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Commentaire de Courouve

sur Dieudonné : une atteinte ambulante à l'ordre public


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Senatus populusque (Courouve) Courouve 24 mars 2009 16:12

La vérité des propos n’est pas le critère qui donne droit à la libre expression. C’est inversement par le débat contradictoire que se fait jour ce que l’on pourra appeler "vérité".

Diderot : « Ce qu’on n’a jamais mis en question n’a point été prouvé. Ce qu’on n’a point examiné sans prévention n’a jamais été bien examiné. Le scepticisme est donc le premier pas vers la vérité. Il doit être général, car il en est la pierre de touche. Si, pour s’assurer de l’existence de Dieu, le philosophe [Descartes] commence par en douter, y a-t-il quelque proposition qui puisse se soustraire à cette épreuve ? » Denis Diderot, Pensées philosophiques, 1746, XXXI.

Kant : « La raison dans toutes ses entreprises doit se soumettre à la critique, et elle ne peut par aucune défense porter atteinte à la liberté de cette dernière sans se nuire à elle-même et sans s’attirer des soupçons qui lui font tort. Il n’y a rien de si important, au point de vue de l’utilité, rien de si sacré qui puisse se soustraire à cet examen approfondi et rigoureux, qui ne s’arrête devant aucune considération de personne. C’est même sur cette liberté [de la critique] que repose l’existence de la raison ; celle-ci n’a pas d’autorité dictatoriale mais sa décision n’est toujours que l’accord de libres citoyens, dont chacun doit pouvoir exprimer sans obstacles ses réserves et même son veto » Immanuel Kant, Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, I, deuxième section, traduction Alexandre Delamarre et François Marty, Paris : Gallimard, 1980. 

Constant : « Écarter par le dédain ou comprimer par la violence les opinions qu’on croit dangereuses, ce n’est que suspendre momentanément leurs conséquences présentes, et c’est doubler leur influence à venir. Il ne faut pas se laisser tromper par le silence, ni le prendre pour l’assentiment. Aussi longtemps que la raison n’est pas convaincue, l’erreur est prête à reparaître au premier événement qui la déchaîne ; elle tire alors avantage de l’oppression même qu’elle a éprouvée. L’on aura beau faire, la pensée seule peut combattre la pensée. Le raisonnement seul peut rectifier le raisonnement. Lorsque la puissance le repousse, ce n’est pas uniquement contre la vérité qu’elle échoue ; elle échoue aussi contre l’erreur. On ne désarme l’erreur qu’en la réfutant. » Benjamin Constant, Écrits politiques [1818].

 


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