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Commentaire de Daniel Bainville-Latour

sur Une situation plus grave que la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962


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Daniel Bainville-Latour (---.---.130.53) 19 février 2006 00:13

Nul ne saurait raisonnablement contester que la situation au Proche Orient soit sérieuse, pas plus que nul ne peut préjuger les décisions que peuvent prendre les boute-feux qui sont à Washington.

Il parait toutefois qu’en ce qui concerne le très court terme :

- exiger du Hamas qu’il modifie sa ligne et prenne des engagements fermes de renoncer au terrorisme et de reconnaitre Israël n’a aucun sens tant que ne sont pas intervenues les élections israëliennes : supposons que la Hamas se soumette et que les élections renforcent les faucons en israël...La balle est donc en réalité dans le camp israëlien.

- Quant au terrorisme, il doit être vu, sur le plan militaire, comme la stratégie du faible au fort : à quoi servent les 200 ogives nucléaires que l’on prête à Israël ? Se référer à Mao Tse Toung : la guérilla « terroriste », pratiquant une action sociale au sein de la population ( du « peuple » ) reçoit le soutien et l’adhésion de celui-ci. C’est ce qui vient de se produire lors des élections.

Ce processus a bien fonctionné dès lors que les Palestiniens ont pris conscience de vivre sous l’oppression ( l’oppression israëlienne prenant , en la circonstance, la place de l’oppression de classe).

Israël , qui se veut une démocratie à l’occidentale, se trouve donc au pied du mur . Si une majorité modérée nait des élections et montre sincèrement son désir de vivre en paix et en coopération avec ses voisins et tôt ou tard le Hamas devra s’assouplir.

Si par contre, les faucons triomphent, leur marge de manoeuvre sera étroite. A supposer qu’ils multiplient les pressions sur les Palestiniens, ils vont très rapidement se heurter à la communauté internationale, qui , Hamas ou pas, ne pourra longtemps tolérer que les Palestiniens soient privés des recettes financières qui leur reviennent et soient étouffés par un blocus.

Quant aux Iraniens, jouent-ils l’escalade ? Si tel est le cas, ils adoptent une stratégie du faible au fort, eux aussi. Les experts s’accordent à considérer que l’Iran aura besoin d’un délai significatif avant de posséder un nucléaire militaire opérationnel crédible. Certes, une action « préventive » est toujours possible mais elle apparaîtra rapidement comme une agression inutile.

Quant à l’invasion du pays, les brillants résultats de la campagne d’Irak montrent les limites de cette éventualité. Outre que les Chiites irakiens pourraient se soulever, l’Iran est un pays montagneux qu’il est difficile de tenir. Pour l’instant, c’est d’ailleurs l’Iran qui exerce une pression sur la présence britannique et danoise dans le sud-ouest irakien, qui dispose d’une arme économico-financière avec l’adoption de l’euro dans ses transactions pétrolières, et qui peut rendre impraticable le détroit d’Ormouz.

La réalité est que l’évolution de la situation au Moyen-Orient vérifie la thèse d’Emmanuel Todd sur la décomposition de l’empire américain, dont témoigne parallèlement l’évolution de l’Amérique du Sud. Autre indice caractéristique, les chefs militaires et stratèges étatsuniens se montrent fort silencieux.

Certes, cette évolution peut inciter G.Bush et ses faucons au pire, aux fins de l’enrayer et de se rétablir. On se référera à l’ère Brejnev en d’autres temps et l’on peut admettre que la situation est grave de ce fait.

Ce qui renvoie la société israëlienne à ses responsabilités.L’allumette est à Jérusalem. C’est bien ce qu’avait compris Sharon, pourtant faucon, s’il en est.


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