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Commentaire de Henri Masson

sur Médecine sans frontières


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Henri Masson 26 juillet 2008 09:55

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Parmi ces différents congrès, celui d’Activité Chrétienne a consacré toute une séance à des rapports sur l’Esperanto et en Esperanto ; celui des Artistes Musiciens a adopté l’Esperanto comme langue officielle des communications écrites ; celui des Associations de Commerçants et Industriels de France a voté un ordre du jour tendant à ce que l’Esperanto soit compris dans les programmes de l’Enseignement officiel ; celui enfin de Physiothérapie, qui nous intéresse plus particulièrement et qui avait admis l’Esperanto comme langue officielle,a entendu une communication du Dr Krikortz, de Stockholm, faite dans cet idiome,le suédois n’étant pas plus admis à ce congrès international qu’il ne l’est en général à la plupart des autres.

Le Dr Krikortz nous écrit à ce sujet :

« Je n’ai pas rencontré de difficulté pour rédiger et présenter ma communication en Esperanto, car l’Esperanto était officiellement admis avec les autres langues.L’article 8 du règlement était ainsi conçu : Les langues admises au Congrès sont le français, le flamand, l’allemand, l’anglais et l’Esperanto.Autant que possible il sera fait, par les soins des secrétaires, un résumé en langue française des discours prononcés dans une autre langue ».

La langue italienne fut aussi ensuite admise, comme l’indique le Moniteur du Ier Congrès International de Physiothérapie (28-6-1905) : « A la demande du Comité Italien, et vu la participation active de l’Italie au Congrès, la langue italienne sera comprise dans les langues admises par le règlement ».


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« Je crois aussi que l’espagnol a été de même ultérieurement admis.Je n’en ai pas un souvenir très net, mais il me semble bien avoir entendu aussi de l’espagnol au milieu de la confusion babélique.

« J’arrivais du Congrès Espérantiste de Boulogne-sur-Mer, où tous les congressistes s’étaient facilement compris, et le contraste était pour moi d’autant plus vif de prendre part à des réunions où la majorité des membres ne pouvaient se comprendre que partiellement et difficilement.Il faut supposer que le plus grand nombre des congressistes devaient au moins comprendre un peu le français, mais le petit résumé des communications fait en français était absolument insuffisant.

Après la lecture de ma communication dans une des sections du congrès, il fut demandé a mes auditeurs s’il était nécessaire d’en faire le résumé en français.La réponse fut négative, et j’ai donc lieu de croire que j’avais été compris ». (1)

Cette dernière phrase du Dr Krikortz étonnera peut-être, si l’on songe qu’aucun de ses auditeurs sans doute ne savait l’Esperanto.

File n’a cependant rien qui doive étonner.

La constitution de l’Esperanto est en effet telle, que tout européen d’instruction moyenne peut comprendre à première vue et sans étude préalable le sens général d’un texte rédigé dans cette langue, — propriété extraordinaire en apparence, qui tient la façon dont a été fait le choix des radicaux : par une sorte de « suffrage univer-


(1) Traduit de l’original en Esperanto.



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sel » entre les racines des diverses langues européennes selon leur degré d’internationalité.

L’Esperanto n’étant pas une création arbitraire,mais une synthèse des différents idiomes européens,chaque peuple y reconnaît immédiatement un très grand nombre de mots, ce qui, avec l’extrême simplicité de sa grammaire (16 règles ne comportant pas d’exceptions), en rend l’acquisition des plus faciles.

« Il est si facile a apprendre, dit Tolstoï dans une lettre publique, qu’ayant reçu, il y a six ans,une grammaire, un dictionnaire et des articles en cet idiome, j’ai pu arriver au bout de deux petites heures, sinon à écrire, du moins à lire couramment la langue. » Et le grand écrivain conclut : « Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen, en consacrant quelque temps a son étude,son tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu’on ne peut pas se refuser à faire cet essai ».

Pour que l’on puisse juger de cette facilité en même temps que de l’aisance avec laquelle l’Esperanto permet de traiter les sujets techniques médicaux, nous donnons ici le texte même du rapport présenté par le Dr Krikortz au Premier Congrès International de Physiothérapie, premier document sans doute de cette espèce.

On se rendra compte, en comparant l’original à sa traduction française, qu’il n’y a rien de très étonnant à ce que les auditeurs aient pu en comprendre le sens général aussi bien, et peut-être mieux, qu’à l’aide d’un petit résumé en français.

Que l’on veuille bien excuser l’inélégance



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inévitable de certains passages de la traduction,dans laquelle nous nous sommes efforcé de suivre,du plus prés possible, le texte esperanto et où il nous est arrivé plus d’une fois, malgré la richesse de notre langue, de ne pas trouver d’expression satisfaisante et rendant exactement le sens de l’original.

Nous ferons enfin remarquer que l’Esperanto possède sa prononciation propre, différente en certains points de celle du français, et qu’en le prononçant à la française, on lui donnerait, comme à toute langue incorrectement prononcée, un son plus ou moins désagréable, au lieu de la douceur et de l’harmonie qu’il possède et qui le font ressembler à l’italien et à l’espagnol (l).


(1) Les lettres conservent toujours le même son : e n’est jamais muet et se prononce è ; u se prononce ou ; ŭ se prononce ou bref, comme dans Raoul ; j se prononce comme y dans yeux ou i mouillé dans caille (et non comme le j français) ; c se prononce comme ts dans tsar ; g est toujours dur comme dans gant ; h est toujours aspiré ; s est toujours sifflant comme dans sur ; m et n ne se confondent jamais en un son nasal avec la lettre qui les précède : an se prononce ann’ (et non an), em se prononce emm’ (et non an comme dans emblème), etc. ; ĉ se prononce tch comme dans tchèque ; ĝ comme dj dans adjudant ; ĵ comme le j français dans jour ; ŝ comme ch dans chat ; ĥ , qui ne se rencontre que très rarement, se prononce comme le ch allemand ou le j espagnol.Toutes les autres lettres se prononcent comme en français.Enfin, remarque très importante, l’accent tonique est toujours sur l’avant-dernière syllabe.



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