonne. Il ne s’agit nullement de critiquer les USA ou la culture anglo-saxonne mais de dénoncer une injustice mondiale qui ne fait que s’aggraver, en science comme dans d’autres domaines.

A mon avis, on ne peut lutter pour les « open data » et les « science common » sans lutter contre l’hégémonie de l’anglais en science, car breveter le vivant est une volonté permanente aux USA, un moyen juridique de bloquer les concurrents européens et asiatiques...

Cette domination s’exerce sur les publications de haut niveau, sur les conférences, sur les organisations internationales et les postes décisionnels qui vont avec, donc sur les futures décisions d’harmonisation, de nomenclatures qui seront anglophones, etc. A quand une obligation pour les chercheurs de publier d’abord en français, ne serait-ce que dans une feuille locale d’université qui serait imprimée exclusivement dans ce but pour garder les droits d’antériorité et éviter les conflits juridiques (voir l’affaire Pasteur-Montagner et le procès aux USA), et ensuite solliciter secondairement la publication dans une revue prestigieuse ?

Je ne suis pas dans la recherche, mais Jacquard disait dans sa chronique radio qu’une bonne publication (beaucoup sont banales, c’est un secret de polichinelle) trouverait toujours à être publiée dans une revue importante. Il me semble aussi que le Japon rend maintenant obligatoire une pré-publication en japonais ? Paut-être un chercheur pourrait-il nous préciser ces deux points ?

Malheureusement, au lieu de prendre des mesures énergiques contre le rouleau compresseur de l’anglais, la France va commencer sa télévision en anglais... alors même qu’on est lourdement endettés, sous l’illusoire prétexte de diffuser le point de vue de la France à un auditoire anglophone.

Quelle raisons auront les post-doc de venir en France si nous devenons de plus en plus anglophones, si nos conférences se tiennent en France directement en anglais -entre français, ça s’est vu !- si certaines universités et grandes écoles enseignent certaines matières directement en anglais ? Probablement illégalement d’ailleurs, car la constitution dit que la langue de l’enseignement est le français. Des décrets ont apporté des dérogations pour les langues régionales et les filières dites européennes, mais ce sont donc toujours des choix volontaires, jamais une obligation dans une matière donnée. A mon avis, nombre de grandes écoles ou d’universités sont actuellement dans l’illégalité.

De même, lorsqu’on parle d’enseignement précoce à l’école primaire ou de multilinguisme, que voit-on en pratique : l’anglais ! Qaund l’Union europénene recommande d’apprendre la langue de ses voisins, que voit-on en réalité ? Un « choix » en 6e entre l’anglais et une filière bilingue anglais/allemand près de la frontière italienne ou espagnole ! Essayez de vous faire communiquer des statistiques à ce sujet par le Ministère de l’éducation... Quand l’Union europénne parle de multilinguisme, que voit-on dans la vraie vie ? Des petites annonces réclamant fluent english , voire des native speakers..., et des état-majors qui travaillent en anglais, des documents de travail qui parviennent aux administrations françaises non traduits, et avec lesquels on accepte de travailler au lieu de les renvoyer à l’Europe. La guerre des brevets, le conflit sur le protole reach, et d’autres conflits sont aggravés par le monopole linguistique de l’anglais, que seuls 8 à 10% de la planète parlent, dont bien peu fluent... Nombre de participants ne comprennent même pas l’accent des conférenciers asiatiques lorsqu’ils parlent anglais (et réciproquement), tant la phonétique est abérrante et difficile dans cette langue où la prononciation de chaque mot doit être apprise séparément vu qu’il n’y a aucune règle !

Malheureusement, nos dirigeants et nos élites sont soit résignés, soit sincèrement convaincus que l’anglais est inéluctable, voire une chance pour les enfants, comme Claude Allègre qui a dit qu’on ne devait plus le considérer comme une langue étrangère... ou le rapport Thélot qui voulait l’inclure dans le socle commun de connaissances...

Or, rien n’est éternel, même si l’omniprésence de l’anglais en science est impressionnante, le Latin a disparu (langue morte selon les critères des dictionnaires, n’en déplaise aux universitaires), et le mur de Berlin aussi. L’anglais régresse proportionnellement sur Internet, à mesure que d’autres langues diffusent, comme le chinois et l’espéranto. Il suffirait d’un sursaut de nos dirigeants, au moins pour soutenir l’usage du français en science et en Europe, d’autant plus que l’Angleterre n’a même pas adopté l’euro, et ne figure donc pas parmi les fervents europhiles...

Rappellons enfin que l’OCDE avait recommandé en 1954 l’usage de l’espéranto comme langue de comunication, et que la phonétique de celui-ci s’apprend en une heure, contre... toute une vie en anglais !


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