@Mohamed Pascal Hilout,
S’agissant du financement des lieux de
cultes via l’alibi culturel, je ne peux qu’être d’accord avec vous
puisque ce financement participe bien évidemment d’une politique
gallicane (le financement étant un moyen de pression idéal pour influer
sur le choix des imams, entre autres). Mais tout comme il faut dénoncer
l’usage frauduleux des baux emphytéotiques, il est nécessaire de faire
mettre un terme aux recours abusifs du droit de préemption par
certaines municipalités (pour ceux qui ne le sauraient pas, certains
maires n’hésitent pas à user de leurs prérogatives pour empêcher la
construction d’une mosquée sur leur commune en achetant le terrain sur
lequel allait être bâtie ladite mosquée).
Mais pour revenir au
sujet colonial, je l’ai surtout évoqué pour mettre en évidence à quels
extrêmes conduit votre raisonnement à propos de l’histoire de l’Islam.
À essentialiser les aspects négatifs d’une religion (ou d’un modèle
politique), on se place d’emblée dans un processus de disqualification
et non dans une démarche de compréhension. Ce que vous dites de
l’Islam, on peut également le dire de la République, laquelle n’a pu
survivre et prospérer que par l’appel au soldat et la conquête
territoriale [1]. Or, on sait que ni l’histoire de la religion
musulmane ni celle du régime républicain ne peuvent être résumées par
ces seuls faits.
Enfin, une dernière remarque. Vous me dites « ne
voyez plus dans vos concitoyens musulmans uniquement des personnes à
défendre ou bien à assister : à la longue, c’est dégradant. ».
Pour ma part, je n’ai jamais tenu un autre discours que celui-là. Ce
qui me conduit notamment à considérer qu’une femme musulmane portant le
voile et revendiquant ce choix n’est pas nécessairement une victime
qu’il faut protéger, quand vous postulez en revanche que cette dernière
est obligatoirement atteinte d’une maladie mentale… De nous deux, je
pense donc sincèrement ne pas être celui qui joue le jeu de la
victimisation des musulman.e.s.
[1]À propos du rapport de la
République à la conquête territoriale, voir l’étude monumentale de
Albert Sorel, « L’Europe et la Révolution française », et pour
l’histoire coloniale en particulier, voir l’ouvrage de Hubert
Deschamps, « Méthodes et Doctrines coloniales de la France. »