Une belle quenelle aux « faux révolutionnaires », mais ce sera une autre affaire que de nous l’enfiler... La liste Dieudo est dénoncée par pratiquement toutes les organisations pro-palestiniennes. Je vous donne à lire celle-ci, pour commencer, qui constituait le fond de l’article (refusé) que j’ai proposé à Avox. Bonne lecture....
Houria Bouteldja dénonce le rapprochement de Dieudonné avec l’extrême-droite
par Rédaction
Nous
avons longtemps espéré un sursaut de lucidité de la part de Dieudonné.
Nous nous sommes abstenus jusque-là de dénoncer ses errements
politiques. Nous l’avons défendu lorsqu’il était la cible d’attaques
injustes et nous avons même gardé le silence les nombreuses fois où il
a fourni de formidables prétextes à tous ceux qui voulaient sa peau -
et la nôtre, par la même occasion.
Nous n’avons pas non plus hésité à discuter avec lui, à le mettre en
garde contre les conséquences gravissimes de ses prises de positions
pour ce que nous pensions être nos causes communes, l’antiracisme et
l’anticolonialisme (dont l’antisionisme est aujourd’hui une composante
majeure). Catastrophés, nous l’avons vu, à chaque fois qu’il était
l’objet d’une nouvelle campagne médiatique, glisser, déraper, aller
toujours plus loin dans l’aberration politique.
Piégé par ses propres délires, par les
encouragements de ses « conseillers », pseudo-antisionistes, et par
l’hostilité que lui ont manifesté la plupart des forces politiques en
France, Dieudonné a franchi un cap décisif, peut-être irrémédiable, en
s’alliant dans le cadre d’une liste dite antisioniste avec des
personnalités douteuses dont certaines sont directement issues de
l’extrême-droite raciste.
Nous nous en serions probablement moins
souciés si Dieudonné ne bénéficiait d’une surexposition médiatique,
entretenue à dessein par nos adversaires pour stigmatiser à travers lui
l’ensemble des communautés noires, arabes et musulmanes. Mais le plus
grave est que le débat nécessaire sur le sionisme et la politique
européenne (et française) vis-à-vis de l’Etat d’Israël a été ainsi
occulté par une polémique sur la personnalité et le rôle de Dieudonné.
Qu’on ne nous dise pas que Dieudonné
est un humoriste ou qu’il subvertit la politique en transgressant les
lignes rouges. Le message qu’il communique aux nôtres à travers ses
prises de position politiques est extrêmement dangeureux :
l’extrême-droite est une « victime » du système politique,
l’extrême-droite est antisioniste, l’extrême-droite est nationaliste
tout comme nous, l’extrême-droite est donc notre alliée « naturelle ».
Rien n’est plus faux ! L’extrême-droite n’est pas une « victime » du
système politique, elle en est le produit ; elle constitue la tendance
la plus dure du racisme français ; l’extrême droite n’est pas
antisioniste (certains de ses courants sont pro-sionistes par haine des
Arabes, d’autres se déclarent solidaires du peuple palestinien par
haine des juifs en tant que juifs) ; quant au nationalisme de
l’extrême-droite, c’est un nationalisme parfaitement impérialiste,
colonialiste et raciste qui n’a rien à voir avec notre lutte pour la
libération nationale des peuples opprimés.
En s’alliant avec l’extrême-droite,
quel que soit le visage qu’elle se donne, Dieudonné et ses semblables
(« la banlieue s’exprime », Kemi Seba, Centre Zahra, etc....) effacent sans scrupules plus de quarante ans de lutte de l’immigration contre l’extrême-droite ;
ils insultent la mémoire de tous ceux qui se sont battus contre le
colonialisme. Que Dieudonné en soit conscient ou non, il fait ainsi le
jeu du sionisme qu’il prétend combattre.
Ça, nous ne pouvons le tolérer. C’est
ce qu’a exprimé de la manière la plus claire la porte-parole du MIR,
Houria Bouteldja, dans le discours qu’elle a prononcé le 8 mai dernier,
à l’occasion de la Marche des indigènes : « Nous ne
pouvons pas, nous n’avons pas le droit de nous allier à des forces
racistes, colonialistes et prétendument antisionistes ! Les ennemis de
nos ennemis ne sont pas forcément nos amis ! Le combat antisioniste, le
combat de Azzedine Elqassam, de Arafat, de Georges Habbache, de cheikh
Yassine (Allah yarhamhom !), le combat anticolonialiste et antiraciste
de Mandela, Fanon, Césaire, Malcolm X, Angela Davis, Sankara, Lumumba
et bien d’autres est beaucoup trop précieux pour le corrompre
aujourd’hui avec une extrême droite française toujours fière d’avoir
torturé en Algérie ; une extrême droite qui a organisé des ratonnades
contre les arabes et les noirs ; une extrême droite qui dénonce
l’islamisation de la France, qui exige toujours plus de répression
contre l’immigration et dans nos quartiers, qui justifie la chasse aux
sans papiers. Une extrême droite qui, au nom du patriotisme, rêve de
faire de nous les nouveaux tirailleurs de l’impérialisme
bleu/blanc/rouge. Nous n’avons aucun intérêt commun avec ces
gens-là !!! Une alliance, même tactique, avec eux, est d’abord une
grave erreur politique et un piège que nous tendent nos adversaires :
elle nous détourne de nos vrais combats ; elle nous engage dans des
polémiques médiatiques qui ne sont pas les nôtres ; elle contribue à
semer la confusion, à obscurcir les vrais enjeux de nos luttes, à nous
faire dévier de nos véritables objectifs ! Mais une telle alliance,
c’est plus qu’une erreur, c’est une faute ! Oui, c’est une faute ! Une
faute morale, un non sens historique. Nos seuls guides sont nos
martyrs, nos valeurs, notre foi et notre profond anticolonialisme. Nos
seuls alliés sont ceux qui les défendent. »