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Commentaire de Étienne Chouard

sur Dette : « dépenser plus pour pouvoir être réélu »


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Étienne Chouard Étienne Chouard 2 juillet 2008 15:10

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@ Ronchonaire :

Un excès n’en justifie pas un autre : le fait que les banques aient réussi leur hold-up partout sur terre ne fait nullement la démonstration que ce hold-up est légitime.

Pour que votre accusation d’impéritie chronique de l’État soit acceptable, il faudrait la prouver et pas seulement la rabâcher. Là, je me fais un peu l’avocat du diable parce que j’aurais tendance à vous rejoindre, moi qui réfléchis sans cesse aux moyens de reprendre le contrôle de nos prétendus "représentants" : je suis sûr que cette irresponsabilité des agents de l’État n’est pas une fatalité : il nous faut seulement de bonnes institutions. Je ne développe pas .

Et si d’autre part vous trouvez des signes tangibles que les banquiers et les financiers privés gèrent bien la monnaie à travers le monde dans le souci prioritaire de l’intérêt général, il faudra nous communiquer ces signes (c’est assez urgent).

Le niveau des dépenses publiques, en proportion du PIB, a progressé dans des proportions comparables aux recettes depuis des décennies (voir le tableau T331 de l’INSEE : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Depenses_et_recettes_des_APU_de_1959_ a_2007.xls).

Il faut donc que le déficit vienne d’ailleurs, n’est-ce pas ?

Or il se trouve que les déficits depuis 25 ans sont chaque année étonnamment du même ordre de grandeur que les intérêts dus au titre de la dette — comme si nos "représentants" n’arrivaient pas à se résoudre à augmenter les impôts ou baisser les dépenses pour équilibrer la charge de ces intérêts, laissant ainsi cette charge s’accumuler tous les ans.

Voyez à ce sujet les deux passionnants graphiques proposés par André-Jacques : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=3182#p3182





Je suis d’accord avec vous pour faire le reproche à nos élus de n’avoir pas tenu des comptes équilibrés, sans doute par préoccupation électoraliste comme le suggère bien l’auteur de l’article.

Mais nos préoccupation, à vous et moi, ne me semblent pas contradictoires ; nous pouvons avoir raison ensemble : tout en faisant ce juste reproche d’électoralisme et de procrastination budgétaire, on peut déplorer aussi le plus grave qui est ce sabordage incroyable dans les comptes publics, cette "fuite" permanente et non nécessaire d’argent public, qui a créé une dépense nouvelle, auto-amplifiée, depuis 1973 (sans le mondre débat public, ni la moindre démonstration de ce que l’intérêt général avait à gagner à contraindre ainsi l’État, c’est-à-dire nous, à payer des intérêts non nécessaires).

On dirait que vous n’avez pas bien lu la thèse proposée ; lisez, s’il vous plaît : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2008/05/16/94-la-dette-publique-est-une-affaire-tres-rentable-mais-pour-qui 

Je n’exclus pas que vous allez nous trouver un argument (un vrai) pour nous permettre de voir que nous nous sommes trompés sur un point et nous permettre ainsi de progresser

Je ne demande pas mieux.

Par ailleurs, pour répondre à votre objection, le fait que d’autres États aient réussi à se saigner —(en privant évidemmment les contribuables de nombreux services publics auxquels ils pouvaient naturellement prétendre, reconnaissez-le)— au point de rembourser complètement leur dette ne fait nullement la démonstration que cette dette n’était pas odieuse.

Votre profonde méfiance de l’État en tant que tel vous pousse apparemment à préférer l’intérêt des banques privées à l’intérêt général (ou à les confondre au point de faire confiance aux banques pour gérer la monnaie, ce qui revient un peu au même).

Je ne suis pas du tout en désaccord avec votre procès contre la dépense publique hors contrôle ; je ne suis pas en désaccord non plus avec votre exigence (implicite) de contrôle sévère des agents publics.

Pourtant, je ne vois pas de meilleur moyen pour nous affranchir de nos parasites financiers (et à quelle échelle !) que de confier la création monétaire à une puissance publique étroitement contrôlée : pas à nos dirigeants !

Pas à nos dirigeants : c’était peut-être là le coeur de notre malentendu. Je n’assimile pas "la puissance publique" à "nos dirigeants" : je réclame l’institution d’organes publics placés à tout moment sous un sourcilleux contrôle des citoyens.

Je suis sûr que nos points de vue peuvent se rapprocher

Étienne.

Je vous recommande cet espace de réflexion et d’échange sur la monnaie, d’une grande richesse ; j’ai beaucoup progressé grâce à lui : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=81

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