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Commentaire de Eloi

sur Capitaliste... anticapitaliste ?


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Eloi Eloi 2 décembre 2008 17:11

Vous faites comme Keynes : supposons que tous les acteurs économiques se trompent tous ensembles. Avec des hypothèses pareilles, sûr que l’on peut décrire des scénarios catastrophiques. Mais la force du libéralisme est justement d’explorer le plus de voies possibles, afin qu’une mauvaise voie ne mette pas en danger la société entière.

Ce n’est pas vrai. Les modes ont une telle influence sur les processus décisionnel que le mouvement local devient général. Et la mode est si forte que ne pas la suivre vous fait courir un énorme risque, plus grand que celui de suivre la mode. De plus les acteurs économiques ont tendance à singulièrement réduire leur nombre : le fameux : "devenir leader dans son secteur de compétence". Et enfin, il y a des chances que les propriétaires de ces différents acteurs soient propriétaires de tous à la fois, ce qui impose la même culture. Le plus fort gagne, et impose le mouvement d’ensemble.

En l’occurence, délocaliser est un investissement, qui n’est pas dénué de risques. Toutes les entreprises ne le font pas d’un coup. Observer autour de vous : le mouvement de délocalisations a commencé il y a des années (voire des dizaines), et n’est pas encore terminé. Vous appelez ça un mouvement d’ensemble brusque ?


La montée du chômage montre qu’il est trop rapide. Combien de temps dure la transformation du mode de production d’une société ? De formation de ses acteurs ?

Précisement parce que ce n’est pas facile, vous n’aurez d’autre concensus démocratique que ou bien 50.0001% des voix ou bien décider de laisser ça à un "comité d’experts". Concensus démocratique ?


Vous vivez au sein d’un groupe humain et ce qui garantit son maintien est le respect de lois communes. Pour établir ce choix, vous n’avez d’autre choix que d’obtenir ce consensus, et vous y plier. Le comité d’expert est une aide pour ce choix, afin d’analyser les décisions à prendre aussi "rationnellement" que possible. Vous savez, ce n’est rien de plus que le fonctionnement de toute société humaine : les spécialistes (tout le monde n’est pas spécialiste d’un domaine) discutent et débatent, et emportent l’adhésion pour certains d’entre eux du groupe qui travail en ce sens. Avez la moindre autre solution ?

Parlons en de ce dernier, justement ; demandez partout autour de vous : êtes vous prêt à baisser le budget de l’armée au profit de l’éducation ? Vous aurez, j’en suis certain, une grande majorité de oui. Pourtant, ce n’est pas ce que vous semblez défendre par votre "pragatisme stratégique". Ni par votre "indépendance nationale". Ni par nos hommes politiques. Pourquoi donc à votre avis ?


Soyons clair : le débat armée/éducation est un autre que le nôtre et mérite le traitement approprié. Stratégiquement, éducation et armée ont des roles capitaux pour la survie d’un peuple. Un mauvais choix conduit à des problèmes. Vous préféreriez donc qu’on ne fasse pas de choix ? Que chaque citoyen fasse son armée dans son coin, et son éducation ? Pourquoi pas. Que ferez-vous quand un autre peuple, de manière organisée, viendra prendre possession de ce auquel vous tenez ? Vous fuierez ? Avec qui vous organiserez-vous ? Avec qui ferez-vous bloc ?
C’est exactement comme être pacifiste et prôner la destruction de toutes les armes. Si on le fait, ce sera joli, on sera fier de nous. Jusqu’au premier qui en refabriquera et s’appropriera tout.
Q’un peuple s’organise de façon à assurer sa défense est une invariable de l’être humain, et vous serez bien en peine de montrer le contraire. Et cette défense porte sur des sujets aussi divers que l’armée et l’éducation. Quand le groupe doit faire un choix, il va trouver un consensus, par la force, par le vote, mais il le faudra pour que ce groupe garde sa cohésion.
Comment souhaitez-vous faire, à par le vote et la dictature de la majorité pour ces décisions communes ?

C’est vous qui êtes absurde. Sacrifier librememnt quelque chose n’est pas un sacrifice, encore moins un sacrifice de la liberté, c’est un choix (ou, pour être bassement matériel, un coût pour obtenir quelque chose que l’on juge préférable). Ce serait un sacrifice de la liberté si on nous imposait des amis qu’on ne veut pas, une idée du bonheur qui n’est pas la notre.

