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Commentaire de Gazi BORAT

sur Avant-première : « Mesrine, l'instinct de mort » et « Mesrine, l'ennemi public n° 1 » de Jean-François Richet : la fascination de l'image...


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Gazi BORAT 23 septembre 2008 13:21

Afin de compléter mes propos du post précédent, avec une mention de l’affaire Boulin comme facteur ayant sans doute pesé pour le choix de la date de mise à mort de "l’ennemi public n°1"

CITATION

Mais la particularité de Mesrine est de s’être façonné une image auprès des médias et de l’opinion publique, à la différence de la plupart des ennemis publics. Au Canada, Mesrine se découvre un goût pour les médias qui ne le quitte plus. De sa prison, en 1975, Mesrine envoie une lettre de menaces au journaliste de L’Express, Jacques Derogy, qui a parlé de ses conditions de détention, puis en 1977 il fait publier des mémoires provocateurs, L’Instinct de mort [13]. Lors de sa dernière cavale, il donne deux interviews [14]. Mesrine ne cesse de lancer des défis aux policiers, à la société, à propos de la prison. Assumant ses choix, il prétend néanmoins défendre des valeurs d’honneur. Son « jeu » avec les médias prend un tour mégalomaniaque.

 

Se met alors en place un véritable « feuilleton Mesrine ». Mesrine apparaît vraiment dans les médias en 1973. L’évasion du tribunal de Compiègne est la première référence à la télévision [15]. Il est désigné comme l’ennemi public numéro un. Mesrine réapparaît en 1975, quand L’Express lui accorde sa « une ». Pour la première fois, les médias répondent à une sollicitation du truand qui concerne leur profession et un débat de société. En effet, les années 1970 sont marquées par le débat sur la condition pénitentiaire, débat lancé par la gauche et des intellectuels comme Michel Foucault et auquel Libération donne une grande répercussion [16]. Mesrine devient une sorte de porte-parole. Pour le reste des médias, la dangerosité du truand le dispute à son audace et à sa mégalomanie. L’année 1977 est singularisée par deux événements : le livre, qui provoque un débat sur la sortie du manuscrit de la prison, et le procès, qui marque les annales judiciaires. L’évasion de la Santé entraîne une véritable explosion médiatique. Ainsi, le journal de 13 heures de TF1 du 8 mai 1978 bouleverse son programme pour rendre compte de l’évasion qui s’est déroulée le matin même. Si la médiatisation prend une telle ampleur, c’est qu’elle a des répercussions politiques. Le Canard enchaîné se gausse de Christian Bonnet, ministre de « l’Extérieur » [17]. Mesrine ne quitte pratiquement plus l’actualité. Les années 1970 sont propices à la vedettisation de certains criminels, pour peu qu’ils aient une oreille complice auprès d’intellectuels. Mais il faut bien insister sur le fait que tous les médias ont exploité les errements médiatico-criminels de Mesrine, créant ce type de monstruosité propre à l’ennemi public numéro un.

 

Un sondage publié dans Paris-Match en janvier 1979 est révélateur [18]. Dans la rubrique « les gens qui à un moment donné ont fait la une de l’actualité », Mesrine arrive en première place. Cette héroïsation du criminel s’inscrit dans une tradition qui remonte au moins à l’Ancien Régime. Tocqueville remarquait qu’ « en Europe, le criminel est un infortuné qui combat pour dérober sa tête aux agents du pouvoir » [19]. En revanche, pour les autorités, la médiatisation des aventures de l’ennemi public suscite une formidable pression. Le feuilleton Mesrine échappe aux policiers. Les médias soulignent leurs difficultés à se saisir du truand. Médiatique, la pression devient politique, d’autant que le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, et le gouvernement de Raymond Barre connaissent des difficultés, qui culminent avec le suicide de Robert Boulin.

FIN de CITATION

Source : http://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=TDM_001_0119

gAZi bORAt


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