@Pigeon
La publication de l’ouvrage exceptionnel du philosophe algérien
Mohamed Arkoun, intitulé Histoire de l’Islam en France, a suscité
l’intérêt des critiques littéraires parisiens qui ne tarissent pas de
remarques et de débats autour de cet ouvrage encyclopédique hors du
commun. Ainsi, selon l’APS, le gotha de la critique des bords de la
Seine s’accorde à souligner que l’ouvrage est « la boîte à outils que
l’on n’osait plus espérer pour rectifier les images, les mythes et les
stéréotypes qui ont voulu fausser la grandeur de la civilisation
musulmane ».
Sous la direction du philosophe Mohamed Arkoun, professeur émérite
de l’Université de Paris (Sorbonne) et professeur associé de plusieurs
universités européennes et américaines, environ 75 historiens et
écrivains ont contribué à cette encyclopédie qui vient de paraître aux
éditions Albin Michel. Ses 1 217 pages, habillées de 350 illustrations
et de 2 cahiers couleur de 16 pages, font défiler une trame analytique
en quatre phases, depuis l’époque médiévale à aujourd’hui, remettant en
cause nombre de mythes ancrés dans l’imaginaire occidental, dont celui
de la bataille de Poitiers qui, en 732, avait opposé les conquérants
musulmans à l’armée du Franc Charles Martel.
Avant cet ouvrage encyclopédique, « les bibliothèques croulent sous
les études partielles qui, des invasions arabes à celle des Turcs, des
croisades aux guerres coloniales, des Lumières à l’expédition
égyptienne de Bonaparte et aux orientalismes, ont forgé une image
souvent faussée ou tronquée de l’Islam », souligne une critique citant
l’éditeur Jean Mouttapa qui estime que « la France n’a que des mémoires
particulières de l’Islam, celles que restituent les empoignades sur
l’immigration ou la polémique, les présumés bienfaits de la
colonisation ».
L’ouvrage, enrichi par une série de contrepoints de notamment, Jean
Lacouture, est préfacé par l’historien Jacques Le Goff qui note que
l’histoire de l’Islam en France est « avant tout dominée par une
contradiction : malgré une hostilité souvent très vive des Français à
l’égard des musulmans, la France a fait du Moyen-Age à nos jours des
emprunts culturels et humains à l’Islam qui ont enrichi et continuent
d’enrichir sa vie sociale et intellectuelle ». « Pendant cinq siècles au
moins, entre le 8ème et le 13ème siècle, les pays de l’Islam produiront
les plus extraordinaires avancées de la recherche scientifique, en
algèbre, en optique, en physique, en géométrie, en mécanique, en
astronomie et en médecine », rappelle une autre critique de presse.
Elle ajoute que « malheureusement, toute cette effloraison de la
connaissance et des écoles de pensée critique va progressivement subir
des rétrécissements, des régressions et des disparitions, jusqu’en
1406, date de la mort d’Ibn Khaldun, l’auteur des Prolégomènes (la
Muqaddima, introduction à l’histoire universelle) ».Au-delà de toutes
les critiques, l’ouvrage transcende en fait l’aspect purement
évènementiel de la pénétration de l’Islam en France pour offrir au
lecteur une analyse critique « sur tout ce qui s’est passé ». Par cette
encyclopédie, le Pr Akroun a souhaité que l’ouvrage puisse contribuer à
la formation d’une « conscience civique » en France où l’Islam est la
seconde religion avec près de 5,5 millions de musulmans.
Dès lors, pour Mohamed Arkoun, « le fil directeur n’est pas seulement
de rappeler des faits ou des personnages mais de raconter une histoire
psychologique et culturelle des relations entre la France et l’Islam ».