Prenons le cas d’une dictature militaire. Préférez-vous prendre le risque qu’on torture votre famille, ou tenter une révolution au nom de la liberté et de votre idée du bonheur. Pas si simple.
Moonz, votre "liberté" n’existera pas tant que quiconque sera possible par lui-même de produire tout ce dont il a besoin, et qu’il veut. C’est un vaste programme. Un vaste plan.

Ils le sont justement tant qu’on accepte le mélange de l’économie et de l’état. C’est pour cela que je dis qu’il peut être profitable de sacrifier un peu d’efficacité potentielle de l’interventionnisme en faveur d’une plus grande séparation de l’économie et de l’État : pour porter un rude coup à la connivence entre les deux.


sacrifier "un peu", "efficacité potentielle". Voilà des mots nouveaux, pour vous non ?
Les gens puissants qui auront intérêt à cela feront tout pour que votre proposition ne se produise jamais. Et ils ont infiniment plus de moyens que vous. Le problème est donc dans la différence de moyens entre eux et vous qui conduit à un rapport de force. Et il n’y a pas besoin d’Etat pour avoir ces rapports de force. On évite qu’ils le soient trop, et trop puissants.

En posant comme principe que le gouvernement n’a pas à organiser la société. Que le représentant de la collectivité n’a pas plus de droits que les individus formant cette collectivité

Ce que vous souhaitez est une démocratie plus directe. Quel rapport avec le libéralisme économique ?

Organisez l’État de telle manière que la redistribution est impossible, et vous effacerez du même coup ce risque.


Peuh ! Les "riches" n’ont pas besoin de cela. Ils prennent.

Non, justement. Premièrement, resructurer une grosse industrie ne se fait pas en un claquement de doigts. Deuxièmement, délocaliser, sur le court terme, peut être synonyme d’extension de l’activité (sur le moyen terme, il l’est toujours dans un marché libre). Troisièmement (mais c’est secondaire), mettre toute son activité dans une dictature est un risque non négligeable (instabilité politique)


Ecoutez, on délocalise par mode. Parce que ca rassure les actionnaires, parce que c’est in. Si on ne le fait pas, on ne reçoit pas de capital et les autres dégagent des marges si énormes qu’on se fait écraser. On délocalise donc pour suivre le mouvement, même si on en est pas convaincu. Le
risque, ils le prennent. Ils ne le calculent même pas. Et de toute façon, les propriétaires s’en moquent, dès le petit problème, ils revendent leurs actions. Enfin espèrent les revendre avant les autres.
Ca c’est dans le cas positif où les propriétaires sont les gestionnaires. Si en plus il y a des banques d’investissements en intermédiaire, ils centralisent encore plus la "culture d’entreprise"... C’est encore pire...

Eux ont des comptes à rendre. Ils ont souvents des actions. Plus important, s’ils font de la merde, ils peuvent être révoqués avant de couler complètement la boîte.

Vous êtes de mauvaise foi. Cela est-il possible pour un homme politique ? Oui ! Rien n’empêche de faire voter ces lois. Un homme politique, vous savez, s’il fait vraiment de la merde, sa tête finit au bout d’un pique. Et si les libéraux essayaient d’arrêter d’empêcher l’action publique (par le lobbying, par l’exode fiscal, par les délocalisations, la corruption lors des appels d’offre) peut-être les hommes politiques pourraient agir.
Bon je note malgré tout que vous ne rejetez les systèmes représentatifs que quand ils concernent l’organisation d’un Etat. C’est d’une très grande cohérence. Essayez d’écouter ce que je vous dit : la dilution de la responsabilité est une question d’échelle : c’est fatal : quand c’est gros, quand c’est complexe, vous ne pouvez pas tout connaître et maîtriser, vous devez fatalement élire des représentants. Ceux-ci auront les mêmes principes de fonctionnement. Les règlements seront les mêmes.

Si : si vous devez décider pour la planification de la production du moindre tube de dentifrice, vous passerez plus de temps à voter qu’à vous brosser les dents


Pour choisir librement votre produit, vous devriez visiter tous les magasins du monde et avoir une information exacte sur chacun d’eux, et connaître les marges, les règlements éthiques de toutes les entreprises impliquée dans la chaîne de production et de distribution. Vous devez du coup acheter chacun de vos objets dans des magasins différents en fonction de ce savant calcul. Huuuum. Si vous trouvez encore le temps de vous brosser les dents, vous êtes bon...

