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Commentaire de jco4667

sur CPE : contrat premières embûches


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jco4667 (---.---.101.101) 13 février 2006 12:54

Il y a dans le CPE bien plus qu’une simple refonte d’un droit du travail. Il s’agit en fait d’une énième concession aux attentes d’un patronat réactionnaire et enraciné sur une pratique de la négociation sociale datant de la 3ème République. Cela fait trente ans qu’on demande des efforts aux salariés et qu’on fait des cadeaux aux entreprises sans que jamais il n’ait été prouvé que ça ait amélioré la situation de l’emploi dans ce pays. Sot serait celui qui imagine que le sous-emploi est lié aux contraintes imposées à l’employeur en cas de licenciement. Si le CPE a un jour un impact sur les chiffres du chômage (au grand bénéfice des candidats UMP 2007), il ne sera que conjoncturel, dû pour l’essentiel aux avantages fiscaux liés au contrat. Attendons nous à une vague de CPE en fin d’avantages fiscaux dans les années à venir. Ce contrat est dangereux car, en admettant même qu’il puisse servir l’emploi, il n’est pas entouré des gardes-fous et autres mesures d’encadrement qui témoigneraient d’une conception en faveur des intéressés et éviteraient toute dérive. J’entend par là :

1/ Si les boites souffrent de la contrainte sur le licenciement, pourquoi assortir le CPE, sensé combattre ce fléau national, d’une mesure d’allègement des charges patronales ? Il existe bien d’autres contrat les garantissant d’ores et déjà. N’est-ce pas un peu l’histoire du beurre, de l’argent du beurre et du c... de la fermière ?

2/ Pourquoi dans ce cas ne pas faire bénéficier les salariés en CPE d’un allègement des charges ...salariales (gros mot, inexistant dans le champ lexical de l’économie et de l’emploi) pour compenser ce qu’ils perdraient en précarité ?

3/ Pourquoi autoriser la succession de plusieurs CPE quand il s’agit d’offrir aux jeunes un « tremplin » ? Deux ans de tremplin semblent bien suffisants...

4/ Pourquoi ne pas accorder au salarié les mêmes droits qu’à l’employeur en termes de flexibilité ? Pouvant être remerciés du jour au lendemain sans justification, il semblerait cohérent tout du moins que les salariés puissent remercier leur employeur dans les mêmes conditions sans perdre leurs droits à une indemnisation.

5/ Où est-il inscrit dans la loi que les salariés en CPE doivent être considérés comme des salariés en CDI pour tout octroi de prêt bancaire et dans le cadre de l’obtention d’un logement. Quelles sont les mesures coercitives inscrites dans les textes stipulant les risques encourus par les institutions ne se respectant pas la loi ? (oui, je sais, la fédération des banques a promis... mdr).

Voilà, en vrac, pourquoi je pense que le CPE (et le CNE c’est pareil), ne sont que des gages, empreints de l’idéologie la plus néolibérale possible, donnés au patronat par ce gouvernement. Ces gages commencent à avoir un caractère cumulatif et, plus inquiétant, assez autoritaire pour le moins quand une pareille mesure passe en 49.3 (il y en aura d’autres) au mépris affiché et assumé d’une partie non négligeable de l’opinion. Tout le discours lié au bienfait de cette mesure est ridiculisé par les modalités de son application.

Le fait que l’opposition ait été incapable d’initier, organiser et soutenir le débat n’arrange rien et ne fait que témoigner soit de l’impérétie de ladite opposition engluée dans ses enjeux électoraux à venir, soit de sa totale innocuité dans la gouvernance française, faute de contrepouvoirs et de respect par le gouvernement actuel de tout ou partie de l’opinion du peuple qu’il dirige...

Entre le durcissement de l’attitude du gouvernement vis à vis des chômeurs (notamment l’abandon du critère rémunération dans les offres auxquelles le chômeur se doit de répondre), la création du CPE et du CNE, la politique de fonds de pension et les réformes à venir sur les retraites, la remise en cause des 35 heures pour légaliser tranquillement l’usage abusif des heures supplémentaires, tout est fait pour mettre le salarié (bonne vache à lait contrôlable) dans un rapport de force extrêmement défavorable vis à vis du marché du travail. C’est une politique à courte vue. Sur le long terme, ce sont ces salariés qui font vivre l’économie nationale car ce sont eux qui consomment, font des enfant, et consomment encore plus pour leur assurer un avenir. Si on leur détruit cet avenir, il n’est pas dit qu’ils continuent à consommer...


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