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Commentaire de NICOPOL

sur L'intolérable mépris de la jeunesse


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NICOPOL NICOPOL 3 juillet 2009 12:33

Bonjour,

A vous lire, le sondage a l’air bien foireux, la pertinence des commentaires et l’interprétation que l’on peut en proposer sont donc assez limités...

Quelques observations néanmoins :

Le « jeunisme » :

Clairement, pour moi, le « jeunisme », c’est aller systématiquement dans le sens de ce que demandent les « jeunes », parce que allez dans le sens contraire ou ne pas bouger serait taxé de « conservateur » ou « rétrograde ». C’est une forme de populisme très perverse, et en plus stupide, parce que par définition un jeune est jeune, c’est à dire qu’il a une expérience de la vie encore rudimentaire et n’est certainement pas le mieux placé pour prendre les bonnes décisions, en ce qui le concerne et en ce qui concerne le reste du monde. Par exemple, demander aux lycéens ce qu’il leur semble bon pour leur propre éducation ou quelle politique français en Afghanistan me paraît du dernier des ridicules. Autant ne donner à un enfant que ce qu’il a envie de manger ou qui il veut comme Ministre des Finances...

Mais le plus pervers là-dedans, c’est le fait que des « vieux » décideurs suivent les jeunes dans le sens du poil non seulement pour l’intérêt immédiat que ça peut avoir (électeurs, paix sociale...), mais pour ne pas s’attirer la réprobation des autres « vieux » (les autres décideurs, les médias, les intellectuels...). C’est donc à la fois opportuniste et lâche.

Bref, le « jeunisme », c’est la démission des « vieux » qui n’osent plus transmettre leurs valeurs à leurs propres enfants. Sûrement parce que, malheureusement, ils n’ont eux-mêmes plus de valeurs depuis bien longtemps... Montrez-moi vos enfants et je vous dirais qui vous êtes...

Les aspirations des jeunes :

Ce n’est pas si désespérant que ça, finalement.

Se marier, avoir des enfants, s’adapter au monde qui les entoure, leur paraît suffisant pour « être heureux ». Effectivement ça paraît peu ambitieux : « d’ailleurs, nos jeunes ne font pas mystère de leur grande ambition : »fonder une famille« (12%), avant même d’être »heureux en amour« (11%). Il n’y a qu’une chose pire que le cynisme, c’est le cynisme bête et heureux ».

De même vous écrivez : "Car l’article fait figurer une autre statistique, et à bien y réfléchir il s’agit peut-être de la plus effrayante : sur nos trois cents jeunes, 89 % se sont déclarés « heureux » contre 10 % « plutôt malheureux » et 1 % "très malheureux". La question étant alors de savoir dans quelle mesure ce « bonheur » les conduit à l’acceptation de leur propre situation, pourtant inacceptable. La Bible n’avait pas tort : « Heureux les simples d’esprit ». « 

Si je vous suis bien, souhaiter trouver un bonheur modeste mais réel au sein d’une famille heureuse, ça vous paraît effrayant, cynique, bête et simple d’esprit. Vous semblez donc mépriser ceux qui n’ont pas de grands idéaux, ne souhaitent pas changer le monde, se battre pour une »noble cause« , mais aspirent au contraire à une sérénité »domestique« . Mais n’est-ce pas au contraire l’indice d’un retour à une certaine »sagesse grecque« , après les égarements idéologiques et révolutionnaires d’une génération qui, en voulant changer le monde et accomplir de grands desseins, nous a donné Hitler, Staline, Pol Pot et Che Guevarra ? Le retour à une sagesse antique qui ne se méfiait jamais tant que de la »démesure« et des »passions« , après les excès mégalomaniaques d’une génération jouissive qui, en voulant s’enrichir et posséder toujours plus, nous a donné des J2M et des Bernard Maddof ?

Effectivement, le revers de la médaille, c’est un désinvestissement de la gestion de la Citée, une mise en retrait du système démocratique ( »qu’ils décident ce qu’ils veulent, je me démerde de toute façon« ), un affaiblissement certain de la solidarité. Mais ce bonheur domestique, à l’écart du bordel révolutionnaire et financier que la génération de nos parents nous ont laissé, auquel aspirent les »jeunes« aujourd’hui, me paraît un »retour de balancier« nécessaire pour, peut-être, que s’installe un nouveau climat »citoyen« , plus responsable, plus respectueux, plus durable ; en tout cas je me retrouve davantage dans ces aspirations que chez ces autres »jeunes« qui appellent à »l’insurrection« , ou qui sont prêts à tout pour »se faire de la tune" et s’acheter des vêtements de marque et rouler en BMW...


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