L’intérêt personnel est plus fort que le lyrisme nationaliste, et c’est justement pour cela que les gouvernements ont besoin de fermer les frontières :

Les lois au sein d’un groupe s’arrêtent pourtant bien aux frontières, non ?

si ces strucutres de coopération sociale s’arrêtaient naturellement aux frontières, il n’y aurait pas besoin d’inderdire le libre-échange ou de le restreindre autoritairement.

Vousd êtes drôle : vous parlez d’interdire le libre-échange, alors que vous travaillez de toutes vos forces pour ouvrir les frontières. La nature, c’est quoi, à part ce qui existe ? Qu’est-ce qui de tout temps à existé, à part le groupe, la tribu, le clan, la nation ? Qu’est-ce qui naturellement s’est imposé à l’homme à part le fonctionnement en groupe et sa cohésion par le respect du consensus ?
Si l’état naturel de l’homme était votre anarchie, il n’y aurait pas besoin de la construire, de la théoriser, de l’appeler de tous vos voeux.

le second est celui que mettent en place les individus, qui savent "instinctivement" où est leur intérêt.

Vous êtes incohérent. Instinct, ou raison ? Naviguer à vue, pas plus loin que le bout de son nez, ou action cohérente qui s’inscrit dans le long terme ? Il faudrait savoir...

Les individus ont besoin de fer, qu’ils peuvent se procurer soit par leur propre travail, soit par l’échange. Ce dernier est l’essence même de ce que vous appelez "la société" ; limiter l’échange pour le bien de la société, voilà une curieuse philosophie.


Si vous lisiez mes posts, plutôt...

Il faut recommencer tout. Ce n’est pas parce que je peux admettre que la survie est non marchandable et une fin objective que ses moyens le sont.

Et bien on recommence. C’est l’histoire du pays des boulangers et du pays des tailleurs...

Le problème est que vous refusez à constater de rapport de force en dehors de votre sacro-sainte coercition d’état. La coercition de la majorité est moins pire que la coercition d’un seul. Croyez-vous sincèrement que les hommes arrêteront d’essayer de se dominer les uns les autres une fois que votre utopie sera déclarée ?

C’est nier l’essence même de la société.


Bahhhh. Vous êtes de terrible mauvaise foi. Bien sûr que nous serons plus libres si nous n’avons pas besoin de vivre en société ! Le but de la société n’est pas la société en soit (tout le monde s’en fout), mais de procurer un peu de liberté par rapport à la survie ! S’il n’y a plus de besoin de survie, bien sûr qu’il n’y a plus de groupe pour assurer sa survie !

Pas étonnant que vous ayez besoin de l’État pour construire la société, en ce cas. C’est l’interdépendance qui est le ciment social, pas l’autarcie absolue de chacun.

C’est encore mieux. Vous prônez la liberté ou l’esclavagisme de tous par tous ? Il faudrait savoir quels sont vos buts, Moonz. La coercition de l’Etat est encore une fois pas une fin, mais un moyen ! Un moyen d’avancer vers cette autarcie absolue. Si elle est atteinte un jour, nous serons absolument libres, car non contraints par la survie, et alors nous n’aurons plus besoin de subir cette (si "monstrueuse") coercition. Je suis donc obligé de vous aider à comprendre vos propres principes ?

Mais que vous ne semblez pas comprendre, c’est que le but du capitalisme n’est pas d’augmenter les rendements dans une économie statique (ça n’a d’ailleurs aucun sens), mais de s’adapter aux changements afin de maximiser profits et rendements dans un contexte dynamique.

Pour une entreprise en position dominante, n’est-il pas moins coûteux que de contrôler le marché plutôt que de faire du développement ?

De plus, Moonz, le capitalisme n’y arrive pas. Pourquoi aucun capitaliste n’a-t-il construit de réacteur ITER ? De surgénérateur ? Pourquoi aucun n’a-t-il lancé une économie hydrogène (je ne parle pas des timides tentatives subventionnées à mort) ? Pourquoi tout cela ? La réponse est simple : l’investissement est si colossal, il demande une telle reconversion de nos société, le profi est si incalculable, qu’aucune ne fera le premier pas, sauf si une organisation nationale prend le risque et polarise la société dans ces mêmes efforts.
Encore une fois, je ne parle pas du changement de forme d’une brosse à dent. je parle d’un changement de paradigme.



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