• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de beubeuh

sur Ossète décisif ou retour à l'Abkhaze départ ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

beubeuh 25 septembre 2008 15:29

"c’est la faute à une Europe qui n’a jamais su proposer une alternative crédible en matière de politique extérieure et de défense face aux deux blocs constitués durant la Guerre Froide. La Géorgie et l’Ukraine devraient pouvoir "mener leurs vies" sans avoir à choisir entre Empire Russe et Empire Américain."

Vous allez un peu vite en besogne. Si l’Europe n’a pas d’outil défense de défense constitué, elle le doit en grande partie aux citoyens Français qui ont voté Non au référendum de 1954 sur la CED (en partie grâce ou à cause de l’opposition des communistes) ansi qu’au référendum de 2005 sur le TCE (qui était moins atlantiste que le Traité de Lisbonne actuel). On doit aussi rajouter la politique historique de neutralité de pays comme l’Irlande, la Suède etc. Sans préjuger du bien fondé de ces décisions, il faut bien reconnaître que tous les dirigeants qui ont voulu "constituer une alternative crédible" se sont heurtés à l’opposition des citoyens exprimée au suffrage universel. Nous avons donc de toute façon quelques dizaines d’années de retard sur ce plan.
Pour autant, une défense Européenne commune serait-elle d’une quelconque utilité dans le cas présent ? En d’autre termes, l’attitude Russe face à un bloc militaire qui lui fait face serait-elle différente si le leadership de ce dernier était européen au lieu d’être américain ? A la guerre comme à la guerre, il est permis d’en douter, les Russes ont de la mémoire et savent bien que les Européens n’ont de leçons à recevoir de personne en matière d’impérialisme. Dans la crise Géorgienne, les Russes ont tout simplement tenu à montrer au monde que quand on envisage des relations avec eux en termes de "rapport de forces" (comme vous le faites), ils sont près à relever le défi.

Concernant la politique extérieure de l’UE, il est tout simplement faux de dire qu’elle n’existe pas. L’Union se conçoit depuis toujours comme un "soft power", c’est-à-dire une puissance exerçant son influence par son attractivité economique et sociale et non par des moyens coercitifs. Ce soft power a été décisif lors des révolutions démocratiques en Ukraine et en Géorgie. Si celles-ci ont été menées en première ligne grâce aux moyens fournis par Open Society, elle n’auraient pas suscité autant d’adhésion populaire si la perspective de l’association à l’UE voire de l’adhésion n’avait été en ligne de mire. De plus, depuis 2004, l’UE s’est dotée d’une "politique de voisinage" qui permet de soutenir activement le développement de la société civile de ces pays (tout cela n’étant pas dénué d’arrière-pensées mercantiles, il ne faut pas se voiler la face).

Or ce qu’il faut remarquer, c’est que ce soft power est plutôt bien accepté par les Russes, et que le temps des chars envoyés pour mater des manifestations pacifiques est révolu. Autant la perspective de l’entrée de la Géorgie dans l’OTAN était un casus belli qui a justifié l’écrasement militaire de ce pays à la première occasion, autant le rapprochement de l’Ukraine avec l’UE n’est pas perçu comme une menace par le Kremlin, et ce pour deux raisons : 1) ce rapprochement n’a pas d’incidence sur le plan militaire,et 2) Moscou aura son mot à dire dans le processus d’adhésion. Quand on voit l’attitude récente de Ioulia Timochenko, on se dit qu’elle a fort bien intégré l’efficacité de cette politique consistant à établir des relations de confiance avec les Russes et à négocier petit à petit la nature des relations avec ces derniers.

Donc d’accord avec vous pour dire que la situation actuelle est le fruit à la fois de la paranoïa russe et de l’inconséquence américaine, mais pas d’accord pour incriminer une prétendue molesse européenne, qui est en fait la prudence qui s’impose. La naïveté de
Saakachvili aura justement été de mépriser cette dernière : au final, il a tout perdu sur un coup de dé.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès